Des Indiens se mobilisent pour aider des réfugiés rohingyas victimes d'un incendie
Des Indiens se mobilisent pour aider des réfugiés rohingyas victimes d'un incendie
NEW DELHI, Inde – Lorsque le feu a dévasté les cabanes délabrées de Madanpur Khader, dans le sud-est de New Delhi, Meeran Haider comptait parmi les résidents de la communauté locale qui se sont mobilisés pour aider les réfugiés rohingyas qui y vivaient.
« Quand nous avons appris la discrimination et les souffrances qu’ils avaient endurées, nous nous sommes dit qu'il nous fallait les aider », explique Meeran, un étudiant de l'Université Jamia Milia Islamia voisine dans la capitale indienne. « Ayant tout perdu dans l'incendie, leur souci le plus urgent était de trouver un abri sûr. »
Après avoir fui leurs foyers au Myanmar, de nombreux réfugiés rohingyas savaient déjà ce qu’était tout perdre. L'incendie qui a ravagé l’installation de fortune le 15 avril leur a cruellement asséné un nouveau coup.
Personne n'y a perdu la vie, mais beaucoup d'entre eux ont subi des brûlures et des blessures mineures, et 219 réfugiés ont perdu leur foyer, leurs économies, leurs commerces, leurs livres d'école et leurs outils. Ils ont également perdu leurs cartes de réfugiés qui ont immédiatement été remplacées par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« Nous avons pensé qu'il était de notre devoir de les aider. »
Des ONG, des organisations caritatives, des donateurs du secteur privé et des voisins se sont mobilisés pour les aider, en construisant des abris d'urgence et en offrant une aide médicale. Ils leur ont également offert des vêtements, des articles de literie et d'autres produits de première nécessité. Le HCR a coordonné l'intervention d'urgence avec d'autres agences des Nations Unies, des ONG et des acteurs de la société civile.
Sameer, 30 ans, a fui le Myanmar en 2012 et a travaillé dur pour se reconstruire une vie en Inde. Avant l'incendie, il gagnait sa vie en réparant des moteurs électriques dans son petit magasin du campement.
« Ma famille a tout perdu, y compris toutes ses économies », explique-t-il. « À la maison, j'avais 17 moteurs que je comptais vendre ; ils sont tous perdus. Mais nous sommes soulagés de savoir que nos enfants sont sains et saufs. »
Fatima, 25 ans, une mère de deux enfants, a perdu son petit magasin pendant l'incendie. Mais grâce à une aide en espèces reçues de la part d’ONG locales et aux petits prêts accordés par ses proches, elle a pu relancer son affaire. « Je me sens en sécurité en Inde. C'est un endroit où quelqu'un qui travaille dur peut réussir », dit-elle.
Le calvaire sans fin des plus de 670 000 réfugiés rohingyas qui ont fui les violences ciblées et de graves violations des droits de l'homme au Myanmar pour trouver refuge au Bangladesh ont retenu l'attention du monde entier. Souvent, ces gens ont traversé des forêts à pied pendant plusieurs jours pour trouver la sécurité et, parmi eux, des femmes enceintes, de jeunes enfants, des malades et des personnes âgées.
Avant même le début de cette crise récente en août de l'année dernière, dès les années 1970, des centaines de milliers de réfugiés rohingyas avaient dû fuir d'autres flambées de violence au Myanmar. De nombreux Rohingyas se trouvent aujourd’hui dans différents pays du Sud-Est asiatique.
« Ma famille a tout perdu, y compris toutes ses économies. »
L'Inde accueille 17 500 réfugiés et demandeurs d'asile rohingyas enregistrés par le HCR. Si les programmes d'assistance du HCR leur offrent une aide de base, nombreux d’entre eux sont cependant démunis, occupent des emplois mal payés et vivent dans des camps surpeuplés avec un accès limité aux services essentiels tels que des abris sûrs, de l'eau, de l'électricité et des toilettes.
« Pour les réfugiés, il est important de se sentir inclus dans les sociétés qui les accueillent », explique Yasuko Shimizu, Chef de mission du HCR en Inde. « Le soutien massif de la communauté indienne nous a impressionnés. L'Inde et sa population ont une fois de plus fait preuve d'une hospitalité extraordinaire à l'égard des réfugiés dans cette situation d'urgence. »
L'aide offerte à la communauté après l'incendie a particulièrement touché Amir, un travailleur journalier de 33 ans qui utilise un pousse-pousse électrique offert par une ONG pour gagner modestement sa vie en transportant des passagers et des marchandises dans le camp.
« Des gens de toutes les religions et de toutes les origines se sont mobilisés pour nous aider », dit-il. « Aujourd’hui, je suis bien entouré et je ressens beaucoup d'amour, cela fait très longtemps que cela ne m’était pas arrivé. »