Des personnes réfugiées trouvent leur chance chez IKEA
Des personnes réfugiées trouvent leur chance chez IKEA
En ce lundi matin de janvier, le magasin IKEA de Lyssach, près de Berne, est en pleine effervescence. Des familles, des couples et des personnes seules parcourent les rayons, à la recherche de meubles pratiques et d’idées d’aménagement créatives. Des collaborateurs-trices sont prêts à les conseiller. Parmi ce personnel se trouvent Adam Ahmad Ramadan et Teshome Yirgaalem, qui ont une histoire particulière à raconter. Ils sont arrivés en Suisse en tant que réfugiés et ont trouvé leur place dans la vente chez IKEA grâce à différents programmes d’intégration.
Adam est arrivé en Suisse en 2015 en provenance du Soudan. Au début, l’apprentissage de la langue et la création de contacts se sont révélés être un défi. En 2021, il a toutefois eu la possibilité de suivre le préapprentissage d’intégration (PAI) d’un an chez IKEA. Cette offre, qui sera pérennisée cette année par la Confédération, prépare les personnes réfugiées, admises à titre provisoire et les bénéficiaires du statut temporaire de protection S à la formation professionnelle initiale. L’accès ultérieur à une formation professionnelle duale avec une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) ou un certificat fédéral de capacité (CFC) promet une intégration professionnelle durable. En outre, il ouvre la voie à une formation professionnelle supérieure. Ainsi, après le préapprentissage d’intégration, Adam a commencé l’apprentissage AFP qu’il terminera en été 2024. Des objectifs clairs sont particulièrement importants pour lui: «Si tu commences à poursuivre ton objectif, tu trouveras aussi du soutien», souligne Adam.
Outre le préapprentissage d’intégration, IKEA Suisse propose également deux autres offres d’intégration: «Ready to Perform» s’adresse aux personnes qui disposent déjà d’une expérience professionnelle et/ou une formation correspondante et qui n’ont plus besoin de formation linguistique. Le stage d’intégration, quant à lui, est destiné à celles et ceux qui ont besoin d’améliorer leurs compétences linguistiques, 20% du temps de travail étant consacré à l’apprentissage de la langue.
C’est ainsi que Teshome a fait son entrée chez IKEA. Ce père de famille est arrivé en Suisse en 2020 dans le cadre du regroupement familial depuis l’Érythrée. Malgré ses études de droit et 15 ans d’expérience en tant que conseiller juridique, il n’a pas pu exercer son métier en Suisse. Pendant son stage d’intégration, il a eu un aperçu du monde du travail suisse et a travaillé intensivement sur ses connaissances en allemand. Après le stage, il a trouvé un emploi dans la vente et travaille maintenant depuis un an et demi chez IKEA. Pour Teshome, son plus grand succès est d’avoir atteint l’indépendance financière. A l’avenir, il aimerait se perfectionner dans le domaine du marketing. Il souligne que les personnes réfugiées travaillent souvent dur pour améliorer la vie de leur famille et qu’ils représentent donc une ressource précieuse pour les entreprises.
Regula Bächli, responsable des programmes d’intégration chez IKEA Suisse, voit les participant-e-s comme des personnes dotées d’une grande résilience, d’une capacité d’adaptation et d’une forte loyauté envers l’entreprise. Les effets positifs se font également sentir au sein de l’équipe. Daniela Taavo, chef d’équipe de Teshome, a constaté un renforcement du sentiment de communauté et une plus grande attention portée aux autres. Cornelia Kobi, formatrice en logistique, le confirme également et souligne que les programmes d’intégration permettent aux collaborateurs-trices de s’ouvrir et de surmonter leurs préjugés.
Martin Moll, directeur adjoint du magasin d’IKEA de Lyssach, est convaincu que d’autres entreprises devraient également proposer des programmes d’intégration au travail pour les personnes réfugiées. Il voit dans ces programmes une opportunité dont les deux parties – entreprises et participant-e-s – peuvent profiter. C’est également ce qu’a montré une étude qui a analysé les expériences de 100 moyennes et grandes entreprises allemandes qui emploient des réfugié-e-s: les entreprises ont pu obtenir un meilleur positionnement sur le marché et une meilleure productivité, ainsi qu’une plus grande satisfaction des collaborateurs-trices et de meilleurs taux de rétention. Kathrin Käser Diallo, responsable des ressources humaines, souligne: «Nous donnons peut-être une première chance aux participant-e-s, mais ils méritent leur place».
En discutant avec les collaborateurs d’IKEA à Lyssach, on peut entendre la recette du succès. Les programmes d’intégration s’intègrent parfaitement dans les valeurs et la culture d’entreprise d’IKEA. La collaboration se fait d’égal à égal et avec une estime mutuelle. Les défis et les incertitudes sont abordés de manière proactive. Depuis qu’IKEA Suisse a commencé à intégrer des réfugié-e-s au travail en 2016, plus de 250 personnes ont déjà participé aux programmes, et 60% d’entre elles sont restées à long terme chez IKEA. Après avoir dépassé l’objectif de soutenir 2500 réfugié-e-s dans l’intégration professionnelle à l’échelle mondiale, IKEA s’est engagé, lors du Forum mondial sur les réfugiés 2023, à soutenir 3000 réfugiés supplémentaires dans le monde d’ici fin 2027.