"Les personnes réfugiées sourdes et malentendantes sont confrontées à des barrières similaires dans le monde entier".
"Les personnes réfugiées sourdes et malentendantes sont confrontées à des barrières similaires dans le monde entier".
Plus de 4000 participantes de 168 pays, dont plus de 300 réfugié-e-s délégué-e-s, se sont réunies pendant deux jours à Genève en décembre dernier pour le Forum mondial sur les réfugiés. Quelques mois plus tard, est-ce que tout est oublié? Bien au contraire.
Comme l'a souligné le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi: "Aussi excitantes et impressionnantes que soient les promesses du Forum, nos efforts doivent maintenant se concentrer sur leur mise en œuvre."
Cette énergie anime également Sarah Guidi, qui occupe différentes fonctions au sein de DIMA. L'organisation s'engage depuis 20 ans pour les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s en Suisse alémanique en proposant des cours de langue et d'intégration ainsi que des services de communication et l'intégration sur le marché du travail. DIMA s'est mobilisée lors du dernier Forum et poursuit son engagement.
Madame Guidi, pourquoi avez-vous décidé de vous engager avec DIMA dans le Forum mondial sur les réfugiés 2023?
Parmi les réfugié-e-s, il y a aussi des personnes sourdes, malentendantes et malvoyantes. Notre expérience montre que, par ignorance, les besoins spécifiques de ce groupe cible ne sont souvent pas suffisamment pris en compte, ce qui fait qu'ils et elles ne sont pas traité-e-s sur un pied d'égalité durant la procédure d'asile et d'intégration. Avec notre projet "Migrant-e-s et réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s" et des nombreuses personnes sourdes et malentendantes qui se sont réfugiées en Suisse en raison de la guerre en Ukraine, nous nous occupons depuis deux ans encore plus intensément de ce groupe cible. Nous avons été informés du Forum à l'été 2023. Pour nous, il a tout de suite été clair que nous voulions nous engager à cette occasion pour rendre les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s plus visibles et de présenter notre engagement.
Aviez-vous des attentes particulières?
Notre objectif principal était d'attirer l'attention sur le fait que les personnes réfugiées souffrant d'un handicap auditif existent aussi et qu'elles ont des besoins spécifiques dans la procédure d'asile et d'intégration. Elles doivent être traitées sur un pied d'égalité. Nous avions en outre l'espoir d'élargir notre réseau, notamment en Suisse mais aussi à l'étranger. Nous sommes en effet convaincus que les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s du monde entier sont confronté-e-s à des barrières similaires et que ces personnes peuvent également être aidées par un réseau et le partage de bonnes pratiques.
Qu'est-ce que cela vous a apporté?
Grâce à notre engagement, nous avons pu élargir considérablement notre réseau en Suisse, ce qui a permis à DIMA et à nos offres d'être mieux connues. Nous sommes convaincus que cela permettra notamment aux personnes sourdes et malentendantes qui se réfugient en Suisse de nous trouver plus rapidement et de profiter ainsi d'offres d'intégration adaptées. Pour les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s, le contact avec d'autres personnes sourdes et malentendantes est absolument nécessaire pour ne pas être isolés et pour avoir accès aux services existants.
Pourquoi cet engagement est-il important pour vous?
Les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s sont un groupe cible important pour nous. Dans notre travail quotidien, nous voyons de nombreux obstacles auxquels ils et elles sont confronté-e-s. Grâce à notre engagement, nous pouvons au moins en réduire certains.
"Nous souhaitons nous engager dans un réseau mondial d'organisations qui s'occupent des réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s".
Quels sont vos projets pour le futur?
Nous avons plusieurs projets dans le cadre de notre projet actuel "Migrant-e-s et réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s". Entre autres, nous poursuivons notre travail de sensibilisation. Nous sommes en train de développer du matériel pédagogique sur le thème "Mes forces" (empowerment), qui renforce la confiance en soi des personnes sourdes et malentendantes issues de l'immigration, et nous aidons les réfugié-e-s sourd-e-s et malentendant-e-s à accéder davantage aux offres existantes. Nous prévoyons également d'organiser un atelier à la fin du mois d'août 2024, auquel nous inviterons différents acteurs du domaine de la surdité et de l'asile/migration. Le but sera de réfléchir ensemble à la manière dont nous pouvons abolir d'autres barrières. En collaboration avec un réalisateur sourd et un réalisateur entendant, nous sommes également en train de réaliser un court métrage sur les réfugié-e-s sourd-e-s.
Nous avons participé au Forum avec une bonne pratique. Mais nous souhaitons également soumettre prochainement un engagement (pledge).
Dans un avenir plus lointain, nous souhaitons nous engager dans un réseau mondial d'organisations qui s'occupent des réfugiés sourds et malentendants.
Si vous vouliez convaincre une autre organisation de s'engager également, que diriez-vous à ses responsables?
Nous pouvons vivement recommander à toutes les organisations qui s'occupent des réfugié-e-s de participer au Forum. S'engager ensemble pour un objectif et s'inspirer mutuellement est une chose merveilleuse et génère non seulement beaucoup de motivation pour le travail quotidien, mais constitue également une approche efficace pour atteindre réellement les objectifs.