Les réfugiés participent à la reconstruction politique de l'Afghanistan
Les réfugiés participent à la reconstruction politique de l'Afghanistan
PESHAWAR, Pakistan, 5 novembre 2003 (UNHCR) - Les réfugiés afghans, après les années d'exil imposées par la violence qui règne dans leur patrie, se tournent avec enthousiasme vers l'urne pour participer à la reconstruction de l'Afghanistan.
Avec l'aide fournie par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 1,1 million de réfugiés installés dans des camps travaillent, avec la Commission Constitutionnelle d'Afghanistan, à choisir les délégués qui les représenteront à Kaboul le mois prochain. Cinq cent délégués se rejoindront alors à l'occasion d'une Loya Jirga exceptionnelle - la réunion du Grand Conseil des Anciens afghans - qui rédigera la nouvelle constitution de leur pays.
« Les réfugiés devraient jouer un rôle important dans le processus de reconstruction et de réhabilitation en Afghanistan. La Constitution en sera une étape importante » a dit le chef du bureau de Peshawar de la Commission Constitutionnelle, Zahir Khan Jabarkhel, aux chefs des camps de réfugiés qui ont choisi cette semaine un délégué pour la Loya Jirga constitutionnelle.
L'élection d'un délégué destiné à représenter les réfugiés des quatre territoires de la Province frontalière du Nord-Ouest du Pakistan (PFNO) était la dernière étape dans le processus de consultation, de discussion et de sélections opérées à plusieurs niveaux afin d'assurer la légitimité de la nouvelle Constitution. Celle-ci est un maillon essentiel de la renaissance politique du pays, renaissance qui passera également par l'organisation d'élections nationales l'année prochaine.
« La procédure de sélection ressemble à un arbre et elle doit commencer à partir des racines : les gens dans les camps de réfugiés. Vous êtes la tige et le délégué que vous choisirez sera le fruit » a dit Zhir Khan. « Vous avez des responsabilités considérables sur les épaules. Essayez de faire le bon choix ».
Le projet de constitution a été dévoilé le 3 novembre. En ressort la volonté de l'instauration d'une république islamique avec un parlement bicaméral. Selon la proposition, le Président élu au suffrage universel direct aura le pouvoir très important de nommer et révoquer le cabinet après consultation du parlement.
Cinq cent délégués débattront du projet à la Loya Jirga le 10 décembre à Kaboul. Vingt quatre d'entre eux auront été choisis par des réfugiés afghans au Pakistan et en Iran. Des 13 délégués venant du Pakistan, sept viendront de la Province frontalière du Nord Ouest (PFNO), quatre du Balûchistân et un de chacune des Provinces du Sind et du Punjab.
Le rôle du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés est de faciliter le processus en aidant la Commission constitutionnelle à appréhender la répartition des réfugiés dans plus de 200 camps, dont certains datent de plus de 25 ans. L'UNHCR doit également s'assurer que les délégués rencontrent les réfugiés et leur expliquent l'objectif du processus.
Les camps du Pakistan ont été divisés en zones suivant des codes de l'UNHCR, et on a demandé à des réfugiés de chaque région de choisir des électeurs qui assisteraient à la séance de vote du délégué finalement envoyé à la Loya Jirga. Pour s'assurer que les femmes sont représentées, un des sept sièges attribués à la PFNO a été réservé pour une femme déjà choisie aujourd'hui. Quelques autres femmes pourraient être sélectionnées par le Président-intérimaire de l'Afghanistan, Hamid Karzai, qui nommera personnellement 50 membres de la Loya Jirga.
Le scrutin des sièges de la Loya Jirga est sur le point de commencer au Balûchistân, au Sind et au Punjab, alors que dans la PFNO les représentants de plusieurs camps de réfugiés se sont réunis cette semaine dans la capitale de la Province.
Les 49 électeurs qui se sont rassemblés à Peshawar représentaient 274 000 réfugiés de 37 camps différents, dispersés à travers les zones de Kohat, Thal, Hangu et l'Agence Kurram. Ces zones constituent une des cinq circonscriptions électorales établies pour la PFNO ; quatre circonscriptions choisiront chacune un délégué, tandis que la région très peuplée de Peshawar choisira trois délégués, y compris une femme.
« Les réfugiés sont très démocrates et, une fois compris, le mécanisme électoral les a séduit » a remarqué Qutbudin Roydar, le directeur des élections à Peshawar. « La partie la plus dure du travail est terminée ; les listes des électeurs des cinq circonscriptions électorales de la PFNO sont prêtes et l'opération finale [la sélection d'un délégué à Kaboul] ne prendra qu'un jour ».
Exactement comme dans des systèmes électoraux plus expérimentés, quatre des dix candidats sur la liste se sont retirés de l'élection à divers moments, apportant alors leur soutien à d'autres candidats. En fin de compte, Fazal Rahman, un réfugié âgé de 55 ans originaire de la province afghane de Khost, a remporté une victoire écrasante.
« Je veux témoigner ma reconnaissance à mes camarades de camp pour m'avoir nommé et à ceux qui ont retiré leur nom de la liste en ma faveur » a dit Rahman après avoir rassemblé 20 des 49 voix, le reste étant divisé entre les 5 autres candidats.
« Je promets aux réfugiés de protéger leurs droits au sein de la Constitution. Qu'ils en soient sûrs » a dit le délégué fraîchement élu à la Loya Jirga. « Je suis réfugié depuis 24 ans et je connais parfaitement nos droits. »