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A travers les mailles du filet, l'avenir des rapatriés burundais

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A travers les mailles du filet, l'avenir des rapatriés burundais

Dans le cadre d'un projet innovant pour aider à la réintégration des rapatriés burundais, l'UNHCR a fourni le capital de départ pour des communautés de pêcheurs du lac Tanganyika, leur permettant ainsi d'améliorer leurs conditions de vie et leur nourriture. Une fois remboursé, l'argent sera à nouveau investi dans d'autres projets pour aider les rapatriés et leurs voisins.
22 Août 2005
Sur la rive burundaise du lac Tanganyika, des pêcheurs (appartenant à l'équipage de deux embarcations qui déploient entre elles un filet) dans leur nouveau bateau financé par l'UNHCR.

RUMONGE, Burundi, 22 août (UNHCR) - Né sur les rives du Lac Tanganyika, au Burundi, Léon Salomon Nimfasha a toujours aimé la pêche.

Sa passion pour ce métier qu'il a choisi était si forte qu'après les sept années passées dans un camp de réfugiés en Tanzanie, il est rentré chez lui et a continué de jeter ses filets pour subvenir aux besoins de sa famille.

Et grâce au capital de départ de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, lui et les autres pêcheurs ont maintenant trois nouveaux bateaux, des lampes et des filets pour améliorer leur pêche.

« C'était difficile de trouver un financement individuel », dit Nimfasha, 39 ans, qui avait dû se débrouiller tout seul depuis que lui, sa femme et leurs cinq enfants étaient rentrés chez eux en 2003. Mais grâce à l'aide de l'UNHCR pour la mise en place de la coopérative à laquelle il appartient, « je suis vraiment content. Ma famille vit mieux ainsi que la communauté toute entière. »

Nimshafa est l'un des bénéficiaires d'un projet innovant mis en place par l'UNHCR dans le sud du Burundi qui accorde des prêts, et non pas des subventions, aux associations formées volontairement par les pêcheurs du Lac Tanganyika eux-mêmes, aussi bien des hommes que des femmes. C'est l'un des projets de réintégration destiné à l'acceptation des rapatriés dans leurs communautés d'origine et leur permettre de subvenir aux besoins de leurs familles. A Rumonge uniquement, la ville natale de Nimshafa, 14 000 réfugiés sont rentrés d'exil depuis la Tanzanie ces dernières années.

Sous le strict contrôle d'Anas Roudies, chargé de la réintégration pour l'UNHCR, les bénéficiaires ont dû présenter de projets économiques solides avant d'être retenus pour recevoir cette aide. Ils se sont engagés à rembourser le coût de l'équipement de pêche dans un temps limité, le plus souvent en un an ; l'année suivante, l'argent revient à la communauté pour financer de nouveaux projets.

« L'idée est de les responsabiliser pour leur avenir, au lieu de seulement compter sur nous (l'UNHCR) pour leur donner de l'argent », explique Anas Roudies, déjà expérimenté dans la gestion économique et l'administration de projets.

Actuellement, cinq groupes de pêcheurs se sont vus attribuer un « kit d'équipement » qui comprend un bateau de patrouille à moteur pour se protéger des pirates sur le lac Tanganyika et de deux bateaux de pêche qui étendent un filet entre eux. Comme la pêche a lieu de nuit, des lampes spéciales font également partie de l'équipement. Les bateaux sont fabriqués dans des chantiers locaux, comme l'un d'entre eux à Rumonge, ce qui crée des opportunités d'emploi pour d'autres ouvriers.

Anas Roudies s'est montré très satisfait de voir son idée acceptée par la communauté des pêcheurs. « Ils doivent rembourser l'argent, donc ils sont devenus plus responsables et beaucoup plus stricts entre eux », dit-il. « Une association a déjà remplacé son président qu'ils ne considéraient pas assez entreprenant. »

Le projet, lancé en juin à l'approche de la haute saison de pêche, a été mis en place comme projet pilote. Mais il a déjà tellement de succès que l'UNHCR va fournir 10 nouveaux « kits d'équipement » d'ici la fin du mois pour permettre à une plus grand nombre de pêcheurs de travailler sur le lac (le deuxième lac le plus profond au monde et d'une extraordinaire ressource en poissons).

Entre autres projets de réintégration, l'UNHCR réhabilite des écoles et offre des chèvres aux associations de femmes pour améliorer la production agricole saisonnière et permettre à celles-ci d'accroître leurs revenus quand elles vendent leurs chèvres à profit.

« Nous essayons d'aider les communautés dans leur ensemble, ainsi les personnes qui n'ont jamais quitté leur patrie ne jalousent pas les rapatriés », explique Anas Roudies. C'est payant, affirme Nimfasha le pêcheur. « Cela contribue à une bonne coexistence », dit-il avec le sourire.

Chaque revenu gagné en vendant le produit de la pêche permet de rembourser l'emprunt. Mais, de façon à qu'ils ne se retrouvent pas totalement démunis, les membres peuvent faire un bénéfice : un certain pourcentage sur chaque prise, habituellement les petits poissons qui ne se vendent pas bien, est donné à chaque membre.

« Ma famille mange mieux maintenant, grâce aux poissons que nous prenons », dit Joséphine Nzobonimpa, membre de l'une des associations et mère de neuf enfants qui explique que la ferme de son mari suffisait juste à nourrir la famille.

La communauté de pêcheurs voit maintenant plus loin. Ils pourraient gagner cinq fois plus d'argent en transportant le produit de leur pêche avec un camion réfrigéré vers la capitale, Bujumbura pour le vendre, au lieu d'être obligés d'accepter le prix proposé par les acheteurs de la ville. D'autre part, ils aimeraient aussi sécher et fumer le poisson pour le transformer en produit plus durable. De tels rêves deviendront réalité, comme le leur a expliqué Anas Roudies lors d'une réunion, s'ils continuent à travailler ensemble main dans la main.

Sur la rive burundaise du lac Tanganyika, des pêcheurs (appartenant à l'équipage de deux embarcations qui déploient entre elles un filet) dans leur nouveau bateau financé par l'UNHCR.

Et Nimfasha le pêcheur réfléchit déjà à long terme. « Si l'association prospère, mes enfants en tireront bénéfice car ils pourront hériter de ma place dans l'association », dit-il avec conviction.

Par Kitty McKinsey à Rumonge, Burundi