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Le retour de l’espoir pour près de 30 000 réfugiés camerounais rentrés chez eux après un refuge au Tchad

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Le retour de l’espoir pour près de 30 000 réfugiés camerounais rentrés chez eux après un refuge au Tchad

25 Février 2025
Cameroon. Thousands of displaced people return home after years in Chad

Bachira Tom cuddles one of his goats in the shed. He caters to a small flock of sheep to sustain and meet the basic needs of his family.

Pendant deux ans, l'exil a été leur réalité. Ils avaient fui les violences intercommunautaires qui avaient ravagé le Logone Birni en 2021, laissant derrière eux maisons incendiées, champs dévastés et des proches perdus dans la tourmente des conflits entre éleveurs et pêcheurs. Aujourd'hui, un nouvel espoir se dessine. Le retour est progressif, volontaire, mais surtout porteur d'une énergie de reconstruction.

À Dilga Hemdan, un village autrefois meurtri par la guerre, les rires des enfants brisent enfin le silence qui pesait depuis trop longtemps. Les femmes, entourées de leurs familles, préparent des repas traditionnels, tissent des nattes colorées et reconstruisent leur quotidien, tandis que les hommes, regroupés sous les arbres, envisagent ensemble l'avenir. Là, au milieu de cette renaissance, se trouve Bichara Tom Eli, un berger d'origine arabe, dont l'histoire résume la résilience de tout un peuple.

Bichara a perdu neuf membres de sa famille durant les affrontements. Il se souvient encore du jour où il a dû traverser le fleuve Logone à la nage pour échapper à la mort. « J’ai tout perdu, mais je n’ai jamais perdu espoir. Si je suis revenu, c’est que la paix est réellement revenue », affirme-t-il, avec une détermination qui inspire toute la communauté.

Les racines du conflit remontent à une tension croissante entre éleveurs et pêcheurs, exacerbée par le changement climatique. La baisse des précipitations et la raréfaction des ressources ont intensifié les disputes autour des terres et de l'eau. En 2021, l'escalade de la violence a fait 44 morts et blessé plus de 100 personnes. Près de 44 000 Camerounais ont trouvé refuge au Tchad, tandis que 37 000 autres ont été déplacés à l'intérieur du pays.

Mais face à la douleur, des efforts de pacification ont émergé. Autorités, communautés locales, organisations humanitaires et partenaires internationaux ont collaboré pour instaurer un dialogue et rétablir la confiance. Le projet de consolidation de la paix (PBF) a été déployé, soutenant la réconciliation à travers l'agriculture, la justice communautaire et des activités économiques communes. Riziculture, élevage et pêche sont devenus des terrains de coopération plutôt que de conflit.

Des infrastructures essentielles ont été mises en place, notamment des forages d'eau, symboles d'une coexistence retrouvée. Ces efforts ont permis, en novembre 2023, le retour de 13 000 réfugiés au Cameroun.

Pour faciliter leur réintégration, le HCR, en collaboration avec les autorités tchadiennes et camerounaises, a mis en place un programme d'accompagnement. Une aide financière leur a été octroyée pour couvrir les frais de transport et relancer leurs activités économiques. De décembre 2023 à décembre 2024, 17 500 réfugiés ont ainsi pu rentrer chez eux en toute sécurité.

Cameroon. Thousands of displaced people return home after years in Chad
Bichara Tom Eli in the back cattle shed where he now caters to a small flock of sheep to sustain his family. © UNHCR/Moise Amedje

Monique Rudacogora, cheffe de la Sous-Délégation du HCR à Maroua, insiste sur l'importance du caractère volontaire du retour. « Les réfugiés décident librement de rentrer et nous ne faisons qu’accompagner leur choix », explique-t-elle. Ce modèle de retour spontané offre un espoir dans des contextes où les rapatriements organisés en convois ne sont pas toujours possibles.

Bichara Tom Eli est aujourd’hui un acteur central de la reconstruction de Dilga Hemdan. Aux côtés de ses voisins, il répare les maisons endommagées, aide à la réhabilitation des puits et participe activement à la revitalisation de l'économie locale. « Ceux qui sont encore au Tchad commencent à revenir. Ici, nous nous retrouvons, éleveurs et agriculteurs, à vivre ensemble, à travailler ensemble », témoigne-t-il.

Son engagement illustre une véritable dynamique de résilience collective. Loin d'être un simple retour, il s'agit d'une renaissance, portée par la volonté inébranlable de réconcilier un passé douloureux avec un avenir prometteur.

Depuis le début de la crise, près de 30 000 réfugiés camerounais installés au Tchad ont regagné leur pays d'origine. Derrière chaque retour, il y a une histoire de courage et de détermination. Il y a ces familles qui, après avoir tout perdu, reconstruisent patiemment leur vie, ces jeunes qui retrouvent leur chemin vers l'école, ces femmes qui réinventent leurs activités artisanales et ces hommes qui réapprennent à travailler côte à côte.

Ce retour marque plus qu'une simple migration inverse. Il révèle la force d'une communauté capable de surmonter l'adversité, d'apprendre de ses erreurs et d'avancer ensemble vers un avenir de paix et de prospérité partagée.

L’histoire de Dilga Hemdan et du Logone Birni est une preuve vivante qu'avec le dialogue, la solidarité et un accompagnement adapté, la paix peut réellement s'enraciner. Et pour Bichara Tom Eli et des milliers d'autres, ce n'est que le début d'un nouveau chapitre.