Un million de réfugiés afghans supplémentaires vont probablement regagner leur pays d'ici 2006

BRUXELLES, 17 février (UNHCR) - Les conditions de sécurité s'étant améliorées, plus d'un million de réfugiés afghans vont regagner leur pays en l'espace de deux ans. Toutefois, le Haut Commissaire pour les réfugiés, Ruud Lubbers, indique que la planification devrait très vite commencer pour ceux qui souhaitent rester au Pakistan et en Iran.

Dans une allocution prononcée mercredi à Bruxelles, à une réunion de hauts responsables d'Afghanistan, d'Iran et du Pakistan, M. Lubbers a remercié les donateurs du soutien qu'ils ont apporté au retour de plus de 3,5 millions de réfugiés en Afghanistan, dans le cadre d'un programme de rapatriement librement consenti engagé en 2002 après la chute du régime taliban.

Lors de cette réunion, coprésidée par l'UNHCR et la Commission européenne, M. Lubbers a indiqué qu'il est « absolument crucial » que les donateurs maintiennent leur soutien au rapatriement des Afghans, soulignant que l'intégration est une tâche de plus longue haleine. « Des millions d'Afghans sont revenus pour participer à la reconstruction de leur pays et nous devons continuer à les aider à s'aider eux-mêmes ».

La réunion a débattu des possibilités offertes aux réfugiés afghans, des conditions du retour en Afghanistan, ainsi que de la question, plus large, de savoir comment gérer les mouvements de population à l'intérieur de la région. Au cours de la seule année dernière, l'UNHCR a participé au rapatriement de plus de 750 000 réfugiés afghans. Deux à trois millions d'Afghans résident toujours en Iran et au Pakistan.

M. Lubbers a ensuite déclaré aux journalistes que le rapatriement volontaire reste sa grande priorité et que de nombreux Afghans pourraient encore regagner leur pays. Il a indiqué que plus de 500 000 personnes pourraient rentrer cette année d'Iran et du Pakistan, et autant en 2006.

« Ces derniers mois, nous avons constaté des améliorations dans le domaine de la sécurité. Les choses se font étape par étape, mais la situation s'améliore progressivement. »

Certains pays donateurs ont affirmé que la situation en Afghanistan s'est suffisamment améliorée pour que l'on puisse parler d'une future transition de l'assistance humanitaire aux activités de développement. Plusieurs secteurs essentiels ont été mis en évidence. Il est notamment nécessaire de favoriser le développement urbain, de renforcer l'agriculture et d'encourager la bonne gestion des ressources en eau.

Le Haut Commissaire a indiqué qu'il faut aussi commencer à trouver des solutions pour les Afghans qui sont si bien intégrés dans leur pays d'adoption qu'ils ne souhaitent pas regagner leur pays d'origine. Certains réfugiés résident en Iran ou au Pakistan depuis plus de 20 ans. Certains s'y sont mariés et sont devenus des membres productifs de la société dans laquelle ils vivent.

« Le rapatriement volontaire est la solution privilégiée, a déclaré M. Lubbers, mais il n'est pas toujours la plus appropriée. Nous devons donc commencer à planifier et trouver des solutions pour les Afghans qui resteront en Iran et au Pakistan une fois que l'opération de rapatriement aura pris fin. »

L'Iran et le Pakistan ont fait preuve d'une immense générosité en accueillant les réfugiés d'Afghanistan depuis que la guerre a éclaté dans ce pays, il y a plus d'un quart de siècle. Les deux nations ont aussi bénéficié de la présence des Afghans sur leur territoire. En Iran, les Afghans jouent un rôle important dans l'économie, en particulier dans les secteurs de la construction et de l'agriculture. Le Haut Commissaire a déclaré qu'il est important d'élaborer un cadre approprié pour les migrations régionales.

« Nous pensons qu'il est possible de réussir à l'échelon de la région, non seulement en menant à bien le rapatriement mais aussi en instaurant une situation avantageuse tant pour l'Afghanistan que pour l'Iran et le Pakistan, à travers la coopération et le développement économiques. »

Pour faciliter l'élaboration de politiques à long terme, le gouvernement pakistanais et le HCR vont procéder ce mois-ci à un recensement national de tous les Afghans vivant au Pakistan. Le recensement permettra de recueillir des informations vitales telles que la date d'arrivée, le lieu d'origine et le lieu de résidence actuel, et de déterminer qui a l'intention de regagner l'Afghanistan. Il permettra aussi de dresser le premier panorama complet du nombre et des activités des Afghans qui sont entrés au Pakistan depuis que leur pays a sombré dans la guerre, il y a 25 ans. On compte aujourd'hui 960 000 réfugiés afghans en Iran, et les estimations avant le recensement révèlent que 1,2 million d'Afghans vivent dans des camps. Il y a aussi un nombre indéterminé de réfugiés afghans dans les zones urbaines.

L'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan sont convenus de poursuivre les consultations avec le HCR et avec les pays donateurs en la matière. Une autre réunion sera organisée ultérieurement cette année.