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Un espoir retrouvé pour des enfants non accompagnés en France qui rejoignent l'Angleterre

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Un espoir retrouvé pour des enfants non accompagnés en France qui rejoignent l'Angleterre

Après de longues démarches administratives, des enfants non accompagnés afghans et kurdes irakiens réalisent leur rêve et sont transférés du nord de la France au Royaume Uni.
24 Novembre 2017
Des enfants non accompagnés quittent la France pour rejoindre leur famille en Angleterre
Des enfants non accompagnés dansent sur une chanson afghane traditionnelle pour dire au revoir aux quatre adolescents non accompagnés qui vont rejoindre des membres de leur famille en Angleterre, le 14 septembre 2017, et y demander l'asile.

Département du Nord – Dans l’un des appartements d’un parc de loisirs dans l'Avesnois, à près de 120 kilomètres de Lille, des adolescents se retrouvent dans une cuisine pour concocter un plat de viande hachée et de pâtes, sur fond de musique traditionnelle afghane.

Malgré le cadre paisible, au bord d’un lac, ces 27 mineurs afghans et kurdes irakiens sont en abri d’urgence jusqu’à ce qu’ils soient intégrés au système de protection de l’enfance en France ou transférés en Angleterre, un rêve commun.

« Du matin au soir, je ne fais qu’imaginer mon arrivée en Angleterre, » confie Adullah, âgé de 16 ans, qui va au Royaume-Uni en vertu de l’Amendement Dubs. Cette disposition anglaise, votée en 2016, permet à des mineurs en danger d'être transférés au Royaume Uni, même s’ils n’y ont pas de proches, afin d'y demander l'asile.

« Je m’imagine aller à l’école, obtenir des documents d’identité, avoir une vraie vie et m’y installer pour toujours, » souligne l’adolescent, qui n’a pourtant jamais vécu en Angleterre.

Dans sa province natale de Baghlân, en Afghanistan, les seules écoles auxquelles il avait accès étaient tenues par les Talibans. « Il fallait collaborer avec eux ou ne pas aller à l’école, » dit-il, en Dari. Adullah a choisi de travailler avec son père dans la construction.

« Je m’imagine aller à l’école, obtenir des documents d’identité, avoir une vraie vie et m’y installer pour toujours. »

Dans la piscine du centre de vacances, Adullah et ses compagnons de route redeviennent des enfants, après les terribles épreuves qu'ils ont affrontées sur le chemin de la France. Les garçons s’amusent à se jeter de l’eau à la figure, sous le regard vigilant d'éducateurs. Ils travaillent pour une association caritative française qui accompagne les enfants dans leurs démarches administratives en tant que représentant légal et s'occupe d'eux depuis avril 2017.

« Ils nous donnent une leçon de vie car ils sont joyeux, respectueux et rendent service mais, en même temps, tout est contre eux, » dit Véronique, coordinatrice de cette organisation.

Les défis sont nombreux pour les associations locales et l’équipe en France du HCR qui aident les enfants non accompagnés ou séparés de leur famille. Leur nombre est passé de 4 000 en 2012 à 16 000 en 2016. Les centres d’accueil sont saturés et les délais d’attente, durant lesquels les mineurs ne sont pas pris en charge, sont importants.

« Il n’y a rien de pire que de voir des mineurs se mettre en danger alors qu’ils pourraient retrouver un membre de leur famille légalement, » dit Sadaf Soofi, une associée de protection du HCR. Elle a identifié les 27 mineurs et les a redirigé vers les structures adéquates.

« Au-delà d’une voie légale d’accès à un droit, la réunification familiale est aussi une protection qui permet de réduire les risques que les enfants prennent inutilement, » souligne-t-elle.

« Il n’y a rien de pire que de voir des mineurs se mettre en danger alors qu’ils pourraient retrouver un membre de leur famille légalement. »

Assis sur un lit, une casquette noire sur la tête, Azlan, âgé de 13 ans, confie qu’il n’aurait jamais soupçonné que son voyage d’Afghanistan à la France serait aussi éprouvant. Il a laissé sa ville natale de Kaboul pour marcher jusqu’au Pakistan, traverser l’Iran puis arriver à Paris.

Azlan ne sait ni lire ni écrire, et c’est pourtant Facebook qui lui permet de retrouver son frère, Jawad, réfugié en Angleterre, et d’entamer une procédure de réunification familiale avec l’aide du HCR. Après des échanges de photos pour confirmer leur identité, ils se sont appelés au téléphone et se sont mis à pleurer, de joie.

Un modèle pour Azlan, Jawad fait des études de langues au Harrow College à Londres.

Le moment du départ arrivé, les adolescents se mettent en rond, sur le parking du centre, et entament une danse traditionnelle afghane, « attan », qui signifie « ensemble » en Dari, pour saluer les quatre jeunes qui vont en Angleterre. Ils ont peu de bagages mais plein d'espoirs.

La vie a joué un drôle de tour à Azlan. Il se dirige vers la gare de Lille où, quelques mois auparavant, il dormait pour se protéger du froid. Alors qu'il s’apprête à passer sous l’Eurostar, le jeune afghan se remémore les nombreuses fois où il a risqué sa vie pour rejoindre l’Angleterre, à pied, sous ce même tunnel.

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