Les représentants du HCR, de l’UNICEF et du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan ont tiré la sonnette d’alarme et exhorté l’UE à intensifier ses efforts pour venir en aide aux personnes touchées par l’une des urgences humanitaires les plus graves et les plus négligées au monde.
Alors que la guerre au Soudan fait rage depuis près de 18 mois, le pays est confronté à l’une des crises de déplacement les plus importantes et à la plus forte croissance dans le monde. Près de 10,5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, dont 2,3 millions vers les pays voisins. Les besoins urgents concernent l’eau, la nourriture, les abris, les soins de santé, les aides en espèces, l’éducation, la protection et les articles de première nécessité. Les récentes inondations et les épidémies de choléra et de rougeole ont aggravé les risques de protection pour les groupes les plus vulnérables. Des dizaines de milliers de personnes, notamment des enfants, ont été victimes de violences, tuées ou blessées.
Plus de 25,6 millions de personnes sont exposées à la faim aiguë, et les plus vulnérables font face à la malnutrition. La famine confirmée dans le camp de déplacés internes de Zamzam, au Darfour, est la première à être documentée à l’échelle mondiale depuis 2017, tandis que 13 autres régions du Soudan sont menacées de famine.
« Il s’agit de la pire crise alimentaire enregistrée au Soudan depuis la guerre au Darfour au début des années 2000, qui a fait des centaines de milliers de victimes. Or, aujourd’hui, cette situation catastrophique n’est pas limitée à une région du pays », a déclaré Rainatou Baillet, Directrice adjointe a.i. du PAM au Soudan. « Elle s’étend à l’ensemble du Soudan et touche tous les États, y compris Khartoum, la capitale, et des régions comme l’État d’Al Jazirah, qui était autrefois le cœur agricole du Soudan. »
De graves violations des droits humains, telles que des attaques aveugles et des violences sexuelles et sexistes, ont lieu. Non seulement les enfants sont victimes de violences sexuelles, mais ils sont également recrutés et utilisés dans le conflit.
« L’ampleur et l’étendue des souffrances endurées par les enfants au Soudan, en raison d’une guerre qu’ils n’ont en rien provoquée, sont catastrophiques. Il s’agit d’une véritable crise de la protection de l’enfance », a indiqué Sheldon Yett, Représentant de l’UNICEF au Soudan. « L’UNICEF fait tout ce qu’il peut, avec ses partenaires, pour apporter de l’aide aux personnes dans le besoin, mais ce n’est pas suffisant. »
« Malgré l’impact massif du conflit au Soudan et dans la région, c’est une crise humanitaire négligée. »
– Kristine Hambrouck, Représentante du HCR au Soudan
« Des millions de personnes ont déjà été déracinées et l’ampleur des déplacements ne cesse d’augmenter. La combinaison du conflit en cours, de l’accès humanitaire limité et des récentes inondations a transformé la situation d’urgence au Soudan en plusieurs crises réunies en une seule. Sans une attention et un soutien urgent, les conséquences de l’inaction continueront à s’étendre bien au-delà des frontières du Soudan », a déploré Kristine Hambrouck, Représentante du HCR au Soudan.
Les contraintes d’accès, les risques liés à la sécurité et les défis logistiques, notamment la saison des pluies annuelle, rendent les opérations d’aide extrêmement difficiles. Malgré ces difficultés, le HCR, l’UNICEF et le PAM sont sur le terrain et travaillent avec leurs partenaires pour apporter une aide vitale partout où l’accès est possible.
Le HCR a considérablement augmenté ses ressources pour soutenir les communautés déplacées de force et les communautés d’accueil au Soudan, notamment les réfugiés et les demandeurs d’asile, en fournissant des abris d’urgence, de l’eau potable, des aides en espèces et des articles et services de première nécessité comme l’éducation, l’aide juridique et le soutien psychosocial. Dans les États du Darfour, grâce à des opérations transfrontalières menées depuis le Tchad, le HCR apporte une aide indispensable à des millions de personnes touchées par le conflit, l’insécurité alimentaire et les récentes inondations.
L’UNICEF reste sur place et assiste les quelque 14 millions d’enfants qui ont besoin d’une aide humanitaire. Son action consiste notamment à fournir des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi pour soigner environ 334 000 enfants dans tout le pays, à approvisionner 7,5 millions d’enfants et leurs familles en eau potable, et à fournir à 2,3 millions d’enfants et de personnes s’occupant d’eux des conseils psychosociaux, un soutien à l’apprentissage et une protection.
Le PAM est engagé dans une course contre la montre pour sauver des vies. Chaque jour, des centaines de camions transportant une aide alimentaire et nutritionnelle vitale prennent la route en direction des populations menacées de famine. Rien que cette année, le PAM a fourni une aide alimentaire d’urgence à 5,4 millions de personnes. Mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan face à l’ampleur de la crise. Il faut en faire encore plus si nous voulons avoir une chance d’enrayer la famine et d’éviter qu’elle ne s’étende.
Alors que les besoins de millions de personnes continuent d’augmenter, le HCR, l’UNICEF et le PAM lancent un appel urgent pour qu’une attention concertée et ciblée soit accordée aux besoins des personnes les plus touchées par cette crise. Ils demandent également un accès humanitaire sans entrave, le respect du droit international humanitaire et des droits humains, et la cessation des hostilités.
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