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La procédure de vérification permet aux réfugiés d'avoir le regard tourné vers l'avenir

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La procédure de vérification permet aux réfugiés d'avoir le regard tourné vers l'avenir

Une femme entrepreneure croit en l'aide qu'apportera l'initiative du gouvernement ougandais à ses projets de lancement d'entreprises commerciales gérées par des femmes.
28 Mars 2018

Dans la chaleur étouffante d'une tente du camp de réfugiés d'Oruchinga, en Ouganda, la petite Gloria Mutamba, sept ans, glousse en observant sa mère tenir des lunettes devant ses yeux. 


Il ne faut qu’une seconde à l'ordinateur pour scanner ses iris, mais il faut toute sa maîtrise à Gloria pour résister et ne pas se pencher pour jeter un coup d’œil.

La mère de Gloria, Jenipher, âgée de 32 ans, est parmi les premiers à être examinée dans le cadre de l'initiative nationale lancée par le gouvernement ougandais qui consiste à collecter les empreintes digitales et scanner les iris de plus d’un million de réfugiés.

Pour les enfants, la procédure de vérification biométrique est source de curiosité. Pour Jenipher, c’est la clé de l'avenir.

« Le problème auquel les réfugiés sont confrontés, c'est qu'ils ne sont chez eux nulle part », explique-t-elle, assise devant l'un des bureaux installés pour la procédure. « C'est pour ça que nous sommes favorables à la vérification. Le HCR devrait en faire un dispositif mondial, de telle manière que si un réfugié arrive en Ouganda, il sait qu'il est chez lui et qu'il peut s'installer. »

« C'est pour ça que nous sommes favorables à la vérification. »

L'ordinateur enregistre des données telles que les empreintes digitales et le statut de réfugiée de Gloria, mais il ne peut mesurer la force qui la pousse tous les jours à aider des milliers de femmes et celle dont elle a dû faire preuve pour se sortir des années de guerre en République démocratique du Congo (RDC).

Séquestrée dans une forêt pendant deux semaines et violée à plusieurs reprises, Jenipher est enfin parvenue à s’enfuir ; elle a quitté la RDC en 2011 et est passée en Ouganda. Ici, comme tous les autres réfugiés, elle a hérité d’un lopin de terre où elle a monté une petite hutte et a planté quelques légumes — des oignons, des pommes de terre et des épinards.

« J'ai prié Dieu », se souvient-elle, « en lui disant ‘si tu m'aides, ma mission dans la vie sera d'aider les autres’. » En  sécurité dans un endroit qui est désormais devenu son foyer en Ouganda, elle était résolument décidée à tenir parole.

Avec l'aide du HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, et de Hijra, une organisation non gouvernementale locale, cette mère célibataire a mis moins d’un an pour monter un groupe d'épargne communautaire qui métamorphose la vie des femmes réfugiées.

« Chaque femme apporte ce qu'elle peut et met l'argent dans la caisse commune », explique-t-elle. « Nous utilisons l'argent pour aider les femmes qui sont dans le besoin, ou encore celles qui ont besoin d'un prêt. Ce que nous faisons, c'est que nous finançons leurs entreprises et elles nous remboursent sur les bénéfices qu'elles font. »

Tous les vendredis, elle retrouve le groupe que tout le monde appelle “les Anges” pour mettre de l'argent en commun et discuter des opportunités commerciales. Leur boîte à épargne est fermée par trois cadenas. Trois femmes vivant à une certaine distance les unes des autres ont chacune l’une des clés.

Lorsque Jenipher est arrivée au camp, de nombreuses femmes du groupe avaient été forcées d'avoir des rapports sexuels ou avaient été violées alors qu'elles cherchaient du bois à brûler de l'autre côté de la frontière, en Tanzanie. Aujourd'hui, elles ont leurs propres entreprises et une source de revenus.

« Les réfugiés n'ont pas uniquement besoin de manger, ils doivent être autonomisés, comme c'est le cas pour mes femmes qui gèrent dorénavant leurs propres affaires », explique Jenipher qui gère une entreprise d'achat et de vente de briquettes de charbon de bois utilisées comme combustible. « Ils ont besoin de formation afin d'acquérir de nouvelles compétences pour pouvoir reconstruire leurs vies. »

« Nous utilisons l'argent pour aider les femmes qui sont dans le besoin. »

Le groupe prévoit d'utiliser une partie de l'argent de la caisse pour ouvrir un salon de coiffure et employer de jeunes résidents locaux.

« Nous avons déjà acheté des chaises en plastique et un panneau solaire pour le salon. Nous allons même payer quelqu'un pour former les jeunes. Beaucoup ont fini leur scolarité et je ne veux pas qu'il leur arrive ce qui nous est arrivé en Tanzanie. »

Outre le revenu qu’elle tire de son commerce de charbon de bois, Jenipher gagne également 15 000 shillings ougandais (quelque quatre dollars US) par jour en aidant à gérer la foule pendant la procédure de vérification. Et elle n'utilisera pas cet argent que pour elle. En versant un pourcentage dans la caisse commune, elle aide d'autres femmes et enfants de la communauté des réfugiés.

« Les femmes sont dorénavant des femmes entrepreneures. Elles ont cessé de vendre leurs corps. Elles ne le faisaient que parce qu'elles étaient pauvres. Nous aidons les femmes à trouver du travail pour qu'elles soient occupées – sans travail, les gens perdent leur dignité. »

Avec l'aide du HCR et du Programme alimentaire mondial, le gouvernement ougandais collecte les données biométriques de plus d'un million de réfugiés. L'objectif est de veiller à ce que tous les réfugiés soient correctement enregistrés et qu'ils obtiennent la protection et l'assistance dont ils ont besoin. Le logiciel d'enregistrement de données biométriques du HCR a déjà servi à enregistrer quelque 4,4 millions de réfugiés dans 48 pays du monde entier.

« Les femmes sont dorénavant des femmes entrepreneures. »

« L'Ouganda traite les réfugiés de manière humaine parce que ce sont des êtres humains », déclare Douglas Asiimwe, en charge de la protection des réfugiés au sein du cabinet du Premier ministre. « Ce sont nos frères et nos sœurs. Ce sont nos voisins. Notre approche consiste à traiter les réfugiés avec dignité et pour ce faire, il faut leur donner des droits. »

« Cette procédure de vérification vous sera utile, à vous et à vos proches », a déclaré Bornwell Kantande, le représentant du HCR, en s'adressant aux réfugiés. « Nous voulons offrir de meilleurs services à tous les réfugiés et aux communautés qui les accueillent, et la vérification d’identité sert de base à cela. »

Une fois sa propre vérification terminée dont celles de sa fille et des deux enfants de son frère décédé, Jenipher reprend le travail, elle enfile son gilet de sécurité et oriente les réfugiés dans la tente.

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