Près de 1,6 million de déplacés internes ukrainiens souffrent du conflit
Près de 1,6 million de déplacés internes ukrainiens souffrent du conflit
Le conflit en Ukraine entre dans sa quatrième année et près de 1,6 million de déplacés internes ukrainiens luttent pour leur sécurité, pour trouver un logement décent et pour gagner leur vie. Dans les zones proches de la ligne de contact, les tirs d’artillerie continuent d’endommager les infrastructures civiles, provoquant de nouveaux besoins humanitaires et des risques de déplacements de populations. La sécurité reste un souci majeur pour près de 800 000 personnes vivant à proximité de la ligne de contact dans les régions de Donetsk et de Luhansk, à l’est du pays.
En juin dernier, le service national ukrainien des gardes-frontières (SBGS) a enregistré plus de 1,1 million de personnes qui ont passé la ligne de partage dans l’est de l’Ukraine. Le HCR craint pour la liberté de mouvement des civils, surtout durant la traversée de la ligne de conflit. Il y a fréquemment de longues files d’attente et d’importants retards aux points de contrôle. Les personnes qui attendent de pouvoir traverser n’ont qu’un accès limité aux services essentiels tels que des points d’eau potable, des latrines, des abris contre les intempéries et des soins médicaux.
Cette situation génère des souffrances accrues pour les personnes à mobilité réduite ou ayant des besoins spécifiques, notamment les personnes âgées et les mères qui voyagent avec de jeunes enfants. Cette année, le HCR a apporté une assistance technique pour améliorer les conditions dans l’ensemble des points de passage et réduire ainsi les délais d’attente.
Depuis le début de 2016, près de 586 000 retraités et personnes âgées résidant dans la zone de conflit ne touchent plus leur pension de retraite par suite des procédures de vérification mises en place par le Gouvernement ukrainien. Cette décision a été lourde de conséquences pour les groupes les plus vulnérables, car nombre d’entre eux n’ont pas d’autre source de revenu que leurs retraite et allocations sociales.
Les personnes qui vivent dans des zones échappant au contrôle gouvernemental doivent se faire enregistrer en tant que déplacés internes auprès des autorités ukrainiennes pour pouvoir toucher les pensions de retraite et les allocations sociales auxquelles elles ont légitimement droit. Le HCR et ses partenaires plaident pour que les personnes déplacées aient pleinement accès aux services et aux allocations publics quel que soit leur lieu de résidence.
Les déplacements ont surtout touché les groupes vulnérables, dont plus de 50 000 personnes handicapées qui ont été forcées de fuir leur foyer. Outre le manque d’accès aux services élémentaires, ces personnes sont souvent confrontées à des difficultés supplémentaires et à des discriminations fondées sur leur handicap, leur origine ethnique ou leurs croyances religieuses.
Au moins 40 communautés proches de la ligne de partage n’ont qu’un accès réduit aux services médicaux. Environ 150 centres de santé ont été endommagés depuis le début du conflit et le personnel médical a quitté la zone.
Les enfants vivant dans les zones touchées ont difficilement accès à l’éducation étant donné l’absence de sécurité et le délabrement des bâtiments scolaires. Au moins 700 écoles ont été endommagées depuis le début du conflit, dont 55 ont été directement touchées depuis le début de l’année. En 2017, 89 écoles ont pu être réparées avec l’assistance du HCR.
La destruction des logements civils est bien plus importante que prévu et, dans certaines communautés proches de la ligne de front, 40 à 60 maisons sont endommagées chaque semaine. Plus de 10 000 maisons endommagées doivent être remises en état. En 2017, le HCR et ses partenaires pour les abris ont contribué à la réparation de plus de 1000 logements civils, ce qui ne représente qu’une fraction des besoins vu que les tirs d’artillerie persistants et le manque de sécurité empêchent d’accéder à nombre des nouveaux quartiers démolis.
Au cours des derniers mois, le HCR a animé dans dix régions d’Ukraine 123 groupes de discussion auxquels ont participé des personnes touchées par le conflit, dont des femmes, des orphelins, des handicapés, des personnes ayant de sérieux problèmes de santé et des LGBTI. Le rapport de synthèse de cette évaluation participative présente les récits et témoignages directs des familles déplacées.
Outre les problèmes de sécurité, d’accès aux services élémentaires, de logement et d’emploi, les résidents des communautés proches du front révèlent que des maisons civiles sont réquisitionnées à des fins militaires. Le stationnement d’armes et de combattants dans des zones résidentielles met la population civile en danger lors des combats.
Le HCR réitère son appel à toutes les parties au conflit à veiller à protéger les civils et les installations civiles des conséquences des combats et des tirs d’artillerie et à ne plus utiliser les logements civils à des fins militaires.