L'Afrique du Sud résorbe son retard dans le traitement des demandes d'asile
L'Afrique du Sud résorbe son retard dans le traitement des demandes d'asile
PRETORIA, Afrique du Sud, 6 juillet (UNHCR) - Chaque jour, une foule est massée aux portes des bureaux de réception des réfugiés dépendant du ministère de l'intérieur. Cette foule est composée de demandeurs d'asile qui ont souvent effectué des milliers de kilomètres pour finalement se rendre compte que la procédure d'attribution du statut de réfugié peut prendre des années en Afrique du Sud.
Le gouvernement est déterminé à résorber son retard dans le traitement des demandes d'asile, maintenant au nombre de 100 000, d'ici à l'année prochaine. Le succès de cette entreprise signifiera la fin de longs retards et de nombreux problèmes de papier d'identité auxquels doivent faire face le nombre croissant de ceux qui attendent la décision sur leurs demandes de statut de réfugiés.
« Notre gouvernement a pour objectif de gérer de front le retard dans le traitement des demandes d'asile », a indiqué Nosiviwe Mapisa-Nqakula, le Ministre de l'intérieur lors du lancement de la procédure le 20 juin, à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié.
« J'espère que les gens vont apprécier à juste titre cette volonté d'aller de l'avant, pour résoudre les problèmes des demandeurs d'asile et des réfugiés. Le gouvernement prend les moyens de faire décroître ce grand nombre de demandeurs d'asile dans le pays, auquel nous devons faire face aujourd'hui, dont le statut n'a pas encore été déterminé. »
Il y a quelques années, une première tentative, de moins grande envergure, avait été entreprise pour résorber le retard mais elle s'était soldée par un échec. Le résultat inverse s'était alors produit, le nombre de décisions et d'entretiens pour la reconnaissance en tant que réfugié avait augmenté. Quelques cas dataient de 1998.
Il n'y a pas de conflits ouverts dans les Etats voisins avec l'Afrique du Sud, mais le pays attire les demandeurs d'asile depuis toute l'Afrique et au-delà. Le chômage atteint un taux de 30 % en Afrique du Sud, mais par ses richesses, sa paix et sa croissance économique, elle constitue une source d'espoir pour les demandeurs d'asile et les migrants.
Selon les dernières statistiques gouvernementales disponibles, le nombre des cas de demande d'asile en cours de traitement qui ont été déposés avant juillet 2005 s'élevait à 103 410 début avril. La majorité d'entre eux étaient des candidats originaires de République démocratique du Congo pour un nombre de 13 376, soit 12,2 pour cent du total. Les personnes originaires du Zimbabwe arrivaient en seconde position avec un nombre de 11 026, soit 10,1 pour cent des candidats. Les autres pays d'origine étaient l'Ethiopie, le Pakistan et la Somalie. Les nouveaux candidats sont arrivés dans l'année précédant la période couverte par le projet de résorption du retard.
Le gouvernement a affecté du personnel pour diminuer le retard, seul défaut majeur de ce qui constitue sans doute l'opération record de traitement de dossier de réfugiés sur le continent africain. Le gouvernement n'oblige pas les réfugiés ou les demandeurs d'asile à rester dans les camps. Les personnes reconnues comme réfugiées disposent en fait des mêmes droits que les citoyens, à l'exception du droit de vote.
Des bureaux supplémentaires pour la gestion du retard ont été ouverts au Cap, à Durban, à Port-Elisabeth et à Johannesbourg-Pretoria. Bien que le lancement officiel ait été prévu pour le 20 juin, le travail avait déjà commencé et en mars, près de 8 000 cas en cours avaient été résolus, avec plus de 900 personnes reconnues comme réfugiées.
Malgré ce nouveau projet, rattraper le retard ne sera pas facile. Il y aussi le danger que le nombre de nouveaux demandeurs d'asile ne grimpe. Il y a eu une croissance du nombre de dossiers pendant les trois premiers mois en 2006. Le plus grand groupe de personnes venait du Zimbabwe, où la crise économique sans précédent avait d'abord généré un grand nombre de migrants mais relativement peu de demandeurs d'asile.
Le projet présente aussi des défis majeurs à l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les employés de l'UNHCR ont formé le nouveau personnel du ministère de l'intérieur l'année dernière en amont du projet. Ils ont commencé une nouvelle série de formations pour améliorer les connaissances et les compétences des fonctionnaires qui traitent des questions de réfugiés.
L'UNHCR contrôle la procédure des demandes d'asile et devra aussi veiller à assurer que les prises de décision accélérées se fassent dans le respect des standards du droit international. Il y a toujours un danger que la résorption du retard encourage des demandes d'asile sans fondement. L'augmentation des demandes serait suivie d'une augmentation de refus décidés à la hâte qui pourrait inclure des réfugiés ayant des motifs valables.
Mettre fin aux retards va éliminer la doléance la plus courante émise par les demandeurs d'asile. Cela pourrait aussi aider le gouvernement et l'UNHCR qui agissent pour éviter la confusion entre réfugiés et migrants économiques.
« Les Sud-Africains doivent se défaire de l'idée fausse selon laquelle l'Afrique du Sud est un pays envahi par les réfugiés et les demandeurs d'asile », a indiqué Malusi Gigaba, le Ministre adjoint de l'intérieur, lors d'une rencontre avec de jeunes réfugiés en juin. Il leur a dit être certain que ce projet va améliorer leur vie.
Ce point de vue a été repris par Ebrima Camara, le délégué régional de l'UNHCR, après que des réfugiés et des demandeurs d'asile se soient plaints de la lenteur de la procédure pour les demandes d'asile et des difficultés entraînées par ce retard.
« Le projet lancé la semaine dernière par le ministre a pour but de résoudre les problèmes que vous évoquez », a indiqué Ebrima Camara. « Il me semble que des efforts sont entrepris pour résoudre le problème à sa source, c'est-à-dire l'accès à la procédure d'asile. Nous devrions applaudir cette action. »
Par Jack Redden à Pretoria, Afrique du Sud