Encore quelques semaines de blocus intensif pour cartonner aux examens et Stephen (28 ans) aura terminé sa première année à la KU Leuven. Cet étudiant-réfugié originaire du Soudan du Sud a la possibilité d’étudier et de se construire un avenir en Belgique grâce au programme EU-Passworld, un couloir universitaire vers la Belgique. À Louvain, Stephen peut également compter sur Tuur (23 ans), son ‘buddy’ du groupe d’accueil.
Contrairement à la plupart des étudiants louvanistes, Stephen ne rentre pas chez lui le vendredi soir. En 2017, il a fui la violence et la guerre qui sévissent dans son pays d’origine, le Soudan du Sud. Comme des millions d’autres personnes en exil, il s’est retrouvé déplacé de force au Caire, la capitale égyptienne. La, il a la chance de bénéficier d’une bourse d’études DAFI pour personnes réfugiées et y a entamé des études d’infirmier, tout en faisant du bénévolat auprès de la Croix-Rouge : il aidait les médecins qui se rendent avec des cliniques mobiles dans les quartiers où vivent de nombreuses personnes réfugiées et migrantes. « J’ai aussi été volontaire pour l’organisation Save the Children », précise-t-il. « J’informais des personnes réfugiées et migrantes à propos des services auxquels elles avaient accès et sur certaines questions juridiques. Je réalisais des analyses des besoins, identifiais leurs problèmes et répondais à leurs questions sur l’accès à l’éducation, la santé et la protection. »
Stephen se sentait utile, mais il pensait aussi à son avenir. Lorsqu’il a entendu parler d’EU-Passworld, ce programme qui offre aux personnes réfugiées une voie d’accès sûre et réfulière vers un pays tiers pour y étudier, il n’a pas hésité à postuler. Les possibilités de bourses d’études pour les réfugiés en Égypte étant assez limitées, il n’avait donc jamais envisagé cette possibilité auparavant, et malgré un processus compétitif, Stephen a obtenu l’une des 3 places offertes par la KU Leuven. Grâce au soutien du HCR en Egypte et de son partenaire Catholic refugee Services (CRS), Stephen a pu être soutenu tout au long du processus de candidature auprès de l’université. Le HCR a par ailleurs travailler avec Fedasil et l’Ambassade de Belgique en Egypte pour faciliter l’arrivée de Stephen et de deux autres jeunes réfugiés en Egypte bénéficiaires de EU-Passworld en septembre 2023 en Belgique, pour poursuivre un master à la KU Leuven.
Stephen avait déjà un lien avec la Belgique avant de s’y installer : « Je suis fan de foot et je suivais les Diables Rouges », explique-t-il avec humour. Il s’est tout de suite senti à l’aise dans son nouvel environnement. « Louvain est une ville magnifique. Les rues sont vides, c’est calme et il y a plein de beaux bâtiments. C’était très différent du Caire, où il y avait énormément de monde. Ici, je me sens chez moi. »
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Stephen et son ami Tuur étudient la carte de Louvain © Caritas/Céline Jalil
L’un des points fort du projet EU-Passworld, un couloir universitaire vers la Belgique à l’initiative de Fedasil, Caritas International, et KU Leuven, et soutenu par le HCR en Belgique, est le groupe d’accueil mis en place par Caritas International. Le groupe s’assure que les étudiant-e-s soient bien entouré-e-s, et accompagne les étudiants dans leurs premiers pas à Louvain et est disponible en cas de problèmes ou de questions.
