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Le chef du HCR appelle à une mobilisation conjointe pour faire face à l'augmentation du nombre de personnes déracinées à travers le monde

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Le chef du HCR appelle à une mobilisation conjointe pour faire face à l'augmentation du nombre de personnes déracinées à travers le monde

Alors que les conflits, au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, ont fait grimper le nombre de personnes déplacées de force à 123 millions à travers le monde, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés exhorte les États à œuvrer ensemble en faveur de la paix et de solutions concertées.
16 Octobre 2024 Egalement disponible ici :
Le Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, prononce un discours sur un écran géant devant un large public.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, livre son allocution lors de l'ouverture de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR au Palais des Nations à Genève.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a appelé lundi les gouvernements à ne pas céder au « cynisme et à l'isolement » face à la multiplication des conflits apparemment insolubles, mais au contraire à œuvrer ensemble à la recherche de la paix et de solutions pour les 123 millions de personnes déplacées de force dans le monde.

Prenant la parole lors de la séance d'ouverture de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR à Genève, le Haut Commissaire a évoqué une année marquée par le conflit et le deuil, entretenus par « le terrible mensonge selon lequel le chemin de la paix passe par la guerre ». La crise actuelle au Moyen-Orient et les conflits en cours au Soudan, en Ukraine, au Myanmar et au-delà font que l'avenir « semble plus incertain que jamais », a-t-il indiqué.

« Dans le contexte de la crise au Moyen-Orient, il serait facile - et peut-être tentant - de faire preuve de cynisme à l'égard du multilatéralisme. De se replier sur soi. Mais le cynisme et l'isolement ne sont pas des luxes que les réfugiés peuvent se permettre », a ajouté Filippo Grandi. « Il y a aujourd'hui 123 millions de réfugiés et de personnes déplacées. Leur détresse exige des solutions. Et le seul moyen d'y parvenir est de conjuguer nos efforts ».

Le chef du HCR a rendu hommage à deux collègues de l'organisation tués lors de récentes frappes aériennes israéliennes au Liban, ainsi qu'aux 226 membres du personnel de l'UNRWA tués depuis le début du conflit à Gaza. Malgré la menace croissante qui pèse sur les civils et les travailleurs humanitaires dans les zones de conflit à travers le monde, le personnel du HCR maintiendra sa présence et ses interventions, a-t-il promis.

Des ressources financières en baisse

Le financement de l'aide humanitaire ne suit pas le rythme de l'augmentation du nombre de crises à travers le monde. Le HCR a déclaré en moyenne 40 situations d'urgence par an au cours des trois dernières années. Filippo Grandi a cité l'exemple de la guerre au Soudan, où plus de 11 millions de personnes ont été déracinées au cours des 18 derniers mois, dont plus de 2 millions de réfugiés. Le plan de réponse en faveur des réfugiés n'y est financé qu'à hauteur de 27 % et les perspectives de paix restent peu encourageantes.

« Pas de paix, peu de ressources - dans cette équation mortifère, il faut que quelque chose change », a averti Filippo Grandi. « Sinon, personne ne devra s'étonner que les déplacements continuent d'augmenter, en nombre mais aussi en étendue géographique. Car la réalité est que sans un sentiment de sécurité et de stabilité, les réfugiés se déplaceront, ce qui inquiète tant les États. »

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Le budget global du HCR n'est financé qu'à 45 % des besoins totaux de 10,8 milliards de dollars pour 2024, bien qu'il s'agisse d'une amélioration par rapport à la situation difficile du début de l'année. Et l'incertitude plane sur l'année prochaine et les années à venir. « Nous ne pouvons pas continuer à fonctionner ainsi. Et vous non plus. Cette approche n'est pas tenable », a indiqué le Haut Commissaire aux gouvernements.

Une approche plus durable

Une approche présentant des avantages tant pour les personnes déracinées que pour les communautés locales, les pays d'accueil et les donateurs consiste à réduire la dépendance excessive à l'égard de l'aide humanitaire, en particulier dans les situations de déplacement prolongé, au profit d'approches plus durables visant à intégrer les réfugiés au sein des communautés locales et des systèmes nationaux. Ceci dans l'attente de solutions à long terme, telles que le retour en toute sécurité dans leur pays d'origine ou la réinstallation dans un autre pays.

« Ce modèle ne consiste pas en un transfert de la charge vers les pays d'accueil », a souligné Filippo Grandi. « Il s'agit de renforcer - y compris par le biais d'un soutien financier - les capacités et la résilience des pays et des communautés d'accueil afin qu'ils puissent inclure avec succès et de manière durable les personnes déracinées dans leurs systèmes nationaux aussi longtemps que ces personnes sont présentes. »

Un autre défi nécessitant de nouvelles approches est le phénomène des réfugiés et autres personnes fuyant la guerre, la violence et la persécution qui empruntent de plus en plus les mêmes itinéraires que ceux qui se déplacent en quête de meilleures opportunités économiques. Ces « mouvements mixtes » de réfugiés et de migrants représentent un défi pour les pays situés le long des itinéraires, ainsi que pour ceux qui les empruntent et qui sont confrontés à des dangers similaires.

Filippo Grandi a appelé les États à ne pas se concentrer uniquement sur leurs propres frontières, mais à promouvoir des solutions alternatives à ces voyages périlleux. Cela pourrait passer par la création de plus de voies légales d'entrée - telles que la réinstallation et le regroupement familial - ou par le soutien d'alternatives à la poursuite du voyage dans les pays de transit - y compris des programmes de séjour légal et de régularisation.

Une évolution vers une telle approche basée sur les itinéraires empruntés nécessitera des investissements significatifs dans les pays de transit et d'accueil, a indiqué le chef du HCR, ajoutant que, quelles que soient les solutions qui émergeront, le HCR continuera à défendre avec force l'institution de l'asile.

Des moments d'espoir

Malgré ce contexte mondial préoccupant, Filippo Grandi a souligné plusieurs éléments positifs, avec notamment un nombre record de 200 000 réfugiés qui devraient être proposés à la réinstallation en 2024.

Ces dernières semaines, le Turkménistan est devenu le deuxième pays après le Kirghizistan à avoir résolu tous les cas connus d'apatridie sur son territoire. Cette avancée s'inscrit dans le cadre de la campagne décennale #IBelong du HCR, au cours de laquelle un demi-million de personnes apatrides se sont vu octroyer une nationalité. Lundi, Filippo Grandi a lancé une nouvelle Alliance mondiale pour mettre fin à l'apatridie (article en anglais) afin de consolider les succès de la campagne #IBelong.

Il a également cité l'exemple inspirant des athlètes réfugiés qui ont concouru lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris plus tôt cette année, ainsi que les cinq femmes - une lauréate mondiale et quatre lauréates régionales - honorées lors de la cérémonie de remise de la distinction Nansen 2024 pour les réfugiés.

Revenant sur la nécessité d'une action collective pour faire face aux défis mondiaux actuels, Filippo Grandi a conclu : « Je vous demande à tous de continuer à travailler - ensemble et avec humilité - et de saisir toutes les opportunités afin de trouver des solutions en faveur des réfugiés. Et ce faisant, gardons l'espoir, s'il vous plaît. L'espoir que la paix revienne enfin dans tous ces pays où elle semble si lointaine, si improbable ».