Pour le Secrétaire général de l'ONU, il est dans l'intérêt mondial d'aider les réfugiés syriens
Pour le Secrétaire général de l'ONU, il est dans l'intérêt mondial d'aider les réfugiés syriens
CAMP DE RÉFUGIÉS DE ZA’ATARI, Jordanie – Mardi, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté la communauté internationale à intensifier son appui aux réfugiés syriens et aux pays qui les accueillent, soulignant que l'inaction mettait la sécurité mondiale en péril.
M. Guterres, qui a été Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de 2005 à 2015, s'exprimait lors d'une visite au camp de réfugiés de Za’atari, au nord de la Jordanie. Ce camp qui accueille aujourd'hui quelque 80 000 réfugiés syriens est le plus grand de la région.
« Après dix ans de service en qualité de Haut Commissaire pour les réfugiés, je vous laisse imaginer mon sentiment, mon émotion et ma tristesse devant ce terrible constat : le camp de Za’atari existe toujours, il est plein de réfugiés syriens et la tragédie en Syrie semble ne jamais devoir finir, » a-t-il déclaré aux journalistes lors de sa visite dans le camp.
Selon Antonio Guterres, cette crise prolongée a contribué à alimenter le terrorisme mondial et les pays donateurs ont donc tout intérêt à accroître le niveau de l'aide humanitaire tout en recherchant une solution politique à la « tragédie » que constitue ce conflit.
« Il est temps de dire que si le monde ne vient pas en aide aux réfugiés, il conforte dans leurs discours ceux [les groupes extrémistes] qui exploitent ces arguments pour recruter toujours plus d'individus dans le but de miner la sécurité mondiale, » a-t-il déclaré. « La solidarité avec les réfugiés syriens n’est… pas qu’un acte de générosité, c'est un acte éclairé dans notre intérêt propre. »
« La solidarité avec les réfugiés syriens n’est… pas qu’un acte de générosité, c'est un acte éclairé dans notre intérêt propre. »
Selon lui, les possibilités offertes aux Syriens pour échapper à la violence et reconstruire leur existence en toute sécurité s'amenuisent de jour en jour, ce qui exacerbe leur sentiment de désespoir.
« Je veux lancer un appel à la communauté internationale : il faut intensifier l'aide humanitaire aux réfugiés, montrer plus de solidarité à l'égard de pays tels que la Jordanie, le Liban et d'autres qui accueillent des réfugiés syriens et veiller à donner plus d'opportunités à ces derniers, » a-t-il déclaré. « Il n'est pas temps de réduire notre solidarité, il est temps de développer la solidarité. »
M. Guterres a félicité la Jordanie qui accueille plus de 650 000 réfugiés syriens enregistrés, dénonçant le manque d'actions engagées pour aider la Jordanie et d'autres pays de la région à supporter la charge que suppose l'accueil d'un si grand nombre de réfugiés.
Les pays voisins de la Syrie, dont la Turquie, l'Iraq et l'Égypte, accueillent actuellement plus de 4,9 millions de personnes déracinées par ce conflit de six ans, ce qui en fait la pire crise de réfugiés au monde. Par ailleurs, on compte en Syrie 6,3 millions de déplacés et plus de 13 millions de gens qui ont besoin d'une assistance humanitaire.
Pour Stefano Severe, le représentant du HCR en Jordanie, vu les évolutions politiques mondiales, la réponse internationale à la crise a maintenant atteint la cote d’alerte.
« Face à la crise syrienne, un appui approprié et soutenu est aujourd'hui plus essentiel que jamais, surtout dans un contexte caractérisé par le recul probable des possibilités de réinstallation des réfugiés, » a-t-il indiqué. « Il sera donc d'autant plus nécessaire d'accroître l'aide aux réfugiés les plus vulnérables de la région pour empêcher qu'ils ne sombrent encore davantage dans la pauvreté. »