Hongrie : Le refoulement de demandeurs d’asile vers la Serbie inquiète le HCR
Hongrie : Le refoulement de demandeurs d’asile vers la Serbie inquiète le HCR
Budapest - Ces nouvelles restrictions contreviennent aux lois européennes et au droit international. Le nombre des réfugiés et des migrants à la frontière entre la Serbie et la Hongrie s’élève maintenant à plus de 1400. La plupart des réfugiés à la frontière sont des femmes et des enfants qui sont particulièrement affectés par la dégradation de la situation humanitaire. Les États doivent garantir que ces personnes soient traitées avec humanité, dans la sécurité et la dignité, et qu’elles puissent déposer une demande d’asile si elles le souhaitent.
Les nouvelles restrictions sont entrées en vigueur le 5 juillet dernier. Elles étendent les contrôles aux frontières dans une zone de huit kilomètres à l’intérieur du territoire hongrois. Par ailleurs, la police est désormais autorisée à intercepter des personnes dans cette zone et à les refouler de l’autre côté de la clôture surmontée de fils de fer barbelés, souvent dans des régions reculées dépourvues des services essentiels. Les demandeurs d’asile doivent ensuite se rendre dans l’une des zones de transit le long de la frontière pour déposer une demande d’asile. Seules deux zones de transit sont actuellement fonctionnelles le long des 175 kilomètres de frontière, à Röszke et Tompa.
En moyenne, 15 personnes par jour sont admises dans chacune des deux zones de transit, selon le HCR. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, quelque 664 personnes au total ont déjà été renvoyées de l’autre côté de la clôture. De plus, les autorités ont considérablement renforcé la sécurité aux frontières avec 10 000 soldats et officiers de police ainsi qu’un drone et un hélicoptère de surveillance.
Le HCR continue de recevoir des informations sur des abus et des violences subis par les personnes lorsqu’elles sont appréhendées dans les zones de transit ou les centres de rétention gérés par la police. Nous avons reçu des informations faisant état de cas de morsures par des chiens policiers en liberté, d’utilisation de pulvérisateurs au poivre et de violences physiques. Le HCR a demandé aux autorités hongroises de lancer une enquête sur la base de ces informations. Début juin, le HCR a publié une déclaration après qu’un jeune Syrien ait trouvé la mort par noyade, car il aurait été poussé dans le fleuve Tisza.
Le HCR a par ailleurs qualifié d’insalubres les conditions endurées par les personnes qui attendent d’entrer dans les zones de transit. Des personnes seules et des familles dorment en plein air ou dans des tentes dans des champs boueux à côté de la clôture marquant la frontière. Les soins de santé et les installations d’assainissement sont des défis majeurs. Par ailleurs, les conditions d’hygiène sont loin d’être acceptables.
Plusieurs centaines de personnes sont hébergées par le gouvernement de la Serbie dans le point d’aide aux réfugiés près de Subotica, bien que la capacité initiale d’accueil soit largement dépassée. Dans ce contexte, les personnes pourraient recourir à des passeurs sans scrupules qui les exposent à des risques supplémentaires.
Le HCR, les partenaires et les ONG ont intensifié l’assistance, y compris via le gouvernement de la Serbie, en fournissant davantage de vivres, d’eau, de soins médicaux et autres types d’aide. Le HCR est également présent pour identifier les personnes ayant des besoins spécifiques. Le 8 juillet, les agences des Nations Unies en Serbie ont publié un communiqué de presse conjoint pour exprimer leur préoccupation face à une nouvelle détérioration de la situation des réfugiés et des migrants à la frontière entre la Serbie et la Hongrie.