Gamara Arbab Adam, une réfugiée devenue entrepreneure et modèle de résilience au Tchad
Gamara Arbab Adam, une réfugiée devenue entrepreneure et modèle de résilience au Tchad

Gamara Arbab Adam, réfugiée soudanaise devenue entrepreneur et modèle de résilience au Tchad
Vingt ans après avoir fui les violences qui ravageaient son village de Doucouré au Soudan, Gamara Arbab Adam est aujourd'hui une figure emblématique de la résilience et de l'entrepreneuriat à Farchana, au Tchad. Elle a transformé un exil forcé en une opportunité de renouveau, devenant boulangère et formatrice, apportant espoir et autonomie à sa communauté.
Son histoire commence en 2004, lorsqu'elle et sa famille ont été contraintes de fuir leur foyer, marchant deux jours sans nourriture pour atteindre la frontière tchadienne. « Nous avons marché sans rien manger, seulement en buvant de l’eau, jusqu’à ce que nous atteignions la frontière », se souvient-elle. Arrivée à Farchana avec quelques vêtements, Gamara a fait face à d'innombrables difficultés, mais sa détermination ne l'a jamais quittée.
Elle a commencé par vendre du thé au marché, laver du linge, creuser des latrines et fabriquer des briques pour subvenir aux besoins de ses cinq enfants. En 2021, un tournant décisif a eu lieu : elle a été sélectionnée parmi 25 femmes pour suivre une formation à la fabrication de pain au lait, organisée par l’ONG HIAS (Hebrew Immigrant Aid Society) avec le soutien du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. En l’espace d’un mois et demi, elle a appris un nouveau métier, acquis les compétences nécessaires pour le développer et s'est organisée avec d'autres femmes pour la production et la vente. « Apprendre à faire du pain a changé ma vie. Cela m’a donné une source de revenus stable et m’a permis de transmettre mon savoir à d’autres femmes », raconte-t-elle fièrement.
Aujourd’hui, Gamara vend son pain aux réfugiés, aux humanitaires et aux habitants tchadiens, au marché du camp comme à celui de la ville de Farchana. Chaque jour, elle s’assure un revenu stable, gagnant entre 2 et 3 dollars, et renforce ainsi son autonomie et sa reconnaissance sociale. « Cette activité me redonne de la joie, pas seulement pour l'argent que je gagne, mais aussi pour la considération que j’en retire. Je suis fière de transmettre mon savoir à d'autres femmes », confie-t-elle avec enthousiasme.

Gamara vend son pain aux réfugiés, aux humanitaires et aux habitants tchadiens, au marché du camp comme et le marché de la ville de Farchana.
Son impact ne s’arrête pas à son propre succès. Elle est aussi un modèle de résilience pour d'autres femmes réfugiées et tchadiennes, partageant son savoir-faire avec 14 d’entre elles en 2023 et 15 autres en 2024. Dans le Bloc D de la Zone 1 du site de Farchana, elle est une inspiration pour la jeune génération. Fatimé, une apprentie boulangère, témoigne : « Ici, Gamara est un modèle. Nous voulons toutes lui ressembler. Incha’Allah, on y arrivera ».
Avec davantage de soutien, Gamara pourrait augmenter sa production pour répondre à une demande sans cesse croissante. Elle a déjà prouvé qu’avec du courage et de la persévérance, il est possible de rebâtir sa vie et de contribuer à celle des autres.
Comme l'affirme Antony Akumu Abogi, chef de sous délégation du HCR à Farchana : « Gamara incarne la résilience et l'autonomisation. Son parcours montre combien il est crucial de soutenir les réfugiées pour leur permettre de construire un avenir digne. Les femmes représentent 60 % de la population réfugiée, mais elles sont souvent privées d’accès aux ressources nécessaires pour leur autonomie. L’engagement de la communauté internationale est essentiel pour briser le cycle de la dépendance à l’aide humanitaire et favoriser une transition vers un développement durable ».
Les efforts du HCR et de ses partenaires visent à combler ces inégalités, reconnaissant que les femmes sont au cœur de la résilience des communautés et de la sécurité alimentaire. En les soutenant, le HCR ne se contente pas d’améliorer leurs conditions de vie, il leur offre les moyens de façonner un avenir plus stable et plus digne.