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Un soudeur de la vieille ville de Mossoul aide ses voisins après leur déplacement

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Un soudeur de la vieille ville de Mossoul aide ses voisins après leur déplacement

De retour dans ce quartier historique après deux longues années, Saad a obtenu de l'aide pour réparer sa maison. Aujourd'hui, il met ses compétences à profit pour aider d'autres personnes à rentrer chez elles.
25 Mars 2020 Egalement disponible ici :

Ashwaq sautille gaiement en passant devant les ruines des bâtiments détruits de la vieille ville de Mossoul, la main dans celle de son père qui lui montre les rues que leur famille considère comme leur foyer depuis des générations. Après des années d’occupation et de déplacement, elle ne reconnait plus son propre quartier.


Aujourd’hui âgée de neuf ans, Ashwaq n’en avait que quatre lorsqu’ISIS a pris la ville. Durant les trois premières années d’occupation, son père Saad l’a gardée à l’intérieur avec ses frères et sœurs pour les soustraire aux règles autoritaires imposées aux résidents locaux. Les restrictions auxquelles ils devaient se soumettre allaient des vêtements qu’ils portaient à l’utilisation de téléphones portables, les contrevenants étant durement sanctionnés, notamment par des bastonnades publiques et des exécutions.

Lorsque l’offensive pour la reconquête de Mossoul a démarré en octobre 2016, Saad a fui avec sa famille vers un autre quartier de la ville. Ils sont parvenus à échapper au gros des combats qui ont réduit la majeure partie de la vieille ville historique à un champ de ruines.

« Je veux ramener la vie dans mon vieux quartier. » 

Grâce à l’aide financière reçue pour réparer leur maison endommagée, Saad et les siens ont enfin pu se réinstaller dans leur ancien quartier. Cette assistance relève du programme d’allocations en espèces pour la construction d’abris que gère le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

« J’étais très impatient de rentrer dans mon vieux quartier dont l’existence remonte aux Assyriens », explique Saad au sujet de la vieille ville historique de Mossoul où il vivait et travaillait. « Il est vieux de 6000 ans et je veux y ramener la vie. »

Mossoul est la plus grande ville du gouvernorat de Ninewa et environ 1,7 million d’Irakiens déplacés y sont aujourd’hui rentrés. Toutefois, 334 000 personnes sont toujours déplacées.

Lorsque les combats ont finalement cessé, on comptait à Mossoul plus de 40 000 logements à remettre en état.

Grâce à son programme d’aide en espèces pour la construction d’abris qui fournit jusqu’à 4000 dollars pour couvrir les réparations essentielles, le HCR a déjà contribué à la remise en état de quelque 765 maisons, assurant ainsi un logement sûr à plus de 7000 personnes. Étant donné l’ampleur des dégâts, il faudra toutefois des années de soutien continu avant que les choses ne reviennent à la normale.

Tandis qu’il montre à Ashwaq différents sites historiques tels que le pont sur le Tigre et d’anciennes demeures le long des berges du fleuve, Saad se souvient de ce qu’était la vie lors d’époques plus paisibles.

« Les gens allaient piqueniquer près du fleuve. Je jouais au football avec mes amis au bord de l’eau. La vie était belle et prospère à Mossoul dans ce temps-là. » 

Après avoir réintégré sa maison remise en état, Saad a eu pour priorité de rouvrir l’atelier de soudure que son père avait créé en 1978 avant de le lui léguer.

Saad et sa fille Ashwaq en promenade dans leur quartier en ruine de la vieille ville de Mossoul.

Avant le conflit, son travail consistait essentiellement à fabriquer des conduites en aluminium et des systèmes de ventilation pour les appareils de chauffage et les climatiseurs domestiques. Durant l’occupation de la ville et les dures années qui suivirent, ces articles désormais luxueux n’étaient cependant plus guère en demande.

Quand il a rouvert son atelier, il s’est rendu compte que les quelques voisins de retour dans le quartier avaient des besoins plus élémentaires et il a trouvé le moyen de se remettre au travail tout en leur apportant de l’aide.

« Je suis retourné dans mon atelier et je me suis dit que je pouvais aider les rapatriés en réparant à faible coût leurs citernes et leurs chauffages endommagés ; nombre d’entre eux n’avaient pas de quoi me payer, alors je les aidais gratuitement », explique-t-il.

Il a également fabriqué à partir de plaques de métal environ 350 poêles à bois de conception simple qu’il vendait pour 5 dollars – à peine de quoi couvrir ses coûts – à ceux qui n’avaient aucun autre moyen de se chauffer.

« Nous sommes tous des citoyens de Mossoul. »

« Ça a aidé les gens, dans les maisons, mais aussi dans les magasins qui rouvraient leurs portes », dit Saad. « Les gens ont droit à une seconde chance. La plupart d’entre eux sont pauvres et ils ont besoin d’un coup de main. Nous sommes tous des citoyens de Mossoul. Ceux d’entre nous qui en sont capables devraient venir en aide aux moins chanceux parmi nous. »

Maintenant que les résidents rentrent chez eux et que les commerces rouvrent progressivement, Saad s’est remis à fabriquer des pièces de climatiseurs et de systèmes de chauffage pour la première fois en plus de six ans.

Il espère que ce signe encourageant est annonciateur d’une vie meilleure pour sa famille et pour la ville et que sa fille Ashwaq pourra petit à petit reconnaître le quartier qu’elle ne voyait plus comme le sien.

« Tout ce que je veux, c’est que mes enfants aient une belle vie et que je sois en mesure de leur offrir une existence confortable. J’espère qu’ils auront un bel avenir à Mossoul. »