Tanzanie : L'exil des réfugiés burundais arrivés en 1972 va prendre fin
Tanzanie : L'exil des réfugiés burundais arrivés en 1972 va prendre fin
DAR ES SALAAM, Tanzanie, 10 mars (UNHCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a rencontré ici le Président tanzanien Jakaya Kikwete lundi, après le lancement d'un programme clef de deux années destiné à mettre un terme à l'une des situations de réfugiés les plus prolongées au monde : l'exil de quelque 218 000 Burundais ayant fui leur pays en 1972.
Les réfugiés burundais vivent dans trois sites dans l'ouest de la Tanzanie et, durant cette réunion de lundi, Jakaya Kikwete a réitéré l'engagement de son gouvernement à trouver des solutions durables pour les réfugiés burundais, y compris le rapatriement et l'intégration.
Lors des cérémonies organisées dans les sites de Kakuma et d'Ulyankulu, dans l'ouest de la Tanzanie, António Guterres avait procédé au lancement du nouveau programme, en insistant sur le fait que son succès dépendrait d'un fort soutien des donateurs au Gouvernement tanzanien.
Il a ajouté que le programme pourrait devenir une « vitrine » pour les autres pays confrontés à des situations de réfugiés prolongées.
Dans le cadre de ce qui va être l'une des plus importantes opérations de l'UNHCR en Afrique cette année, l'agence pour les réfugiés et le Gouvernement de Tanzanie vont aider le retour de plus de 46 000 réfugiés burundais et assister quelque 76 000 autres réfugiés de plus de 18 ans à s'enregistrer pour obtenir la citoyenneté tanzanienne.
« Il est temps de faire un choix pour l'avenir. Ceux qui veulent rentrer au Burundi pour prendre part à la reconstruction pourront le faire avec notre soutien. Ceux qui pensent maintenant faire partie de la Tanzanie et souhaiteraient y rester auront la possibilité de demander la citoyenneté », a déclaré António Guterres sous les hourras des quelque 15 000 réfugiés de Katumba.
Samedi, lors d'une visite dans le site d'Ulyankulu, le Haut Commissaire avait aidé à lancer le volet consacré à l'enregistrement pour la naturalisation du programme. Les personnes concernées par cette opération marquante vivent à Katumba, Ulyankulu et Mishamo, sites connus comme les « anciennes zones d'installation » abritant les Burundais qui ont fui la Tanzanie en 1972 pour échapper aux combats dans leur pays.
Lors de la très émouvante cérémonie de départ qui s'est tenue dimanche à la gare de Katumba, une rapatriée de 49 ans, Sophia Habonimana, a expliqué n'avoir aucun parent au Burundi mais, a-t-elle dit, « je rentre parce que je sais qu' une fois arrivée, les autorités sur place m'aideront ». Arrivée en Tanzanie à l'âge de 13 ans alors qu'elle était orpheline, cette veuve et mère de huit enfants va se rendre dans la province de Makamba.
Beaucoup, à l'instar de Gabriel Baramizigiyi, ne veulent pas rentrer. Ce père de 12 enfants, qui a fui Rutana dans l'est du Burundi en 1972, va faire la queue pour pouvoir déposer une demande de nationalité. « J'aime la Tanzanie. Je vais demander à rester ici car je peux cultiver autant de terres que je le souhaite », explique-t-il. Amos, qui cultive le tabac à Ulyankulu, a expliqué à António Guterres qu'il voulait rester en Tanzanie parce qu'il a pu y mener une vie riche et gratifiante.
Comme l'ont souligné António Guterres et le Président Kikwete lundi, le programme dépendra fortement du soutien des donateurs. Le 21 février, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé un appel de 34 millions de dollars pour financer le retour de Burundais arrivés en 1972 et pour la naturalisation et l'intégration locale de ceux qui recevront la citoyenneté. Pour le moment, des promesses de dons avoisinant un total de neuf millions de dollars ont été reçues.
Le Haut Commissaire a passé quatre jours en Tanzanie, après avoir passé quatre jours en Ouganda pour se rendre compte des opérations de l'UNHCR.
Outre les 218 000 réfugiés burundais vivant dans les anciennes zones d'installation, la Tanzanie abrite aussi 110 000 réfugiés burundais et 96 000 réfugiés congolais. Dans le cadre du programme de rapatriement volontaire démarré en mars 2002, l'UNHCR a aidé 350 000 réfugiés burundais à rentrer chez eux.
Par Eveline Wolfcarius et Millicent Mutuli à Dar es Salaam, Tanzanie