Bangladesh: des jeunes filles rohingyas ont enfin la possibilité d'étudier
Bangladesh: des jeunes filles rohingyas ont enfin la possibilité d'étudier
Alinesa avait fui le Myanmar avec sa famille il y a 26 ans et ils ont trouvé la sécurité dans la région côtière de Cox’s Bazar, au sud-est du Bangladesh. C’est là qu’elle a grandi, dans le camp de réfugiés de Kutupalong, profitant au mieux des opportunités de scolarisation qui lui étaient refusées chez elle.
Ainsi, lorsqu’elle a appris que de nouveaux cours du soir allaient être mis en place pour les jeunes réfugiés nouvellement arrivés avec des enseignants bénévoles, elle n’a pas hésité un instant à se porter volontaire.
«Je tenais à leur faire la classe», explique-t-elle. «Ils venaient de nos communautés et ils n’avaient pas eu l’occasion d’aller à l’école. J’avais vraiment le sentiment qu’il était de ma responsabilité de leur assurer une scolarité… Ils auraient pu être des membres de notre famille, nos voisins. Je voulais les aider.»
Plus dela moitié des réfugiés rohingyas sont des enfants
Sur les quelque 700 000 réfugiés rohingyas qui ont fui la violence dans l’Etat de Rakhine du Nord depuis le mois d’août, 55 pour cent sont des enfants. Des facteurs tels que la pauvreté, l’exclusion sociale et l’insécurité ont tous contribué à limiter leur accès à l’éducation.
Alinesa a deux enfants et elle est seule à subvenir aux besoins de sa famille. De jour, elle donne cours dans une école pour enfants rohingyas enregistrés et nés à Kutupalong, un camp de réfugiés établi il y a plus de 25 ans. Le soir, elle donne en plus cours à deux classes de 40 élèves à la Ideal Primary School de Kutapalong, une école voisine gérée par CODEX, un partenaire du HCR.
Enfin aller à l'école
De nombreuses écoles et de nombreux centres provisoires d’enseignement travaillent actuellement en trois rotations de trois groupes d’élèves. La dernière session, appelée cours du soir, est dédiée aux réfugiés nouvellement arrivés. Rosina Akhter, 12 ans, est parmi celles qui n’ont encore jamais été à l’école.
«Je suis tellement heureuse d’avoir la chance d’aller à l’école», dit-elle timidement. «Je ne savais ni lire ni écrire avant d’arriver ici. Maintenant, j’apprends.»
Elle explique qu’il n’y avait pas d’école dans son village et que, du fait du manque de sécurité et d’argent, ni elle ni ses frères et sœurs n’ont jamais eu l’occasion d’aller à l’école.
Par ailleurs, au Myanmar, les jeunes filles sont souvent retirées de l’école pour aider les parents à gérer les entreprises ou les petits magasins. Mais depuis qu’elle a été admise comme élève, Rosina assure qu’elle n’a pas raté un seul cours. Elle rêve dorénavant de devenir enseignante, comme Alinesa.
Quant à Alinesa, elle explique que ses nouveaux élèves sont encore plus motivés que les autres. «Ils ont un désir énorme d’apprendre parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’aller à l’école au Myanmar.»
«Ils peuvent devenir des modèles»
«Mes élèves peuvent apprendre et ensuite donner cours aux autres membres de leur communauté», ajoute-t-elle. «Ils peuvent grandir et assumer des responsabilités dans leurs communautés, montrer la voie aux autres. J’espère que, lorsqu’ils seront adultes, ils auront plus d’opportunités.»