Tuur fait partie de ce groupe d’accueil, composé de volontaires : « J’ai été scout pendant des années », explique-t-il. « Je voulais faire quelque chose de nouveau et d’enrichissant pendant mon temps libre et j’ai vu sur Facebook une annonce de la ville de Louvain : recherche buddies pour des étudiants réfugiés. Cela m’a tout de suite attiré. » Cet engagement bénévole est également en lien avec les études de Tuur. « J’ai étudié l’histoire et ai consacré mon mémoire aux infrastructures d’accueil des réfugiés en Belgique de 2000 à 2010. J’y ai analysé les lieux d’arrivée des personnes réfugiées, mais aussi les initiatives citoyennes pour les soutenir et les services auxquels elles ont accès. A sa manière, notre groupe d’accueil est une infrastructure d’arrivée. Grâce aux entretiens menés pour ma thèse, je sais à quel point il est important, pour une personne réfugiée, de pouvoir compter sur quelqu’un qui l’accompagne dans ses premiers pas en Belgique. »
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« La première chose que nous avons faite ensemble ici à Louvain ? Acheter un vélo ! », racontent en riant Stephen et Tuur. La monture en acier rouge vif, qui trône dans le kot de Stephen, l’accompagne dans tous ses déplacements : à l’université, chez ses amis, à la gare, dans les bois d’Heverlee pendant le week-end…
Stephen, à vélo à Louvain ©Caritas/Céline Jalil[/caption]
« Le groupe m’aide dans de nombreux domaines », confirme Stephen. « Une des volontaires anime des tables de conversation pour apprendre le néerlandais. J’y participe dès que j’en ai l’occasion. Je vais parfois aussi me promener avec elle. Et j’ai envoyé mon mémoire de fin d’année à un des membres du groupe qui est prof, pour qu’il le relise. C’est un peu comme si j’avais une famille ici. Quand je pense à quelque chose ou qu’il m’arrive quelque chose, il me suffit d’envoyer un email et ils et elles réagissent. »
Malgré cela, la vraie famille de Stephen lui manque. « Je n’ai pas vu ma mère et mon frère depuis sept ans. Ils sont très loin, c’est difficile. Pour ma mère aussi, c’est dur. Elle est triste parce que je lui manque, mais elle est aussi très fière de moi. Quand j’ai un coup de blues, je me motive en me disant que je suis sur la bonne voie. Et que je peux avoir une influence positive sur d’autres personnes réfugiées qui partagent les mêmes rêves. »
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Tuur, le ‘buddy’ de Stephen, sur la place Ladeuze à Louvain © Caritas/Céline Jalil
À la KU Leuven, Stephen poursuit un master en anthropologie. Une évidence pour lui, après avoir obtenu son diplôme d’infirmier. « Mes études d’infirmier au Caire étaient axées sur la pratique, tandis qu’à Louvain je suis des cours théoriques », explique-t-il. « Travailler avec des personnes aux parcours différents, comme les personnes migrantes ou réfugiées, m’a toujours intéressé. Etudier l’anthropologie me permettra d’acquérir davantage de connaissances et de compétences pour bien comprendre les gens, et de pouvoir travailler avec des personnes de cultures différentes. C’est ce que je veux faire plus tard. »
Stephen est également actif comme volontaire : chaque matin, il prend le train pour rejoindre Pacheco 44 à Bruxelles, l’endroit où les personnes en demande de protection internationale doivent s’enregistrer lors de leur arrivée en Belgique. « Avec d’autres volontaires de Vluchtelingenwerk Vlaanderen, je leur donne des informations et réponds à leurs questions », explique-t-il. « J’aime aider les gens qui en ont besoin. Et cela me permet de pratiquer mon néerlandais avec les autres étudiants volontaires ». Stephen cherche en effet à élargir son cercle d’amis et amies. « En Egypte, j’ai rencontré beaucoup d’amis à travers le bénévolat. Nous formions une grande famille. Je vais donc maintenant me créer une nouvelle famille ici, comme je l’ai fait en Egypte. »
Stephen est l’un des premiers étudiants a arrivé en Belgique dans le cadre de ce nouveau couloir universitaire, et le HCR en Belgique continue de soutenir les partenaires de EU-Passworld pour s’assurer que cette opportunité puisse être offerte à un nombre grandissant d’étudiants réfugiés. En 2024, trois nouvelles universités ont décidé de se joindre à ce projet, d’offrir l’opportunité à un nombre grandissant de jeunes réfugiés de pouvoir continuer leurs études en Belgique, et à une diversité d’acteurs de la société Belge de participer à créer des communautés accueillantes.
Devenez ‘buddy’ en rejoignant une itiniative de parrainage près de chez vous
Ce texte est une version modifiée de l’article original publié par Caritas International (auteur : Bénédicte Van Paeschen) dans le cadre d’une collaboration entre le HCR et Caritas International.
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