Des réfugiés congolais en Afrique du Sud choisissent de recommencer leur vie à Kinshasa
Des réfugiés congolais en Afrique du Sud choisissent de recommencer leur vie à Kinshasa
Lorsque Yanis Thsibangu a quitté Salongo, dans la périphérie de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, il pensait qu'il ne reverrait jamais la maison de son enfance. Sa mère avait reçu des menaces lui signifiant que sa vie était en danger en raison de son travail au sein de la commission électorale indépendante de la RDC. Mère célibataire, elle a décidé de fuir en Afrique du Sud avec Yanis, alors âgé de 14 ans, et sa petite sœur Grace.
Aujourd'hui âgé de 27 ans, Yanis est de retour à Salongo avec sa famille dans des circonstances plus heureuses. Il a été sélectionné pour jouer dans l'équipe nationale de rugby de la RD Congo et, plus tard ce mois-ci, il représentera son pays natal lors des qualifications pour la Coupe du monde en Ouganda.
Après avoir quitté Kinshasa, Yanis était déterminé à ce que son statut de réfugié ne soit pas une limite à ses ambitions. Dès son premier jour d'école, il a cherché à se faire des amis et, bien que parlant peu l'anglais, il a été élu délégué de sa classe. Son talent pour le sport a été mis en valeur par l'entraîneur de rugby de l'école, et il a ensuite joué pour l'université de Witwatersrand, à Johannesburg. Yanis considère que Nelson Mandela, qui a promu le rugby comme moyen de rapprocher les Sud-Africains noirs et blancs, est sa principale source d'inspiration.
« Il y a eu des coups durs mais, grâce à mon éducation, j'ai pu découvrir qui je suis. »
« Le sport a cette capacité de vous faire sentir comme si vous étiez chez vous », explique-t-il. « Vous faites partie d'une équipe où vous partagez tous le même but et les mêmes objectifs. Le sport m'a permis de m'intégrer et de m'adapter facilement. Il crée un lien et une connexion entre les gens, ce qui est très unique. »
Diplômé dans le domaine des médias, Yanis a également mené une carrière de photographe et de mannequin, et est copropriétaire de l'un des clubs les plus branchés de la ville, The Don Lounge, où il réunit son large cercle d'amis, à la fois des Sud-Africains et des jeunes de la diaspora. Avec son chapeau et ses lunettes en écaille, il est très élégant.
« Pour moi, l'Afrique du Sud a été une occasion d'apprendre beaucoup de choses », confie-t-il. « Il y a eu des coups durs mais, grâce à mon éducation, j'ai pu découvrir qui je suis. Le fait de rendre ce que j'ai reçu, en encadrant des jeunes des bidonvilles - des Sud-Africains et des réfugiés - et en leur faisant découvrir la photographie, en fait partie. L'un d'entre eux travaille maintenant comme photographe professionnel. »
Tous les réfugiés n'ont pas la même chance. Grace, la sœur de Yanis, a décidé qu'il était temps pour elle de rentrer au pays en raison des difficultés constantes pour obtenir les documents devant lui permettre d'accéder à certains services et de la discrimination dont elle a été victime. Par crainte du nombre croissant d'attaques contre des ressortissants étrangers, elle a décidé qu'elle ne voulait pas que sa fille Andrea grandisse sans avoir la nationalité en Afrique du Sud.
« Je ne sais pas par où je devrai commencer quand j'arriverai au Congo », dit-elle, « mais je sais que je finirai par y arriver. »
La famille Tshibangu fait partie du premier groupe d'environ 600 réfugiés congolais vivant en Afrique du Sud qui ont choisi le rapatriement volontaire cette année. Il y a environ 57 000 demandeurs d'asile et réfugiés congolais en Afrique du Sud. Les évaluations individuelles menées par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, permettent de s'assurer que tous les retours sont librement consentis et que les réfugiés ne retourneront que dans les régions de la RDC considérées comme sûres. Les familles rapatriées reçoivent une allocation pour le transport et une aide en espèces pour les aider à redémarrer leur vie.
« Le HCR nous a aidés dans le processus de rapatriement et a fait en sorte que tout se passe bien lorsque nous avons pris l'avion », déclare Yanis, qui encourage d'autres réfugiés congolais à envisager le retour. « Au final, nous étions très enthousiastes à l'idée de rentrer chez nous, très optimistes et pleins de joie, avec plein de projets aussi. »
Leur mère, qui a travaillé comme professeure d'anglais et de français à Johannesburg, a l'intention d'ouvrir une école à Kinshasa. Yanis souhaite également mettre ses compétences et son expérience d'entrepreneur au service des jeunes de sa ville natale.
« Il s'agit de créer un cycle vertueux en partageant ce que vous avez reçu pour renforcer les capacités d'autres personnes. Je mesure ma réussite en fonction du nombre de personnes que je peux influencer positivement grâce à mes actions. J'ai appris cela de ma mère. Elle a sacrifié une grande partie de sa vie pour nous offrir une vie confortable et heureuse. »