Une jeune athlète réfugiée brave les obstacles pour participer aux Jeux olympiques de Paris
Une jeune athlète réfugiée brave les obstacles pour participer aux Jeux olympiques de Paris
Des éclats de rire emplissent le club sportif d'Eldoret, dans la région de la vallée du Rift, au Kenya, alors que Perina Nakang et un groupe d'athlètes se réunissent pour récupérer d'un entraînement intense.
L'athlète de 21 ans effectue ses derniers étirements avant de s'envoler pour Paris, où elle participera à la course de 800 mètres au sein de l'équipe olympique des réfugiés.
« Je suis très heureuse. Dieu m'a aidée à aller aussi loin », déclare-t-elle. « Je n'avais jamais imaginé pouvoir participer aux Jeux olympiques. Lorsque j'aurai terminé et gagné ma course, j'appellerai ma mère et lui dirai "Maman, j'ai réussi" ».
« Courir après le vent »
Perina n'avait que 7 ans lorsque sa famille a dû fuir la guerre pour trouver refuge dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. C'est là qu'elle a sans le vouloir découvert sa passion pour le sport.
Après avoir commencé par le football et le basket-ball, elle a été encouragée par une amie à se mettre à la course à pied. « J'avais une amie qui aimait courir et je me demandais combien de temps elle continuerait à le faire. Je pensais qu'elle n'irait nulle part ; c'était comme courir après le vent », raconte-t-elle en riant.
Elle décide néanmoins de rejoindre son amie. Elles courent alors ensemble dans les camps. En 2022, elle franchit un cap décisif en se classant deuxième d'une course féminine de 100 mètres organisée par Athletics Kenya à Nairobi.
« La course à pied a changé la vie de nombreux athlètes, j'ai donc décidé de m'y mettre sérieusement », confie-t-elle.
Sa carrière sportive prend un nouvel essor lorsqu'elle obtient une bourse pour intégrer l'école secondaire Shoe 4Africa (lien en anglais), située à Kapsabet, dans l'ouest du Kenya et fondée par Mary Keitany, coureuse de fond kenyane et détentrice du record du monde d’un marathon réservé aux femmes. Perina y poursuit actuellement ses études secondaires.
Loin du soleil brûlant de Kakuma, Perina a bénéficié d'un environnement parfait en haute altitude à Eldoret pour s'entraîner pour Paris. Tous les jours dès cinq heures du matin, elle s'est entraînée avec d'autres athlètes kényans de haut niveau sur des distances pouvant atteindre 20 kilomètres, ce qui lui a permis d’améliorer considérablement sa vitesse et son endurance.
« Nous nous sommes préparés mentalement et physiquement, en particulier grâce à la musculation », précise Janeth Jepkosgei, ancienne championne du monde olympique kenyane et désormais entraîneur de Perina. « Perina a travaillé dur, passant d'un temps de 02:29 à un record personnel de 02:12 lors des essais nationaux. »
Janeth espère que Perina brillera à Paris et qu'elle améliorera considérablement son temps – peut-être même en dépassant son record personnel.
Message au monde
Perina est la seule athlète réfugiée vivant en Afrique au sein de l'équipe olympique des réfugiés, composée de 37 personnes, qui concourt à Paris et représente quelque 120 millions de personnes déracinées dans le monde.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s'associe au CIO et à la Fondation olympique pour les réfugiés afin de soutenir la participation des réfugiés aux Jeux et de promouvoir le pouvoir du sport pour apporter de l'espoir dans la vie de ceux qui sont forcés de fuir.
C'est la troisième fois qu'une équipe de réfugiés participe aux Jeux olympiques, après leurs débuts historiques aux Jeux de Rio 2016. À Paris, ils concourront dans 12 différentes disciplines, des sports aquatiques à l'athlétisme, en passant par le badminton, la boxe, le taekwondo et la lutte.
Perina espère pouvoir inspirer d'autres jeunes athlètes réfugiés et les inciter à poursuivre leurs rêves.
« J'aimerais dire à mes camarades du camp que la vie, c'est travailler dur », souligne-t-elle. « Vous ne gagnerez rien à rester assis chez vous. Il vaut mieux sortir et travailler dur. Je veux devenir une championne comme les championnes du monde Mary Moraa et Faith Kipyegon. Je voudrais leur ressembler ».
« Mon objectif est de remporter au moins six médailles d'or », ajoute-t-elle. « Après cela, je pourrai prendre ma retraite et conseiller les athlètes en herbe pour leur permettre de faire comme moi ».
« Les réfugiés sont comme vous. Ils étudient et ont du talent », souhaite-t-elle adresser comme message à tous ceux qui suivront les Jeux olympiques de cette année.