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Le HCR est préoccupé par le chaos aux points de passage frontière

Communiqués de presse

Le HCR est préoccupé par le chaos aux points de passage frontière

23 février 2016 Egalement disponible ici :

Le 17 février, l'Autriche a annoncé qu'elle allait limiter les entrées sur son territoire à 3200 personnes par jour et qu'elle n'accepterait que 80 nouvelles demandes d'asile par jour. La Slovénie a également annoncé des restrictions semblables pour l'entrée sur son territoire. Ces récentes mesures restrictives risquent de violer le droit européen et de saper les efforts pour une approche globale et coordonnée dans la réponse à la crise des réfugiés et des migrants en Europe.

Par ailleurs, le 18 février, les chefs des services de police de l'Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Serbie et l'ex-République yougoslave de Macédoine ont publié une déclaration annonçant leur accord pour œuvrer conjointement au profilage et à l'enregistrement des réfugiés et demandeurs d'asile à la frontière entre l'ex-Yougoslavie République de Macédoine et la Grèce, ainsi qu'adopter des mesures supplémentaires pour gérer la situation.

L'action coordonnée peut aider à la gestion des mouvements de migration mixte. Toutefois la déclaration est interprétée différemment selon les pays, ce qui entraîne une augmentation des risques en matière de protection des réfugiés et des demandeurs d'asile, en particulier ceux ayant des besoins spécifiques comme les enfants non accompagnés et séparés. Les risques comprennent l'absence d'un enregistrement approprié en conformité avec les normes européennes et internationales, la sélection des personnes sur la base de la nationalité et d'autres critères plutôt que les besoins en matière de de protection, la probabilité accrue de refoulements et de chaos aux points de passage frontière avec des personnes bloquées à la frontière en plein air, exposées aux basses températures ainsi qu'aux risques de violence et d'exploitation aux mains de passeurs et de trafiquants attendant de profiter de leur vulnérabilité.

Ces pratiques sapent également les Conclusions du Conseil européen adoptées la semaine dernière rappelant que, pour entrer dans l'Union européenne sans document de voyage adéquat, les personnes ont besoin de déposer une demande d'asile en arrivant dans un pays de l'UE.

L'effet domino des quotas quotidiens d'entrées mis en œuvre par l'Autriche et la Slovénie ainsi que leur approche conjointe avec la Croatie, la Serbie et l'ex-République yougoslave de Macédoine ont déjà donné lieu à une accumulation de réfugiés, de demandeurs d'asile et de migrants en Grèce et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine où près de 700 personnes, principalement des ressortissants afghans, n'ont pas pu accéder en Serbie. Pour soutenir une approche commune ainsi que dissiper les craintes et le chaos potentiels, les États doivent informer les réfugiés et les demandeurs d'asile sur les procédures, y compris détailler clairement les critères d'accès à l'admission, au système d'asile ou au retour, et ce en conformité avec les lois applicables.

Le HCR et ses partenaires viennent en aide aux personnes relevant de leur compétence et fournissent un appui aux Etats dans le cadre de leur réponse à la crise d'urgence à travers l'Europe. Depuis le début de la crise l'été dernier, ils exhortent les pays à mettre en œuvre des mesures de planification d'urgence et à assurer des conditions d'accueil adéquates, y compris pour le logement, la nourriture et l'accès aux procédures d'asile. Le HCR progresse de façon satisfaisante pour fournir des logements à 20 000 demandeurs d'asile en Grèce afin de stabiliser la situation et réduire les mouvements secondaires irréguliers. Toutefois, davantage de soutien et de solidarité envers la Grèce est nécessaire, y compris avec davantage de places de réinstallation.

Environ 85% des arrivants en Europe sont originaires des dix premiers pays générateurs de réfugiés. La plupart fuient la guerre et la persécution. Ils ont besoin d'une protection internationale. Ils risquent leur vie ainsi que celle de leurs enfants, en fuyant les tragédies inhumaines dues aux conflits et aux persécutions dans leur pays d'origine – comme à Alep qui fait à nouveau la une des actualités. Pourtant, semaine après semaine, il semble que certains pays européens se concentrent sur la façon de contenir les réfugiés et les migrants hors de leurs frontières plutôt que de gérer de façon responsable les afflux et la recherche de solutions communes. Certains Etats déplacent le problème plutôt que de partager les responsabilités et de faire preuve de solidarité entre eux ainsi qu'avec les personnes ayant besoin de protection.

Une stratégie coordonnée et globale fondée sur la responsabilité partagée, la solidarité et la confiance entre tous les Etats européens travaillant ensemble est la seule façon de répondre à la situation d'urgence actuelle.

Le HCR continuera de fournir un appui aux Etats pour aider à gérer la situation avec humanité et conformément aux normes internationales, y compris en fournissant un appui à la reception et dans les systèmes d'asile, ainsi que pour l'identification et le soutien des personnes ayant des besoins spécifiques, comme les familles dirigées par des femmes, les enfants séparés ou non accompagnés, les personnes âgées ou les réfugiés handicapés. Le HCR exhorte également à la création et à l'expansion des alternatives crédibles pour que les réfugiés puissent rejoindre la sécurité en Europe et ailleurs, et pour assurer que les mouvements soient gérables et se déroulent dans la sécurité. Ces alternatives incluent un nombre accru de places de réinstallation, l'admission pour motif humanitaire, le regroupement des familles et les visas étudiant/travail.