Iraq: les combats s’intensifient à Tal Afar
Iraq: les combats s’intensifient à Tal Afar
Genève - Au nord de l’Iraq, des opérations ont débuté dimanche pour reprendre la ville de Tal Afar et le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, demeure préoccupé par la protection des civils iraquiens.
La ville de Tal Afar est située dans la province de Ninewa, à 65 km environ au nord-ouest de Mossoul. Des groupes armés extrémistes en avaient pris le contrôle en 2014. Avant le conflit, cette ville comptait environ 200 000 habitants. Depuis avril 2017, plus de 30 000 personnes ont fui le district de Tal Afar. Beaucoup d’entre elles résident dans des camps abritant d’autres familles déplacées, principalement de Mossoul.
Les agences humanitaires n’ont pas accès à Tal Afar depuis 2014, mais des milliers de personnes pourraient encore se trouver dans cette ville. Les conditions sont très difficiles, avec des pénuries de nourriture et d’eau potable, d’électricité et un manque de centres de santé. Selon certaines informations, les gens survivent avec juste de l’eau non potable et du pain depuis trois ou quatre mois.
Les familles ayant réussi à fuir cette zone ont encouru d’énormes risques. Beaucoup ont indiqué avoir vu des cadavres en cours de route et, selon certaines informations, des civils ont été tués par des groupes extrémistes. D’autres seraient décédés de déshydratation ou de maladies.
Les personnes quittant Tal Afar effectuent de longues distances à pied en quête de sécurité, sans nourriture ni eau et dans une chaleur brûlante. Elles sont souvent obligées de laisser derrière elles leurs proches les plus vulnérables (enfants, personnes âgées, handicapés) qui ne peuvent entreprendre un voyage périlleux.
Les arrivants sont physiquement épuisés et déshydratés. Beaucoup sont blessés par les tirs de snipers ou l’explosion de mines antipersonnel.
Les partenaires du HCR dans le domaine de la protection sont présents à ces points de rassemblement. Ils identifient et orientent les cas nécessitant une assistance spécifique, comme les enfants non accompagnés et séparés.
La dernière semaine, environ 1500 familles sont arrivées dans le centre de transit de Hammam Al Alil, où un abri de nuit et une assistance basique sont fournis.
De plus, des travaux d’installation ont été finalisés pour plus de 1000 parcelles familiales (pour 6000 personnes) dans un nouveau secteur, près de Mossoul. Ce site devrait ouvrir dans 10 jours environ.
Le HCR a également pris en charge la gestion du camp de Nimrud. Ce site pourra héberger jusqu’à 22 000 personnes déplacées depuis Tal Afar dans les prochains jours. De plus, environ 150 familles de Tal Afar ont trouvé abri dans des camps gérés par le HCR à l’est de Mossoul.
Le HCR craint que les civils iraquiens ne soient utilisés en tant que boucliers humains et que, durant leur tentative de fuite, ils soient exécutés. Nous appelons toutes les parties au conflit à permettre aux civils de quitter la zone de conflit et d’accéder à la sécurité.
Nous sommes également préoccupés par des témoignages selon lesquelles, dans certains cas, des familles irakiennes déplacées arrivant depuis Tal Afar se voient refuser l’accès à la sécurité dans des lieux ayant pourtant la capacité de les abriter. Nous sommes également préoccupés par les rapports de violence sexuelle et d'abus. Nous réitérons notre appel aux autorités iraquiennes à redoubler d’efforts pour assurer la prévention de ce type d’incidents. En Iraq, plus de trois millions de personnes demeurent déplacées en raison du conflit. Nous prévoyons de nouveaux déplacements dans les prochains mois, lorsque des opérations seront menées par les autorités iraquiennes pour reprendre le contrôle sur des zones tenues par les extrémistes et qui pourraient générer le déplacement de près de 100 000 personnes.
Les opérations humanitaires du HCR en Iraq demeurent sévèrement sous-financées. Une pénurie de financement pourrait mettre en péril nos efforts d’aide humanitaire. Nous avons d’urgence besoin de 126 millions de dollars cette année pour la construction de camps, le soutien aux rapatriés et l’aide hivernale.