Le Haut Commissaire par intérim du HCR lance un appel à l'aide internationale en faveur des populations du Darfour
Le Haut Commissaire par intérim du HCR lance un appel à l'aide internationale en faveur des populations du Darfour
EL GENEINA, Soudan, 20 avril (UNHCR) - Après avoir rendu visite à des femmes, qui se trouvent dans une situation désespérée, et à des familles blotties dans de minuscules abris de petites branches, le Haut Commissaire par intérim, Madame Wendy Chamberlin, a appelé la communauté internationale à augmenter sa contribution financière pour l'assistance humanitaire dans la région soudanaise du Darfour.
« Ces gens ont un besoin urgent, vraiment urgent, de l'assistance fournie habituellement par l'UNHCR », a-t-elle précisé, au Darfour occidental, au troisième des cinq jours de sa mission dans la région. « Les agences des Nations Unies n'ont simplement pas les fonds nécessaires pour leur fournir l'aide dont ils ont désespérément besoin pour survivre. »
Madame Chamberlin a rendu visite à un groupe de femmes - principalement des veuves avec des petits enfants - qu'une équipe de l'UNHCR avait découvert dans un wadi (lit d'une rivière asséchée) sous des arbres. Comme la population du village de Goz Diga, de la région des Kulbus, au Darfour occidental, qui vit dans des abris rudimentaires faits de brindilles et d'herbe, ces femmes s'étaient auparavant réfugiées au Tchad avant de tenter de rentrer chez elles. Les équipes mobiles de l'UNHCR se déploient dans la campagne et le désert, à la recherche des personnes déplacées et des rapatriés, qui, bien que rentrés dans leur pays, n'osent pas regagner leurs villages détruits.
« Nous avons visité deux villages, un arabe et un autre attaqué par des Arabes ; mais dans ces deux villages, des familles ont commencé à rentrer », a-t-elle déclaré sous la chaleur accablante du Darfour, une région grande comme la France, déchirée par la guerre. Deux ans de conflit dans le Darfour ont déraciné 2 millions de personnes (1,8 million au Darfour et 200 000 au Tchad voisin), à cause des attaques des milices sur leurs villages.
Et le Haut Commissaire par intérim d'ajouter : « Ils sont rentrés du Tchad pour plusieurs raisons : les conditions de vie étaient pires le long de la frontière ; le gouvernement soudanais leur disait de rentrer pour recevoir l'aide des Nations Unies ; et ils désiraient être proches de leur région d'origine. Quelle qu'en soit la raison, ils sont au désespoir et sans aucun secours ; et c'est notre devoir, à nous, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, de venir en aide aux réfugiés qui rentrent chez eux. »
Zaïna Abakar, une veuve de 35 ans avec trois enfants, a raconté aux membres de l'équipe de Madame Chamberlin qu'elle, ainsi que d'autres personnes vivant dans le wadi, doivent manger des graines qu'elles trouvent sur le sol, graines si dures qu'elles doivent bouillir pendant trois jours.
Selon Zaïna, les autres femmes, leurs enfants et elle-même vivent dans la peur, et, assez ironiquement, elles ont même été effrayées par l'arrivée de l'hélicoptère de Madame Chamberlin.
« Bien sûr, nous vivons ici, mais nous sommes terrorisées », poursuit Zaïna, en caressant son petit garçon d'un an, Mohammed. « Tout nous effraie. Quand nous avons vu votre hélicoptère, nous avons songé à fuir. Chaque fois que quelque chose se passe, nous pensons à partir en courant. »
Pourtant, affirme-t-elle, comme les autres femmes, après quatre mois d'exil au Tchad, elle désirait rentrer au Darfour. « C'est notre terre, c'est notre pays. Même notre âne, quand il se perd, revient ici. Même quand nos chèvres vagabondent, c'est ici qu'elles reviennent. » Elle supplie les Nations Unies d'apporter de la nourriture, de l'eau et surtout de la sécurité.
Madame Chamberlin, très marquée par les récits qu'elle avait entendus, a dit : « Nous avons des preuves tangibles que c'est dangereux pour les gens. »
Elle a exhorté les donateurs à ne pas oublier le Darfour dans leur élan pour aider les victimes du tsunami du 26 décembre en Asie, et est restée prudente sur la perspective d'une fin rapide de la crise du Darfour, qui dure déjà depuis plus de deux ans.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et d'autres organisations humanitaires « sont ici pour longtemps. Les gens que nous avons vus sont terrifiés à l'idée de rentrer dans leurs villages. Leurs visages exprimaient encore une grande frayeur après les événements qu'ils ont vécus. Il est manifeste qu'ils désirent et ont besoin d'une protection accrue de la part des troupes de l'Union africaine, des Nations Unies et, en particulier, de la protection que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés est la plus apte à fournir. »
Elle a fait l'éloge du travail de l'équipe de terrain de l'UNHCR. « Je les ai trouvés en sueur, couverts de poussière et angoissés », a-t-elle dit. « Ils sont dans l'angoisse, car ils réalisent que sur eux seuls repose pour la survie de centaines de milliers de gens. Ils ont mon plus profond respect. »
Pendant ce temps, de retour dans le wadi, Zaïna déclarait qu'elle rêvait de vivre à nouveau dans son village natal, bombardé et détruit l'année dernière par les forces gouvernementales, dit-elle ; mais ce ne sera pas pour tout de suite.
« Quand il n'y aura plus rien pour nous tuer, nous rentrerons », lança-t-elle simplement.
Par Kitty McKinsey, El Geneina