Réintégration réussie des réfugiés dans la province de l'Equateur en RDC
Réintégration réussie des réfugiés dans la province de l'Equateur en RDC
DONGO, République démocratique du Congo, 17 juin (UNHCR) - La réintégration de milliers de réfugiés près de Dongo, dans la province de l'Equateur en République démocratique du Congo (RDC), dépasse toutes les attentes et encourage les autres réfugiés à rentrer du Congo voisin.
Malgré cette réintégration positive et le taux élevé de retour, le manque de fonds reste un problème essentiel pour le programme de rapatriement établi par l'UNHCR pour les réfugiés congolais. A terme, ces difficultés financières pourraient même avoir un impact sur les retours prévus pendant les six derniers mois de l'année.
En 2006, l'UNHCR a besoin de 75 millions de dollars pour mener à bien l'opération. Malheureusement, l'agence n'a reçu que 14,4 millions entre janvier et juin. « Quand nous pensons aux ressources disponibles, nous sommes fiers de ce que nous sommes parvenus à faire avec de si maigres moyens », explique Vito Trani, le chef du bureau de l'UNHCR à Dongo.
Dongo est situé sur la partie orientale du fleuve Oubangi, en face de la République du Congo. Lorsque la guerre civile a éclaté dans leur pays en 1998, quelque 60 000 Congolais ont traversé les fleuves Oubangi et Congo pour se réfugier dans des villages le long des berges au Congo et en République centrafricaine.
Les Congolais ont commencé à rentrer de République centrafricaine pour regagner les zones situées au nord de la province Equateur en octobre 2004. L'année suivante, au mois d'avril, les réfugiés ont commencé à rentrer du Congo à Libenge, Gemena et la capitale de la province, Mbandaka.
Le lancement des retours organisés vers Dongo a dû être retardé à plusieurs reprises en raison de l'insécurité, des extorsions et du harcèlement perpétrés par les milices locales à l'encontre des civils. Les réfugiés étaient aussi découragés par les difficiles conditions sociales et économiques régnant dans la zone.
L'opération a également dû faire face à de sérieux problèmes logistiques aggravés par l'état catastrophique des routes et par la destruction des ponts.
« Le fait de ne pas pouvoir acheter de matériaux de construction sur place a aussi retardé le début de l'opération », indique Vito Trani.
Pour toutes ces raisons, les retours vers Dongo n'ont commencé qu'en novembre 2005, avec la traversée en pirogue du fleuve Oubangi de 200 personnes chaque semaine. A ce jour, 7 000 individus ont ainsi pu rejoindre Dongo. Le nombre de rapatriés pour l'ensemble de la province s'élève à 15 000, soit le quart de ceux qui ont fui en 1998.
Rentrer dans son pays est une chose. Faire que ce retour soit durable en est une autre. Il apparaît toutefois que 88 pour cent des rapatriés à Dongo ont eu accès à leur terre et que 82 pour cent ont obtenu des pièces d'identité, qui leur permettront de participer aux élections très importantes qui se tiendront en juillet. Par ailleurs, 96 pour cent des enfants nés dans les camps de réfugiés au Congo au cours des cinq dernières années ont reçu des certificats de naissance.
Selon AIDES, une organisation non gouvernementale locale impliquée dans l'éducation et l'enregistrement des enfants à l'école, des documents d'identité ont été accordés à 1 296 enfants, leur permettant d'être inscrits dans de nouvelles écoles.
Le soutien interagence a aussi été encouragé dans cette province où la plupart des gens survivent grâce à l'agriculture et à la pêche. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) explique aux rapatriés les avantages de rejoindre des associations professionnelles dans ces deux secteurs et fournit aux nouveaux arrivants des outils pour les cultures et des équipements pour la pêche. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fourni aux rapatriés trois mois de nourriture.
L'aide a aussi permis d'améliorer les services de soins de santé dans les zones qui comptent un grand nombre de rapatriés. Des équipements supplémentaires dans le domaine de la santé ont été livrés et quelques centres de santé ont été réhabilités, afin de pouvoir répondre aux besoins de cette nouvelle population.
Les représentants locaux du gouvernement sont préoccupés par les réserves en eau potable. Ils sont aussi inquiets du manque potentiel d'abris pour les rapatriés. Toutefois une proportion considérable d'entre eux, quelque 64 pour cent, a déjà construit sa propre maison et les communautés d'accueil des abris pour les familles vulnérables.
Les différends fonciers sont en cours de résolution grâce aux interventions conjointes effectuées avec une commission interministérielle du gouvernement chargée du bon déroulement du rapatriement et de la réintégration. « La mise en place de davantage de tribunaux locaux pour résoudre les contentieux liés à la propriété est actuellement étudiée », a indiqué Vito Trani. Il souligne que les demandeurs doivent actuellement effectuer de très longues distances par leurs propres moyens, en l'absence de transports publics, pour bénéficier d'une aide juridique.
Dans l'ensemble, la situation sécuritaire s'est améliorée de façon notable. Les communautés d'accueil ont été préparées à accepter le retour des rapatriés. Les partenaires locaux et étrangers interviennent ensemble lorsque des incidents sont signalés.
Par David Nthengwe à Dongo, République démocratique du Congo