Le handicap ? Pas un problème pour ce réfugié syrien haltérophile
Le handicap ? Pas un problème pour ce réfugié syrien haltérophile
Dohouk, Iraq, 1er juin (HCR) - Par un après-midi chaud et ensoleillé au camp de réfugiés de Gawilan dans la région du Kurdistan d'Iraq, six jeunes garçons effectuent des rotations du corps sur la tête et des mouvements de jambes complexes au son trépidant de la musique breakdance.
Ils pratiquent leurs mouvements sous l'œil vigilant de leur professeur, Abdullah Mohammed Amin Tamo. Mieux connu sous le nom « Belind » et âgé de 20 ans, il a commencé à organiser des cours de danse à l'intérieur du camp de réfugiés syriens, après que lui et sa famille aient fui les combats dans leur ville natale de Qamishli en septembre 2013.
Il faut dire que Belind, signifiant « haut lieu » en arabe, est né sans jambes. Il a toujours été très déterminé et son handicap ne lui pose aucun obstacle. Il a commencé ces cours pour donner aux jeunes quelque chose à faire et agir en tant que source d'inspiration pour les autres autour de lui.
« Je ne suis pas du genre à rien faire. Je crois que j’ai des talents que n’a pas une personne ordinaire », explique Belind, avec un sourire de gagnant. « Nous avons ce dicton ‘Si Dieu te prend quelque chose, il te redonne quelque chose d'autre à la place’. Il m’a pris mes jambes, mais il m'a donné un cerveau. »
Avant de quitter la Syrie, Belind était étudiant, il obtenait de bonnes notes et rêvait de devenir médecin. Mais il a été forcé de quitter l'école, car il n’était pas assez mobile pour aller régulièrement en classe dans le camp. Il compte sur ses proches pour pousser son fauteuil roulant et, dit-il, pour retourner à l'école, il lui faut un fauteuil roulant motorisé que sa famille n’a pas les moyens de payer.
Malgré ce revers, Belind est déterminé à prouver qu'il peut vivre une vie normale. En Syrie, il était champion haltérophile. Aujourd'hui, il organise des séances d'haltérophilie quotidiennes pour les jeunes hommes dans le camp. Et il passe son temps libre à jouer au ping-pong et au football avec ses frères et ses nombreux amis.
« Je ne veux pas que les gens disent qu'une personne sans main ou sans jambe ne peut pas faire de sport », indique Belind. « Je fais davantage de sport que les gens ordinaires. Mes parents disent qu'ils ne peuvent pas suivre mon rythme ! »
Après plus de deux ans passés au camp, Belind rêve toujours d'être réinstallé aux États-Unis, où il espère bénéficier de prothèses et de rééducation lui permettant de marcher. Il espère également un jour pouvoir retourner à l'école et terminer ses études.
Il est essentiel pour Belind de rencontrer d’autres réfugiés dans ce camp hébergeant 7500 personnes, pour les encourager à rester forts. « Nous vivons une situation difficile, nous voulons sortir d'ici car nous ne pouvons pas vivre comme ça. Mais c’est ce que la vie nous a apporté et nous devons faire avec. Nous ne devrions pas nous plaindre, mais plutôt chercher des solutions. En tant que jeunes, nous sommes la force vive de ce camp. »
Ses jeunes étudiants apprenant la breakdance sont tout à fait d'accord. « Belind est comme un frère pour moi », explique Yousif Abbas, 15 ans. « J'ai beaucoup appris grâce à lui, comme être un bon ami et respecter les autres. Belind a une bonne attitude et j'apprends cela de lui aussi. »