Des centaines de réfugiés congolais fuient au Sud-Soudan

KHARTOUM, Soudan, 1er octobre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a confirmé des informations faisant état d'un afflux de centaines de réfugiés congolais dans le comté de Yambio situé près de la frontière entre le Soudan et la République démocratique du Congo (RDC). Des employés du HCR sur le terrain sont préoccupés car la situation humanitaire pourrait empirer.

Les autorités locales et des agences humanitaires dans la région ont fait état de la fuite d'environ 1 200 réfugiés ces derniers jours, depuis leurs villages de Gangura et Sakure, à la suite d'attaques commises autour de Dungu par des groupes armés qui seraient des combattants de la LRA [l'Armée de résistance du Seigneur opérant en Ouganda]. Après un voyage de quatre jours à pied, les réfugiés ont trouvé la sécurité derrière les lignes de la SPLA [Armée populaire de libération du Soudan] à l'intérieur du Sud-Soudan », a indiqué le HCR dans un communiqué de presse publié à Khartoum.

Samedi, une équipe d'évaluation d'urgence du HCR s'est rendue à Gangura, un village situé à environ 15 kilomètres au sud de la ville de Yambio et à 10 kilomètres au nord de la frontière de la RDC, où 700 Congolais s'étaient installés. Médecins Sans Frontières (Espagne) gère un dispensaire dans le village et assure des soins à de nombreux réfugiés blessés lors d'attaques dans les villages de Dura, Baote, Peturua, Naipayan, Kiro et Bikwoto en RDC.

Des réfugiés ont raconté que des enfants avaient été enlevés et que des maisons avaient été incendiées au cours d'actes de sauvagerie. Ils ont expliqué qu'ils avaient fui le Soudan car la LRA avait bloqué toutes les autres routes dans la région. Selon des informations non confirmées, des corps auraient été vus flottant dans des rivières sur le chemin. Actuellement, c'est la saison des pluies dans la région, les rivières et les marécages sont en crue.

« Selon ce que nous avons appris de la part des réfugiés, les attaques ont été violentes et continues. De nombreux réfugiés qui sont actuellement soignés dans le dispensaire de MSF portent des blessures par balles ou résultant de coups de machette », a expliqué Geoff Wordley, délégué assistant pour les opérations du HCR au Sud-Soudan.

« Des informations provenant de RDC et les témoignages de réfugiés dans la province de l'Equatoria occidental démontrent l'éventualité inquiétante d'une détérioration rapide de la situation humanitaire dans la région », a-t-il ajouté.

Les réfugiés se sont installés dans une école abandonnée où la majorité d'entre eux dorment en plein air. Ils n'ont ni couverture, ni ustensiles de cuisine, ni articles domestiques. Ils se nourrissent des fruits ramassés dans la forêt et des quelques vivres que la communauté locale peut leur fournir.

Le HCR envoit une équipe d'urgence dans la région pour soutenir l'effort humanitaire et pour contrôler la situation. Le HCR a fermé son bureau à Yambio en août 2007 après avoir achevé un rapatriement à grande échelle depuis la RDC et la République centrafricaine.

Parmi les préoccupations immédiates identifiées par les agences humanitaires, figurent la proximité de la frontière pour les sites accueillant des réfugiés, la probabilité d'attaques de la LRA et d'enlèvements de civils, les conditions de vie difficiles et la diminution des stocks de nourriture de la population locale.

« Le HCR travaille avec des agences partenaires, particulièrement le PAM [le Programme alimentaire mondial] et l'UNICEF [le Fonds des Nations Unies pour l'enfance] pour acheminer une aide d'urgence aux populations assiégées. MSF contrôle l'état nutritionnel des réfugiés et fournira des rations supplémentaires aux enfants qui en ont besoin », a indiqué le communiqué du HCR.

Les combattants de la LRA, dont les chefs ont été inculpés par la Cour pénale internationale de la Haye, auraient transféré leurs bases, situées historiquement en Ouganda, vers le nord-est du Congo et le Sud-Soudan. Des pourparlers de paix engagés avec le Gouvernement ougandais, pour mettre fin à leur lutte de longue date, semblent dans l'impasse.