Il faut 40 millions de dollars supplémentaires pour aider les déplacés congolais cette année
Il faut 40 millions de dollars supplémentaires pour aider les déplacés congolais cette année
GENÈVE, 18 septembre (HCR) - Le HCR a publié mardi un appel de fonds d'un montant de près de 40 millions de dollars visant à aider environ un demi-million de civils congolais déracinés dans l'est de leur pays, en Ouganda et au Rwanda.
Depuis le début des combats dans la province du Nord-Kivu entre les forces gouvernementales et le mouvement rebelle M23 en avril cette année, environ 390 000 personnes sont déplacées internes dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et plus de 60 000 Congolais ont fui vers le Rwanda ou l'Ouganda voisins.
« La situation demeure instable et nous nous attendons à d'autres déplacements de populations cette année », a indiqué Melissa Fleming, porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève, ajoutant que cet appel couvre par conséquent les besoins de 400 000 déplacés dans les provinces Orientale, du Nord- et du Sud-Kivu ainsi que 75 000 réfugiés (25 000 au Rwanda et 50 000 en Ouganda).
« Si les violences et les abus commis contre les civils continuent de s'accroître dans les provinces de l'est, le nombre des nouveaux déplacés [en RDC] devrait même être plus élevé et pourrait atteindre jusqu'à 760 000 dans les prochains mois », a-t-elle signalé.
Melissa Fleming a indiqué que les contributions recherchées dans le cadre de l'appel supplémentaire de mardi incluent 7,35 millions de dollars pour les opérations du HCR en RDC, 12,2 millions de dollars pour ses opérations au Rwanda et 20 millions de dollars pour celles prévues en Ouganda. « Ces fonds couvriront les besoins d'une population comptant jusqu'à 475 000 déplacés et réfugiés », a-t-elle indiqué.
Les besoins et les défis sont vastes et concernent la protection, la prévention et la protection contre les violences sexuelles, une aide générale incluant des abris et des articles de première nécessité, des services essentiels comme l'éducation, la santé, l'eau et les installations d'assainissement, l'infrastructure, un soutien logistique ainsi que la gestion et la coordination des camps.
En RDC, l'insécurité et l'éloignement des sites de déplacés constituent des contraintes majeures à l'acheminement de l'aide et au suivi en matière de protection. Au Nord-Kivu, plus de 127 000 nouveaux déplacés vivent dans 31 camps gérés par le HCR, alors que d'autres vivent au sein de familles d'accueil ou dans des installations spontanées dans et autour de la capitale provinciale, Goma. Ces dernières semaines, de plus en plus de déplacés ont été transférés vers des sites spontanés ou des camps, et de moins en moins vers des familles d'accueil.
Melissa Fleming a indiqué que les besoins spécifiques dans l'est de la RDC incluent des abris d'urgence pour 40 000 familles au Nord-Kivu et dans la province Orientale ; des articles domestiques de première nécessité pour 15 000 foyers, y compris 2 000 rapatriés spontanés depuis l'Ouganda ; des serviettes hygiéniques pour 50 000 femmes ; et des latrines pour chaque famille pour un total de 10 000 foyers.
Au Rwanda, la rareté des terrains est le principal problème. Le camp de réfugiés de Kigémé, qui a ouvert en juin et qui accueillait 13 000 personnes à la fin août, aura une capacité d'accueil de 25 000 réfugiés. Toutefois il est situé dans une région vallonnée dans la province du Sud. Pour que ce terrain soit utilisable, les flancs des collines doivent être terrassés. Or ces travaux coutent cher.
En plus des réfugiés se trouvant à Kigémé, près de 7 000 personnes étaient hébergées à la fin août au centre de transit surpeuplé de Nkamira, dont l'infrastructure et les services doivent être améliorés. Les fonds supplémentaires sont nécessaires dans des domaines comme l'enregistrement, les kits d'aide, l'éducation, les soins de santé, les moyens d'existence, l'essence et la construction de latrines.
L'éloignement et le manque d'accès sont également des défis majeurs en Ouganda. L'infrastructure et les services essentiels, y compris des équipements comme les centres de santé et les écoles, manquent dans l'installation de Rwamwanja, qui vient d'être réouverte. Environ 24 000 personnes ont été transférées depuis Nyakabande vers Rwamwanja et deux autres installations depuis avril. Assurer des services au centre de transit de Nyakabande, dans le district de Kisoro, où plus de 40 000 personnes ont été enregistrées, pose également des problèmes. Une autre préoccupation majeure concerne le fort taux de malnutrition, dont les niveaux actuels parmi les arrivants sont bien au-dessus de ce qui est acceptable pour une situation d'urgence.
Des fonds supplémentaires sont nécessaires, notamment pour améliorer la protection et les services communautaires, renforcer les services essentiels, construire ou réhabiliter des routes et des équipements à Rwamwanja, y compris des cliniques et un laboratoire, fournir au moins 20 nouvelles salles de classe dans les écoles existantes et créer une nouvelle école ; construire 120 nouveaux puits et fournir des abris ainsi que des kits d'hygiène.
Le HCR a déclaré son opération dans l'est du Congo comme étant une situation d'urgence à la fin mai, après l'éruption des combats à la fin avril. D'autres affrontements au Sud-Kivu entre la milice Mai Mai et les rebelles des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ont également causé des déplacements de populations, alors qu'une vacance du pouvoir dans certaines parties de l'est de la RDC a causé une nouvelle dégradation de la sécurité et des souffrances pour les civils.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par le grand nombre de violations des droits humains au Nord- et au Sud-Kivu, où plus de 15 000 incidents de protection, y compris des meurtres, des viols et des recrutements forcés ont été rapportés depuis avril. Le nombre réel de ces abus est probablement beaucoup plus élevé », a indiqué Melissa Fleming.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de deux millions de personnes sont déplacées internes dans l'est de la RDC, y compris environ 220 000 forcées de fuir depuis avril au Nord-Kivu, 108 000 au Sud-Kivu et 62 000 en province Orientale.