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Le lauréat de la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés travaille à freiner la pandémie de Covid-19 au Soudan du Sud

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Le lauréat de la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés travaille à freiner la pandémie de Covid-19 au Soudan du Sud

Le Dr Evan Atar Adaha, lauréat de la distinction Nansen 2018 pour les réfugiés, aide les réfugiés et leurs hôtes dans une région reculée du Soudan du Sud à freiner la propagation de Covid-19.
30 Septembre 2020
Le Dr Evan Atar s'entretient avec une patiente soudanaise, Gisma Al Amin, dans la maternité de l'hôpital de Bunj, dans le comté de Maban, au Soudan du Sud.

L'hôpital de Bunj, dans l'État du Nil supérieur au Soudan du Sud, déborde d'activité. Des bruits de travaux de construction se font entendre alors que les patients entrent et sortent de l'établissement. Au centre de tout cela se trouve le chirurgien en chef et directeur médical, le Dr Evan Atar Adaha.


Avant même l’arrivée de la pandémie COVID-19 au Soudan du Sud, le Dr Atar mettait en place des mesures préventives dans le seul hôpital fonctionnel de la région doté de capacités chirurgicales, à quelque 600 kilomètres de la capitale, Juba.

« Le système de santé du Soudan du Sud est faible, mais nous devons être préparés et nous nous y employons », explique le Dr Atar, 54 ans.

Depuis le début de la pandémie, les nouveaux arrivants dans le pays sont soumis à un dépistage ou à une quarantaine obligatoire, conformément aux mesures de précaution du ministère de la santé contre la pandémie de Covid-19. Cette mesure est particulièrement importante pour l'État du Nil supérieur, bordé par l'Éthiopie à l'est et le Soudan au nord - pays qui ont tous deux enregistré un nombre important de cas de Covid-19.

Le Soudan du Sud a enregistré plus de 2600 cas positifs depuis avril dernier, mais seul un petit nombre d'entre eux ont été enregistrés à Maban, où se trouve l'hôpital.

« Nous avons la chance qu’il n’y ait aucun cas à Maban depuis un certain temps, mais la menace est toujours là et nous devons faire notre possible pour empêcher la maladie de se propager », ajoute le docteur Atar.

« Notre tâche ... consiste principalement à lutter contre la propagation rapide de la maladie et nous avons la capacité de le faire. »

En progressant parmi les 140 lits de l'établissement, le Dr Atar vérifie l'état d'avancement des travaux de construction. Une clôture a été posée depuis l'entrée principale, où se trouve un stand de dépistage, qui le sépare d'un centre d'isolement de 20 lits. Un réservoir d'eau est installé à proximité et une cuisine est en cours de réparation afin que les familles puissent préparer des repas pour leurs proches.

« Notre tâche, pour l'instant, consiste principalement à lutter contre la propagation rapide de la maladie et nous avons la capacité de le faire », dit-il.

Le Dr Atar a installé son premier bloc opératoire à Bunj en 2011 dans un centre de soins abandonné, là où se trouve actuellement l'hôpital de Bunj. Depuis lors, il a travaillé sans relâche pour obtenir des fonds et encadrer les jeunes réfugiés et les habitants locaux désireux de devenir infirmiers ou sages-femmes.

En 2018, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a honoré l'engagement exceptionnel et l'abnégation du médecin qui a fourni des services médicaux à plus de 200 000 personnes de Bunj et des environs, dont quelque 154 000 réfugiés soudanais.

Le Dr Atar a utilisé la dotation financière de la distinction Nansen pour acheter du matériel pour les accouchements et commander la construction d'une maternité. La modernisation de l'hôpital a renforcé sa préparation à une épidémie de Covid-19, mais l'établissement manque toujours de ventilateurs et d'une unité de soins intensifs.

L'hôpital ne dispose que de deux ambulances et a besoin d'une troisième pour s'occuper spécifiquement des patients atteints de Covid-19. Les équipements de protection individuelle (EPI) sont également insuffisants et le personnel de l'hôpital travaille déjà par roulement de 12 heures avec à peine le temps de se reposer.

« Nous travaillons jour et nuit pour gérer les urgences habituelles des camps et des communautés locales », déclare le Dr Atar, ajoutant qu'en cas d'épidémie majeure, il devra prendre des décisions difficiles sur la manière de gérer les cas médicaux non Covid-19.

En attendant, il explique que son personnel a trouvé des moyens créatifs pour gérer le peu de ressources à disposition.

« Nous sommes exposés, mais nous ne pouvons pas arrêter de fournir des services à la population », dit-il. « Les gens fabriquent leurs propres masques et au point de dépistage, nous avons mis en place des feuilles de plastique pour séparer le personnel de dépistage des patients. »

« Nous sommes en première ligne et nous devons prendre soin des patients. »

Avec le soutien du HCR et de l'agence partenaire, Samaritan's Purse, l'hôpital a acheté des EPI et prévoit d'engager un médecin, des travailleurs de santé et des infirmières supplémentaires. Le personnel a également été formé sur la manière de traiter les cas suspects tout en se protégeant et en protégeant les autres patients.

« Cela peut être inquiétant pour nos familles et nos amis, mais ce ne sera pas la première épidémie à laquelle nous sommes confrontés », déclare le Dr Atar. « Nous avons déjà été confrontés à de nombreuses épidémies auparavant, et nous savons ce que cela signifie de travailler dans de telles circonstances. »

Il parle d'expérience, car il est habitué à travailler dans des conditions difficiles - il effectue régulièrement jusqu'à 10 opérations par jour, passant de nombreuses heures debout.

« Nous sommes en première ligne et nous devons nous occuper des patients. Au bout du compte, notre vie est aux mains de Dieu. »


La distinction Nansen pour les réfugiés est décernée en l'honneur de l'explorateur et humanitaire norvégien Fridtjof Nansen, premier Haut Commissaire pour les réfugiés et prix Nobel, qui a été nommé par la Société des Nations en 1921. Elle vise à mettre en avant ses valeurs de persévérance et d'engagement face à l'adversité.

Le nom du lauréat 2020 sera annoncé le 1er octobre.