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Titouan Lamazou s'engage avec Lysistrata contre les violences sexuelles en RDC

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Titouan Lamazou s'engage avec Lysistrata contre les violences sexuelles en RDC

4 Août 2010
L'AMAVES « Association des Mamans vendeuses de souliers » accueille l'organisation Lysistrata à Butembo, en RDC.

Paris, France, 4 août (HCR) - Le travail de terrain de l'ONG Lysistrata a démarré le mois dernier. A la tête de cette ONG, Titouan Lamazou, navigateur et artiste français renommé, s'engage dans la lutte contre les violences sexuelles à l'encontre des femmes et contre leur impunité dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC).

Titouan Lamazou a été champion du monde de course au large à la voile de 1986 à 1990 puis vainqueur du Vendée Globe, la première course en solitaire autour du monde sans escale en 1990. Il a ensuite abandonné la barre pour son pinceau.

Les femmes rencontrées au fil de ses périples en Afrique sont présentes dans ses carnets de voyage par d'émouvants portraits faisant entendre leur voix souvent étouffée. Après la publication de ses carnets de voyage, Titouan Lamazou a été nommé « artiste pour la paix » par l'UNESCO en 2003. Son voyage en Afrique s'est achevé en 2004.

Il est toutefois resté marqué par l'horreur des violences sexuelles subies par les femmes déplacées. « J'ai décidé alors de compléter mon témoignage par une action concrète en créant une association du nom de Lysistrata et en lançant un programme spécifique de soutien en faveur des femmes de Butembo, une ville du Nord-Kivu en RDC », a déclaré Titouan Lamazou.

La ville de Butembo au Nord-Kivu accueille de nombreux déplacés interne, dont un grand nombre de femmes. Souvent veuves et ostracisées par leur communauté pour avoir été la proie des rebelles de la LRA, les femmes s'y rassemblent en plusieurs associations.

De ces associations est née une plateforme nommée « Solidarité des Associations Féminines pour les Droits des Femmes (SAFDF) » oeuvrant dans les domaines du soutien médical, psychosocial, juridique et économique, pour mettre en commun leurs ressources et mieux prendre en charge les victimes de violences sexuelles. La SAFDF est désormais soutenue par Lysistrata.

« Il faut les aider à s'aider elles-mêmes », a expliqué Titouan Lamazou. L'ONG Lysistrata, financée notamment par le Ministère français des Affaires étrangères et la Ville de Paris, souhaite développer ce système de mutualisation et de centralisation des efforts.

« Le développement des transports et des moyens de sensibilisation font partie des objectifs majeurs du programme de Lysistrata, leur amélioration est fondamentale pour limiter les atrocités répertoriées chaque jour », a-t-il ajouté.

La sécurité sur les routes doit être renforcée, le transfert des auteurs de violences doit être assuré vers les tribunaux. Par ailleurs des structures d'accueil et d'écoute de femmes traumatisées par une excision, un viol ou tout autre acte de violence doivent être créées.

Sur place, Titouan Lamazou a cherché des partenaires pour son action et il a rencontré l'équipe du HCR à Kinshasa. Le HCR joue un rôle primordial en matière de lutte contre les violences sexuelles en RDC.

L'organisation est chef de file et coordonnateur de la composante 'prévention et protection' de la stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles. « Dans ce cadre, le HCR met en oeuvre des campagnes d'information et de sensibilisation », a indiqué Mohammed Boukry, le délégué du HCR en RDC.

Elise, une infirmière travaillant à Butembo, a expliqué que les séquelles des violences sexuelles, notamment des viols, sont profondes. « La victime est désorientée, elle a besoin d'aide et d'une relation de confiance que nous nous devons d'instaurer car elle se sent incomprise », a-t-elle expliqué.

Elle a retracé, émue, l'histoire de Jeannette, âgée de 18 ans, déplacée et victime de viols. « C'était en novembre 2008, [elle venait d'arriver à pied à Butembo depuis son village situé à 200 kilomètres], et elle était enceinte. Comment a-t-elle réussi à survivre… Vraiment c'est un miracle car, tous les jours, elle était violée et subissait des violences. Ils la surveillaient tout le temps, même pour aller à la toilette ou à la source… Elle était la prisonnière, l'esclave sexuelle de ces tortionnaires », a ajouté Elise.

Le HCR estime que ces actions concrètes sont nécessaires dans la lutte contre les violences à l'encontre des femmes. « C'est pourquoi nous travaillons avec Titouan Lamazou, un artiste célèbre, qui a une grande connaissance de la RDC et qui nous aidera à faire passer les messages clés », a ajouté Mohammed Boukry, le délégué du HCR en RDC.

Par Charlotte Teisseire à Paris

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