Un grand engagement, mais peu de soutien

Anja Klug, cheffe du bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein, estime que les conclusions de cette première analyse complète des communautés dirigées par des réfugiés est claire. "Nous recommandons à tous les acteurs, y compris nous-mêmes, de promouvoir et de développer la collaboration avec les organisations dirigées par des réfugiés", déclare-t-elle. En dépit des différents défis auxquelles elles font face, les organisations dirigées par des réfugiés (Refugee-led organizations, abrégé RLO, en anglais) ont de nombreuses forces, telles que la capacité d'adaptation, un sens aigu de la solidarité et la volonté de coopérer. A cela s'ajoute une expérience partagée de la fuite et une grande proximité avec d'autres personnes réfugiées. Ces communautés ont donc un rôle clé à jouer pour atteindre les réfugiés et favoriser le succès de leur intégration.

Avec un soutien ciblé et un meilleur financement, les organisations dirigées par des réfugiés pourraient encore bien mieux utiliser leurs atouts. C'est également la conclusion de l'auteur de l'étude, Haile Kassa Hailu: "Si la contribution de ces communautés est davantage reconnue et qu'elles reçoivent l'aide nécessaire, elles pourront jouer un rôle beaucoup plus important dans l'accueil et l'intégration des réfugiés".  

Première recherche sur le sujet en Suisse et au Liechtenstein 

Plus de 100 communautés ont pu être identifiées dans le cadre de ce "mapping", mené entre août 2021 et août 2022. Parmi elles, 38 organisations dirigées par des réfugiés et destinant leurs activités aux personnes réfugiés ont pu être incluses dans la recherche. 

Des représentants de ces associations ont tout d‘abord été invités à des ateliers, avant de répondre à un questionnaire. Les informations récoltées donnent un aperçu de leurs activités, de leurs motivations et de leurs objectifs, ainsi que sur leurs forces et les défis auxquelles ces communautés sont confrontées. Enfin, les résultats de l'enquête ont permis d'élaborer des recommandations qui s'adressent aux autorités nationales, cantonales et communales, aux acteurs de la société civile, au monde académique ainsi qu'aux communautés elles-mêmes.  

Principales conclusions et recommendations  

Les principaux enseignements concernant les communautés de réfugiés sont les suivants: 

• Les hommes ont une présence dominante: Plus des deux tiers des organisations interrogées sont dirigées par des hommes, les membres ne sont majoritairement des femmes que dans un peu plus de 18 pour cent des communautés.
  

• Les jeunes membres sont une minorité: Dans seulement 11 pour cent des communautés, les membres sont âgés en majorité entre 15 et 30 ans. Dans la moitié des communautés, l'âge des membres est majoritairement compris entre 30 et 50 ans.
  

• Regroupement au sein de la diaspora: Dans près de trois quarts des organisations, les membres ne proviennent que d'un seul pays.
  

• L'intégration est l'une des motivations principale: Les deux principales motivations pour la fondation d'organisations dirigées par des réfugiés sont de soutenir les personnes nouvellement arrivées en Suisse et de les aider à s'adapter à la vie dans leur nouveau pays. Viennent ensuite "le maintien de la culture et des traditions du pays d'origine", "le maintien des contacts avec les compatriotes" et "le maintien de la langue du pays d'origine". 
  

• Activités dans de multiples domaines: Presque toutes les organisations (97%) sont actives dans le domaine culturel. Les activités éducatives arrivent en deuxième position (63 pour cent). 50 pour cent ont des offres principalement destinées aux femmes, 37 pour cent aux enfants et aux jeunes.
  

• Une large palette de propositions: Les repas et les fêtes en commun, les conseils sur la vie dans le pays d'accueil (travail, logement, santé, etc.), les cours de langue, l'aide à la communication avec les autorités (traduction et rédaction de lettres, procédures administratives, etc.) et les cours d'intégration sont les principales offres des communautés.
  

• Financement incertain: Moins de 20 pour cent des organisations citent les subventions publiques comme principale source de financement. Près de 80 pour cent s'appuient sur des dons privés ou les recettes de manifestations. Le soutien d'acteurs religieux n'est guère pertinent pour les personnes interrogées (3 pour cent).
  

• Des contacts lacunaires: Les communautés sont des représentants légitimes des personnes réfugiées pour établir des relations ou collaborer avec des acteurs clés sur le terrain. Cependant, les résultats de la recherche montrent que la coordination et la coopération entre les communautés et les principaux acteurs dans le domaine de l'asile sont très limitées. Il est rare que des coopérations significatives soient mises en place. La coopération entre les communautés s'est également avérée très restreite.
  

Sur la base de ces résultats, le rapport recommande de poursuivre les recherches sur les communautés dirigées par des réfugiés et leur rôle en Suisse et au Liechtenstein. Avec un soutien approprié et un meilleur financement, ces communautés seraient en mesure de mieux exploiter leur potentiel en matière d'intégration des réfugiés.   

Le rapport (version partielle) est disponible en ligne et peut être téléchargé ici. 

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• Rapport complet en anglais
• Rapporto parziale in italiano

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