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Des réfugiés congolais attaqués par la LRA fuient au Soudan

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Des réfugiés congolais attaqués par la LRA fuient au Soudan

De récentes attaques menées par un groupe rebelle ougandais dans le nord-est de la République démocratique du Congo ont fait fuir des milliers de Congolais vers le Sud-Soudan.
27 Janvier 2009
Une réfugiée congolaise au Sud-Soudan, après avoir fui les combats impliquant des rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur.

LASU, Soudan, 27 janvier (UNHCR) - De récentes attaques menées par un groupe rebelle ougandais dans le nord-est de la République démocratique du Congo ont fait fuir des milliers de Congolais vers le Sud-Soudan.

Une équipe du HCR s'est rendue au Sud-Soudan le week-end dernier dans le village de Lasu, situé à 50 kilomètres de la frontière avec la RDC, et a enregistré 680 Congolais déracinés, dont la plupart sont originaires du village d'Aba en RDC. Ils ont expliqué avoir fui leurs maisons après une attaque de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), un groupe rebelle ougandais.

Le nombre total des réfugiés se trouvant à Lasu est estimé à plus de 2 000 et le HCR poursuit la vérification. Notre équipe a constaté que de nombreux parents avaient dû repartir vers la RDC pour chercher de la nourriture pour leurs enfants, dont un grand nombre avaient passé plusieurs jours sans manger.

« La majorité de la population réfugiée à Lasu vit en plein air sous des arbres. Les réfugiés dépendent largement de la générosité de la population locale. Toutefois ils sont bien plus nombreux que la population locale, dont les stocks de nourriture sont limités », a expliqué le porte-parole. Le Programme alimentaire mondial (PAM) distribue aujourd'hui depuis Juba, la capitale du Sud-Soudan, des rations alimentaires pour un mois. Parallèlement, le HCR prépare une assistance d'urgence pour les réfugiés.

Lonyiyo, âgée de 26 ans et mère de trois enfants, a indiqué à l'équipe du HCR à Lasu qu'elle avait fui sa maison après avoir entendu dire que des combattants de la LRA avaient basculé dans une orgie sanguinaire - massacres, viols, pillages et enlèvements - durant une attaque menée contre un village situé à environ huit kilomètres. Elle ne savait pas où se trouvait son mari, qui était alors en route vers le marché quand sont arrivées les nouvelles sur l'attaque.

Cette femme enceinte s'inquiétait de savoir où aller et comment nourrir ses enfants. Elle était aussi préoccupée de trouver des installations médicales pour le moment où elle accoucherait. Au moins deux des déplacées congolaises ont accouché depuis leur arrivée à Lasu, selon les autorités locales.

Parallèlement, une autre équipe du HCR s'est rendue à Ezo, un village plus proche de la frontière entre la République centrafricaine et la RDC, pour évaluer la situation de quelque 2 000 réfugiés congolais arrivés sur place il y a quelques semaines, après des attaques de la LRA au nord-ouest de Dungu dans la Province Orientale.

L'équipe a trouvé l'ensemble des réfugiés installés dans des huttes à Napere, un camp spontané situé à deux kilomètres au nord d'Ezo. La pénurie de nourriture est aussi un problème grave dans la zone d'Ezo, qui recevait auparavant une grande partie de l'approvisionnement depuis la RDC.

La communauté locale ne peut pas subvenir aux besoins des réfugiés, qui doivent rechercher de la nourriture dans la nature alentour. Le PAM a prévu d'envoyer de la nourriture depuis Juba mardi. Les enfants montrent des signes de malnutrition. Le manque d'eau potable, de médicaments et de soins médicaux affecte aussi les réfugiés.

A Ezo, Mary, une jeune femme congolaise, s'est rappelée les souffrances qu'elle a subies avec ses quatre enfants avant d'arriver au Soudan. Son mari a été tué lors d'une attaque menée par la LRA contre leur village, mais elle a réussi à se cacher.

Elle s'est jointe à l'exode des autres survivants et s'est dirigée vers Ezo avec son bébé qu'elle porte sur le dos, une petite fille, Joséphine, dans ses bras et deux enfants marchant auprès d'elle. Ils sont arrivés à Ezo le 4 janvier et ont été dirigés vers le camp de Napere.

Mary a reçu un carré de terrain et un abri dans le camp, mais elle vit encore des épreuves. Elle a lutté pour nourrir sa famille et peu après l'arrivée de l'équipe du HCR, sa fille Joséphine est décédée de diarrhées et de fièvre. L'aide est arrivée trop tard pour elle.

« L'assistance humanitaire demeure limitée du fait de la situation sécuritaire très instable dans cette région ainsi que de l'accessibilité limitée. L'aérodrome d'Ezo n'est pas opérationnel et les routes ne sont praticables que pendant la saison sèche », a indiqué le porte-parole du HCR. Bien que ce soit actuellement la saison sèche au Soudan, des pluies torrentielles se sont abattues sur les régions Ouest-Equateur et Centre-Equateur ces derniers jours. Il y a également des milliers de déplacés internes soudanais dans l'Ouest-Equateur, à cause des attaques menées par la LRA à l'intérieur même du Sud-Soudan.

Par ailleurs, le HCR poursuit le transfert des réfugiés depuis les régions de Gangura et de Yambio, au Sud-Soudan près de la frontière avec la RDC, vers le site de Makpandu, à 44 kilomètres au nord-est de Yambio. A ce jour, l'agence pour les réfugiés a transféré 822 personnes. Ces réfugiés font partie d'un groupe plus important comptant plus de 6 000 personnes qui ont fui les attaques menées par la LRA sur leurs villages près de Dungu, dans le nord-est de la RDC en septembre dernier.

Par Monique Rudacogora à Lasu et Michael Owor à Ezo, Soudan