La vie difficile des personnes déracinées par Boko Haram
La vie difficile des personnes déracinées par Boko Haram
MAIDUGURI, Nigéria - L'insurrection Boko Haram est récemment arrivée jusqu’à l’humble demeure de Bintu au nord-est du Nigéria et sa vie déjà difficile auparavant n’a fait qu’empirer.
« Mon mari a été massacré par les insurgés dans notre ferme de Ngorodole », explique la jeune femme de 30 ans depuis le camp de déplacés de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno.
Elle a rapidement décidé de quitter son village situé non loin de la frontière camerounaise et de se rendre en lieu sûr à Maiduguri avec ses quatre enfants. « Je me sens en sécurité ici, mais je préférerais être chez moi », ajoute-t-elle. Beaucoup d'autres comme elle espèrent une amélioration de la situation de sécurité dans le nord-est du Nigéria afin de pouvoir rentrer chez eux.
« Je me sens en sécurité ici, mais je préférerais être chez moi. »
Environ 950 000 personnes déplacées dans leur propre pays sont rentrées chez elles depuis août 2015 dans les régions d'Adamawa, de Borno et de Yobe. Des dizaines de milliers de Nigérians, dont des réfugiés, sont également revenus du Cameroun, du Tchad et du Niger.
De nombreux Nigérians déplacés souhaitent rentrer chez eux lorsque les conditions s'amélioreront. Toutefois la situation sécuritaire demeure précaire dans de nombreuses régions d'origine, malgré les avancées importantes de l'armée l'année dernière qui ont amélioré l'accès à certaines zones.
Une importante conférence internationale démarre demain à Oslo sur les déplacements au Nigéria et dans les pays de la région du lac Tchad sur la situation et les possibilités de retour. Les participants discuteront également des moyens de renforcer la protection et de solutions pour l’environnement dans les communautés touchées. Les pays donateurs devraient s’engager sur de nouvelles promesses de contributions. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, prendra la parole lors de cette réunion.
Les retours durables dépendent de plusieurs facteurs. Par exemple, il faut reconstruire l'infrastructure de base, assurer l'accès aux services essentiels et relancer l’économie locale ainsi que la production alimentaire. Il faut également rétablir la confiance et favoriser la réconciliation entre les personnes touchées. Beaucoup parmi ceux ayant cherché à rentrer chez eux se sont retrouvés dans des situations de déplacement secondaire, mettant en évidence les risques continus posés par l'insurrection Boko Haram.
« Il faut assurer que les retours soient volontaires et durables dans des conditions de sécurité et de dignité. »
Une action urgente est nécessaire pour créer un environnement de solutions, ainsi que pour aider ceux, comme Bintu, qui demeurent déplacés. Un grand nombre de ceux qui sont hébergés dans des camps au nord-est du Nigéria sont des femmes et des enfants. Le gouvernement, appuyé par les Nations Unies, intensifie ses efforts pour réunir les familles qui auraient pu être séparées pendant le conflit.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a également intensifié la formation de travailleurs humanitaires, de fonctionnaires locaux et de dirigeants de communautés afin d'aider et de reconstruire, en particulier dans l'État de Borno, où la crise est la plus grave et la menace insurrectionnelle la plus forte.
« Il faut assurer que les retours soient volontaires et durables dans des conditions de sécurité et de dignité. Il faut par ailleurs éviter les déplacements secondaires lorsque les rapatriés recherchent des besoins essentiels, y compris des vivres, des abris et des soins médicaux », déclare Brigitte Mukanga Eno, Représentante par intérim du HCR au Nigéria.
Elle a ajouté que les retours prématurés, entrepris avant que les conditions ne soient en place, peuvent donner lieu à de graves risques en matière de protection ainsi que mettre en péril les efforts de paix et de relèvement à plus long terme.