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Nouvelle année, nouvelle vie pour des réfugiés rwandais quittant le Pakistan

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Nouvelle année, nouvelle vie pour des réfugiés rwandais quittant le Pakistan

Muhammad Saïd vivait au Pakistan depuis le début du génocide au Rwanda. Il est rentré dans son pays avec son épouse et leurs quatre enfants nés en exil.
2 Janvier 2013
Muhammad Saïd pose avec sa femme et leurs enfants pour leur dernière photo au Pakistan avant de s'envoler vers le Rwanda après plus de 20 ans d'exil.

ISLAMABAD, Pakistan, 2 janvier (HCR) - Muhammad Saïd et sa famille ont quitté le Pakistan juste à temps pour voir l'aube de la nouvelle année dans leur pays d'origine, le Rwanda, pour la première fois depuis plus de 20 ans.

Muhammad Saïd, âgé de 44 ans, était venu au Pakistan en 1991 pour étudier mais il n'a jamais pu retourner au Rwanda à cause du génocide de 1994 et il avait été enregistré en tant que réfugié par le HCR. Il est parti le soir du Nouvel An vers la province de Gitarama dans le centre du Rwanda avec sa femme Benimana Alice Aliya, 34 ans, et leurs quatre enfants. Ils sont les premiers Rwandais à avoir été rapatriés, dans le cadre du Programme du HCR pour le rapatriement volontaire depuis le Pakistan.

Deux des frères et soeurs de Saïd et de nombreux cousins ont été tués durant la guerre au Rwanda. « J'ai perdu tout contact avec ma famille. Je ne savais pas s'ils étaient vivants ou décédés, et ce jusqu'à début 2011 quand j'ai fini par contacter ma famille avec l'aide d'un fonctionnaire du Ministère des affaires étrangères rwandais alors en visite officielle au Pakistan », a indiqué Saïd.

Dans un quartier pauvre de la capitale pakistanaise Islamabad, une petite chambre malodorante a fait office de maison pour la famille pendant plusieurs années.

« Il n'y a pas eu une seule nuit où je n'ai pas rêvé de rentrer », a indiqué Aliya d'une voix douce. Entourée des piles d'affaires de la famille, elle a fait ses bagages avec soin pour qu'ils tiennent dans un petit sac.

Aliya est également rwandaise. Elle a étudié dans la même université que Saïd. Ils se sont mariés en 2003 et ont fondé une famille. « J'ai ressenti une véritable plénitude quand j'ai rencontré Aliya. Elle a été comme un nouvel élan dans ma vie, après toutes ces années que j'avais passées seul au Pakistan », a indiqué Saïd.

La joie de rentrer après 21 ans d'exil se lit sur les visages, dans les yeux et les sourires. Saïd vivait au jour le jour depuis toutes ces années. Son seul revenu, à part l'indemnité journalière du HCR, était son salaire de professeur d'arabe et de leçons sur le Coran. Avec sa famille qui s'agrandissait, Saïd a expliqué : « Cela devenait de plus en plus difficile pour moi de joindre les deux bouts. Le loyer, les frais de scolarité et les dépenses quotidiennes sont devenues difficiles à gérer. »

Peu après que Saïd ait établi le contact avec sa famille et qu'il ait appris que ses parents étaient vivants et voulaient le revoir, il a décidé de rentrer au Rwanda. Mais la procédure pour le rapatriement volontaire a été longtemps du fait de l'absence d'une Ambassade du Rwanda au Pakistan.

Le HCR a organisé son retour en coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) via l'Ambassade du Rwanda en Chine. Le rêve de Saïd et Aliya est devenu réalité quand le CICR leur a délivré un laissez-passer spécial. L'OIM a aidé en obtenant des permis de voyage de la part du Ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Les deux filles et les deux fils du couple sont nés et ont grandi au Pakistan. Le Rwanda est pour eux une terre inconnue. « Ils ont vu l'Afrique sur la chaîne National Geographic et ils posent toutes sortes de questions drôles sur ce continent », a expliqué Saïd. « Bilgees (leur fille de neuf ans) me demande, est-ce qu'ils ont du pain pakistanais Roti et du Biryani au Rwanda ? Est-ce que nous devrons aussi manger des araignées ? », a indiqué Aliya en riant.

« Je ne regretterai et ne penserai plus jamais à toutes les années difficiles que nous avons vécues au Pakistan, et ce dès mon arrivée au Rwanda », a expliqué Aliya. Saïd a ajouté : « Je veux que mes enfants grandissent dans leur pays ; je veux pour eux un avenir meilleur. »

« Le rapatriement volontaire est la solution préférée pour mettre fin à une situation de réfugié. Organiser le retour de familles ou de personnes déracinées est toujours un plaisir », a indiqué Monique Ekoko, Représentante adjointe du HCR en charge de la protection, à Islamabad. « Le retour de Saïd marque le début de la fin de situations de réfugié et je leur souhaite bonne chance pour leur nouvelle vie. »

En plus de 1,65 million de réfugiés afghans hébergés au Pakistan, ce pays accueille quelque 750 réfugiés enregistrés auprès du HCR, originaires principalement de la Somalie, de l'Iran et de l'Iraq. En 2012, le HCR a organisé le retour de 13 réfugiés non afghans depuis le Pakistan : la famille de Saïd et sept Algériens.

Dans ses projets de nouvelle vie, Saïd prévoit d'écrire ses mémoires sur la vie au Pakistan en tant que réfugié. « Je veux que le monde sache combien le peuple pakistanais est hospitalier et généreux. Je veux leur rendre hommage et leur exprimer ma reconnaissance dans un livre. Je veux l'écrire très bientôt, Inch Allah », a expliqué Saïd.

Par Duniya Aslam Khan à Islamabad, Pakistan

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