Inquiétudes du chef du HCR sur le déplacement « catastrophique » de population dans l'est de la RDC
Inquiétudes du chef du HCR sur le déplacement « catastrophique » de population dans l'est de la RDC
GENÈVE, 16 mai (HCR) - Le Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres a exprimé aujourd'hui son inquiétude sur les récents afflux de réfugiés au Rwanda et en Ouganda. Ils fuient les combats dans l'est de la République démocratique du Congo.
« Le niveau de déplacement de population que nous observons dans l'est de la République démocratique du Congo est déjà catastrophique », a indiqué António Guterres dans une déclaration depuis Genève. « Le conflit combiné à un accès très limité pour les travailleurs humanitaires signifie que plusieurs milliers de personnes se trouvent sans protection ni assistance. Désormais des personnes dans le besoin arrivent également dans les pays voisins. »
La violence affecte le Sud- et le Nord-Kivu en République démocratique du Congo depuis plusieurs années. Mais la situation a empiré ces derniers mois avec les récents combats entre les forces gouvernementales et les soldats fidèles à l'ancien chef rebelle Bosco Ntaganda, causant un déplacement de population à l'intérieur de la RDC et poussant des milliers de personnes à fuir vers l'Ouganda et le Rwanda.
Selon le personnel du HCR au Rwanda, plus de 8200 réfugiés sont déjà arrivés au Rwanda en provenance du Nord-Kivu en RDC depuis le 27 avril. Ils se sont rendus au centre de transit de Nkamira, à environ 20 kilomètres à l'intérieur du Rwanda depuis le point de passage frontière de Goma-Gisenyi. Cette population s'ajoute aux 55 000 réfugiés congolais qui sont déjà hébergés au Rwanda.
Bien que la violence de l'autre côté de la frontière semble avoir faibli ces derniers jours, environ 100 personnes par jour arrivent dans le centre de transit bondé, en comparaison d'environ 1000 par jour fin avril.
« Nous nous préparons à gérer davantage d'arrivées encore », a indiqué Anouck Bronée, fonctionnaire du HCR en charge des relations extérieures, mercredi depuis Nkamira. « Nous allons consolider ce que nous faisons déjà ici », a-t-elle ajouté. Deux des principales préoccupations concernent les abris et les soins de santé en cette période de fortes pluies.
Parallèlement, une équipe d'experts devrait se rendre jeudi dans un site du district de Nyamababe, près de la frontière avec le Burundi, qui pourrait devenir un nouveau camp de réfugiés localisé sur un terrain alloué par les autorités rwandaises. Le HCR participera à sa gestion.
En Ouganda, les autorités ont indiqué au HCR que 30 000 réfugiés sont arrivés après avoir fui plusieurs jours de combats qui ont débuté dans le territoire de Rutshuru le 10 mai dernier entre l'armée congolaise et les soldats fidèles à l'ancien chef rebelle Ntaganda.
Le HCR ne peut confirmer de source indépendante ce nombre, qui inclut des Rwandais, mais Sakura Atsumi du HCR s'est rendue dans la ville frontalière de Bunagana mercredi et elle a expliqué : « Il y a des villages entiers et des familles qui vivent dans les zones frontalières. La plupart souhaitent y rester, pour faire des allers et retours tant que la situation le permet, mais ils dorment en Ouganda.
L'agence pour les réfugiés ne procède pas à l'enregistrement des arrivants et ne distribue pas d'aide à la frontière, mais au centre de transit de Nyakabande, à environ 20 kilomètres dans le district de Kisoro. Il y a actuellement environ 2800 réfugiés dans ce centre, y compris 500 qui y ont été transférés depuis la frontière par le HCR mardi et 600 qui sont arrivés par leurs propres moyens le même jour. Le camp a une capacité d'accueil de 1000 personnes.
Sakura Atsumi du HCR a indiqué qu'un convoi hebdomadaire, transportant 500 personnes, devrait quitter Nyakabande jeudi vers l'installation de Rwamwanja dans le district de Kamwenge au nord de Kisoro, qui a été ouvert par le gouvernement le 17 avril après le dernier afflux. Près de 3700 réfugiés ont déjà été transférés vers cette installation depuis Nyakabande.
Avant ce nouvel afflux, l'Ouganda accueillait déjà plus de 175 000 réfugiés, y compris près de 100 000 personnes originaires de la République démocratique du Congo, 22 800 Somaliens, 11 800 Soudanais et 16 000 Rwandais.
Depuis novembre 2011, après des élections présidentielles et parlementaires en RDC, environ 300 000 personnes ont été nouvellement déplacées. Elles s'ajoutent à plus de 1,1 million de personnes déplacées qui avaient fui de précédentes vagues de violences. En RDC, à travers tout le pays et en incluant ce nombre, plus de deux millions de personnes sont désormais déracinées, selon les statistiques des Nations Unies.