Des Syriens fuient la guerre pour se réfugier en Égypte

Les gens qui sont ici – les adultes patiemment installés, les enfants courant dans tous les sens – se trouvent dans l’une des salles d’attente de l’histoire contemporaine.

Ce sont des Syriens qui se trouvent en Égypte, des demandeurs d’asile qui ont fui la guerre, qui ont perdu leur famille, leur foyer, leur travail. Au Caire, dans le district de Zamalek, la salle du centre d’enregistrement du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, leur sert de planche de salut.

La main levée, il tient un document jaune. Il sourit. C’est une petite victoire pour lui, pour sa famille. Cette feuille de papier, c’est un document du HCR valable pour 18 mois, qui lui permettra d’obtenir un permis de résidence. Il permettra également à ses enfants d’aller à l’école.

La procédure prend du temps, à cause du grand nombre de demandeurs d’asile – presque 118 000 Syriens sur un total de plus de 190 000 venant de plusieurs dizaines de pays.

« Il faisait très chaud et les enfants ont souffert… Nous avons passé deux jours sans eau. »

Nahed passe au scanner rétinien, étape nécessaire pour constituer son dossier biométrique, ainsi que celui de sa famille et recevoir le document du HCR.

Son histoire n’en est qu’une parmi tant d’autres de terreur et de perte. Ils viennent de Homs, elle et ses trois enfants. Il y a trois ans, son mari a disparu dans le tourmente de la guerre. Elle a attendu et désespérait de le revoir. Elle savait que son mari était mort.

Alors elle a choisi de fuir et ce sont des passeurs qui ont tracé sa route à travers le désert. La traversée a été terrible.

« Il faisait très chaud et les enfants ont souffert, » dit-elle. « L’un d’entre eux saignait très fort du nez. Nous avons passé deux jours sans eau. Nous n’avions plus d’eau. Les enfants ont énormément souffert. »

À l’étage du centre d’enregistrement, il y a une innovation du HCR – un centre d’appel mis en place pour venir en aide aux demandeurs d’asile et réfugiés qui vivent souvent loin du centre du Caire. Il y a là onze personnes qui répondent à des questions très diverses sur l’aide financière, la distribution alimentaire, l’éducation, la détermination du statut de réfugié et tout un ensemble de questions sur la protection.

De nombreux réfugiés espèrent obtenir une réinstallation. Chaque année, le HCR égyptien présente les dossiers de candidature de quelque 6 700 réfugiés pour la réinstallation dans des pays tiers. C’est une solution durable pour les réfugiés les plus vulnérables, ainsi que pour ceux qui ont un besoin particulier de protection en Égypte.

Certains demandeurs d’asile estiment qu’ils ne peuvent pas attendre. Dans le centre Caritas d’Alexandrie qui est aidé par le HCR, Fatma explique qu’elle aussi s’est adressée à des passeurs. Pour elle, après deux années de frustrations et de difficultés économiques en tant que demandeur d’asile, il s’agissait de traverser la Méditerranée avec ses trois enfants.

Le bateau a chaviré avant de couler. Il y a eu vingt morts, à compter parmi les quelque 4000 personnes qui se sont noyées ou ont été portées disparues en tentant la traversée depuis le début de l’année. Fatma a eu la vie sauve.

« Nous avons été sauvés après avoir passé six heures dans l’eau. J’ai ensuite été placée en détention ici pendant deux mois. »

« Nous avons été sauvés après avoir passé six heures dans l’eau, » dit-elle. J’ai ensuite été placée en détention ici pendant deux mois, avec les enfants. »

Cette histoire traumatisante de noyade, de sauvetage et de détention a toutefois aussi un volet plus heureux. Grâce à une petite allocation d’aide en espèces versée par Caritas et le HCR, elle a créé chez elle un service de traiteur qui prépare des plats à emporter avec l’aide de ses enfants. Elle gagne environ 30 USD par semaine, ce qui suffit pour faire vivre la famille.

Et en parlant de la Méditerranée et du bateau des passeurs : « Je n’envisagerai plus jamais de faire la traversée de manière irrégulière. J’ai souffert, mes enfants ont souffert et je ne ferai plus jamais ça. »

Elle rêve encore de l’Europe et d’une vie meilleure pour ses enfants. Mais elle attendra en faisant la cuisine et en attendant une réinstallation légale.