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La communauté artistique de Belfast accueille un peintre syrien en exil

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La communauté artistique de Belfast accueille un peintre syrien en exil

Mousa, un réfugié kurde du nord-est de la Syrie, a peint le souvenir de son exil. Il a enfin trouvé un havre de paix pour sa famille en Irlande du Nord. Son art s'épanouit et il essaye de rendre à sa communauté d'accueil ce qu'elle lui a apporté.
9 Février 2018
Marwan Mousa, un réfugié kurde, est assis parmi des toiles de tous genres éparpillées dans le salon de sa maison de Belfast.

Marwan Mousa, un réfugié kurde, est assis parmi des toiles de tous genres éparpillées dans le salon de sa maison de Belfast, à une éternité du nord-est de la Syrie, qu'il a fui il y a quelques années. Certains tableaux ont des couleurs sombres, d’autres des tons plus vifs ; il y a des grands et des petits formats.

« Celle-ci, je l'ai intitulée 'le Bateau de la mort’ », explique-t-il en soulevant une acrylique sombre dans les tons de gris et de rouge. « Ce bateau a emporté la vie de tant de Syriens et il a disparu en mer, comme la Syrie. »

Mousa, un réfugié kurde de 52 ans et originaire du nord-est de la Syrie, a peint son voyage vers la sécurité. Réinstallé à Belfast, en Irlande du Nord, en août 2016, il y a trouvé un havre de paix pour sa famille et son art.

Mousa ne peignait pas avant de fuir la Syrie. Il tenait un atelier de réparation de téléphones portables. Son art est né de l'exil, il s’est d’abord exprimé en Iraq, première étape de son voyage vers la stabilité.

« Ce bateau a emporté la vie de tant de Syriens et il a disparu en mer comme la Syrie. »

« Tout a commencé en Iraq avec un peu de papier et de charbon », a-t-il raconté au HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, au cours d'un entretien chez lui, dans la banlieue de la ville. « Je ne parvenais pas à exprimer les choses avec des mots et c'était mon exutoire. »

Moussa a fui les effusions de sang en Syrie en 2013. Il a d'abord trouvé refuge dans le Kurdistan iraquien, où il a passé deux ans dans un camp de réfugiés avec son épouse et leurs quatre enfants. « Cette tente représente la rigueur de l'exil dans les camps de réfugiés, surtout en hiver, lorsque les conditions sont vraiment difficiles », dit-il en montrant un croquis en noir et blanc qu'il a dessiné à l'époque.

Mohammed, son fils de 10 ans, souffrait de thalassémie, une maladie sanguine chronique qui nécessite un traitement constant et onéreux. Moussa ne parvenait pas à faire soigner son fils en Iraq. En 2016, la famille a quitté l'Iraq et a été réinstallée au Royaume-Uni, un voyage qui a sauvé la vie de Mohammed.

Mousa et sa famille comptent parmi les quelque 10 000 Syriens arrivés au Royaume-Uni jusqu’au début de l’année 2018, grâce au Programme de réinstallation des personnes vulnérables, le principal dispositif britannique de réinstallation des réfugiés dans le pays. Entre la fin 2015 et la fin 2017, ce programme a également permis à 632 réfugiés syriens d'arriver en Irlande du Nord.

Depuis l’installation de Mousa en Irlande du Nord, ses peintures ont gagné en richesse et en intensité. Son fils a pu bénéficier d’un suivi médical et le gouvernement local a offert un logement à la famille, ainsi que d'autres formes de soutiens pour leur permettre de s'intégrer dans leur nouvel environnement. Les tableaux de Mousa sont devenus plus joyeux mais son travail restait encore inconnu du grand public.

Une antenne locale de Barnardos, une organisation caritative pour les enfants et qui aidait la famille, a découvert les œuvres de Mousa et les a montrées à Deirdre Mackel, la directrice du programme artistique « Upper Spring Field Development Trust », un groupe de Belfast qui vient en aide aux communautés marginalisées.

« Ses peintures étaient chargées d'émotions », explique Deirdre Mackel, « elles sont empreintes de tristesse, d’une grande tragédie, mais elles sont aussi très symboliques. »

Deirdre Mackel a cru en la valeur du travail artistique de Mousa et a décidé de l'aider. « Les gens doivent voir ces tableaux, voir le calvaire qu’ont vécu les Syriens avant de venir ici. » Elle l'a présenté à des galeries d'art de la ville et l'a aidé à organiser sa première exposition, il y a un an.

« Son œuvre est tellement puissante, une bonne partie de ses tableaux sont autobiographiques et racontent son voyage ou son histoire. »

« Cent personnes ont assisté au vernissage ce soir-là », se souvient Deirdre Mackel, « des gens qui n'étaient probablement jamais entré dans une galerie d'art. » Mousa a organisé une autre exposition en août 2017 et, depuis, il a été invité à participer à une nouvelle exposition d’art à Belfast, le mois prochain.

Deirdre Mackel a également présenté Mousa à des artistes de la ville qui l'ont aidé à développer sa technique. « Il y avait la barrière de la langue mais l'art nous a permis d'aller au-delà », explique Charlotte Bosanquet, une peintre installée à Belfast. « Son œuvre est tellement puissante, une bonne partie de ses tableaux sont autobiographiques et racontent son voyage ou son histoire. »

L'art a aidé Mousa et sa famille à trouver leurs marques dans cette nouvelle vie à Belfast.  Aujourd’hui, Mousa se sert également de l'art pour venir en aide aux autres. Chaque semaine, il intervient comme bénévole à Action Ability, un groupe qui promeut l'intégration des personnes handicapées à Belfast. Mousa participe à leurs cours d'art et aide les jeunes handicapés à peindre ou à créer de l'artisanat.  « Il veut être accepté par la communauté », explique Roisin McKanna, la coordinatrice des bénévoles de Action Ability, « et il le fait de façon merveilleuse, par le biais de l'art. »

Marwan dit qu'il a une dette énorme envers la communauté artistique de Belfast. « Quand je suis arrivé ici, les gens m'ont aidé. Je me sens en paix avec moi-même quand j'aide les autres. C'est ma manière de rembourser ma dette. »


Cet article fait partie d'une série intitulée #GreatBritishWelcome, qui illustre l’accueil chaleureux de la population du Royaume-Uni envers les réfugiés et les demandeurs d'asile.

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