Le risque de décès dus à la famine croit dans plusieurs régions d’Afrique et au Yémen
Le risque de décès dus à la famine croit dans plusieurs régions d’Afrique et au Yémen
Il affecte les populations de la Corne de l’Afrique, du Yémen et du Nigéria. Cet appel intervient dans un contexte de sécheresses qui affectent également de nombreux pays voisins. Le déficit de financement est grave au point qu’une crise humanitaire évitable dans la région, peut-être pire que celle de 2011, pourrait devenir rapidement inévitable.
Le déplacement augmente, ce qui nous oblige à revoir à la hausse nos estimations de déplacements pour 2017. Au Soudan, par exemple, où notre estimation initiale était de 60 000 arrivants depuis le Soudan du Sud en 2017, nous révisons le total prévu à 180 000. De même, en Ouganda, nous révisons actuellement nos prévisions, de 300 000 à 400 000 déplacés.
Au total, quelque 20 millions de personnes dans ces pays se trouvent dans des zones touchées par la sécheresse, dont 4,2 millions d’entre elles sont des réfugiés. Les récoltes sont mauvaises, le conflit au Soudan du Sud combiné à la sécheresse entraîne la famine et la fuite en exil des réfugiés, l’insécurité en Somalie génère une augmentation des déplacements internes et les taux de malnutrition sont élevés, en particulier chez les enfants et les mères allaitantes. Dans la région de Dollo Ado, au sud-est de l’Éthiopie, par exemple, les taux de malnutrition aiguë chez les réfugiés somaliens récemment arrivés et âgés de 6 mois à cinq ans se situent entre 50 et 79 pour cent.
Les enfants représentent la majorité des réfugiés (62%, par exemple, dans le cas des réfugiés ayant fui le Soudan du Sud). Par ailleurs, comme c’est le cas avec d’autres réfugiés, presque tous dépendent de l’aide alimentaire par l’intermédiaire de notre agence-sœur, le PAM. Sans argent pour acheter de la nourriture, leurs rations alimentaires sont cependant coupées. A Djibouti, les rations ont été réduites de 12 pour cent ; en Éthiopie, en Tanzanie et au Rwanda de 20 à 50 pour cent, et en Ouganda jusqu’à 75 pour cent. De nombreux réfugiés n’ont pas pleinement accès aux moyens d’existence, à l’agriculture ou à la production alimentaire, ce qui limiter leur capacité à subvenir à leurs propres besoins.
Dans ce contexte, les risques pour les enfants peuvent être particulièrement importants. Beaucoup sont déscolarisés. Au Kenya, 175 000 élèves, dans des zones de sécheresse, ont cessé d’aller à l’école. En Ethiopie, près de 600 écoles ont été fermées. Au total, environ cinq millions d’enfants pourraient, au cours des prochaines semaines et des mois à venir, pourraient cesser d’aller à l’école.
À l’intérieur de la Somalie, les dynamiques de déplacement interne évoluent également. Un demi-million de personnes sont déplacées depuis novembre, dont 278 000 d’entre elles l’ont été au premier trimestre 2017. Plus de 72 000 personnes ont rejoint la capitale Mogadiscio. Quelque 69 000 autres personnes se sont dirigées vers Baïdoa, dans le sud-ouest du pays. La Somalie est le théâtre d’une situation complexe de sorties et de retours (principalement depuis le Yémen).
Dans les régions affectées par la famine au Soudan du Sud, où les agences des Nations Unies avaient prévenu, en février, que les combats, l’insécurité, le manque d’accès à l’aide et l’effondrement de l’économie avaient généré une situation de famine pour 100 000 personnes dans certaines régions du pays. Un million d’autres pourraient souffrir de la famine sous peu.
Le Yémen connaît la plus importante crise humanitaire au monde. Près de 19 millions de personnes y ont besoin d’aide humanitaire ; environ 17 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire. Les besoins alimentaires sont cités comme le principal facteur de déplacement dans 75% des endroits où se trouvent des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Dans le nord du Nigéria, sept millions de personnes souffrent actuellement d’insécurité alimentaire et ont besoin d’aide. La situation est particulièrement dégradée dans les régions de Borno, Adamawa et Yobo où, d’ici juin, quelque 5,1 millions de personnes pourraient être classifiées parmi les phases 3 à 5 de sécurité alimentaire (les plus mauvaises).
Le HCR intensifie ses efforts avec ses partenaires. Nous rappelons à la communauté internationale que la sécheresse dans la Corne de l’Afrique en 2011 avait causé la mort de plus de 260 000 personnes, dont plus de la moitié étaient des enfants âgés de moins de cinq ans. Un nouvel épisode de famine doit être évité à tout prix. Nos opérations au Soudan du Sud, en Somalie et au Yémen sont aujourd’hui financées entre 3 et 11 pour cent seulement. Il est désormais urgent de combler ces pénuries de fonds.
Le Haut Commissaire du HCR, Filippo Grandi, assistera à une conférence extraordinaire de haut niveau à Berlin demain, le 12 avril 2017. Cette réunion intitulée « Appel de Berlin pour une aide humanitaire conjointe contre la famine », organisée par le Ministre fédéral allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, réunira les pays donateurs et des partenaires humanitaires, ainsi que des acteurs locaux, pour passer en revue et sensibiliser davantage à la situation humanitaire fortement préoccupante dans les pays affectés.