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Le HCR est préoccupé par la détérioration de la situation au Tchad

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Le HCR est préoccupé par la détérioration de la situation au Tchad

Après les nouvelles attaques rapportées quotidiennement dans le sud-est du Tchad, le HCR a fait part mardi de son inquiétude quant à la dégradation d'une situation déjà très volatile. Le HCR a indiqué craindre que les hostilités intercommunautaires ne dégénèrent dans une spirale incontrôlable et n'en viennent à menacer toute la région du sud-est du Tchad.
14 Novembre 2006 Egalement disponible ici :
Ces Tchadiens ont trouvé abri sous un arbre près de Goz Beida, après avoir fui leurs villages pour échapper aux attaques.

GENEVE, 14 novembre (UNHCR) - Après les nouvelles attaques rapportées quotidiennement dans le sud-est du Tchad, l'UNHCR a fait part mardi de son inquiétude quant à la dégradation d'une situation déjà très volatile. L'UNHCR a fait cette déclaration un jour après que le Gouvernement du Tchad ait déclaré l'état d'urgence et affirmé qu'il était en train de mettre en place une stratégie pour faire face à la situation.

« L'UNHCR demeure préoccupé par la situation humanitaire difficile et les problèmes auxquels l'agence doit faire face pour assister correctement les populations locales, les déplacés internes et les réfugiés », a indiqué mardi depuis Genève Ron Redmond, porte-parole en chef de l'UNHCR.

La violence, qui a fait plus de 220 morts, semble en fait refléter celle qui règne dans la région voisine du Darfour, au Soudan. L'UNHCR craint que les hostilités intercommunautaires ne dégénèrent dans une spirale incontrôlable et n'en viennent à menacer toute la région du sud-est du Tchad.

Depuis le 7 novembre, des centaines de nouveaux déplacés tchadiens ont convergé vers un site de déplacés internes à Habile, à 45 kilomètres au sud-est de Goz Beida. D'autres fuient ailleurs autour de Goz Beida. L'UNHCR mène actuellement un recensement pour déterminer leur nombre exact. Au total, ce sont maintenant quelque 68 000 Tchadiens qui ont été déplacés cette année dans l'est du Tchad par une série d'attaques.

Ron Redmond, porte parole de l'UNHCR, a réitéré l'appel lancé à la communauté internationale pour une mobilisation rapide en faveur d'une présence multidisciplinaire au Tchad pour aider à protéger des centaines de milliers de civils tchadiens et de réfugiés soudanais, ainsi que les travailleurs humanitaires qui essaient de les secourir. En août, la résolution 1706 du Conseil de Sécurité de l'ONU appelait au déploiement d'une présence onusienne multidisciplinaire au Tchad et dans la République centrafricaine voisine.

Depuis le 4 novembre, au moins 20 villages ont été attaqués dans la région au sud de Goz Beida. Cette région est très instable. Hier, une mission inter-agence dirigée par l'UNHCR qui avait été dépêchée pour évaluer la situation dans le village de Louboutigue, qui a été récemment attaqué, a été contrainte de fuir lorsque des coups de feu, qui semblaient être des coups de semonce, ont été tirés depuis des champs voisins par des hommes armés non identifiés. Personne n'a été blessé, mais cet incident n'est qu'un échantillon de la terreur que des dizaines de milliers de Tchadiens vivent au quotidien dans le sud-est.

L'un des employés de l'UNHCR explique qu'il a été « témoin de scènes que je n'aurais jamais pu imaginer, un jeune père avec les yeux arrachés, des femmes âgées avec des brûlures au troisième degré sur le dos et les bras causées par l'effondrement de leurs huttes sous les flammes, des kilomètres et des kilomètres de brousse en feu. Ces communautés qui ont vécu si longtemps en harmonie s'affrontent. »

Les récits des Tchadiens déplacés se ressemblent tous - les assaillants sont presque toujours identifiés comme étant d'origine arabe, souvent connus des victimes, des voisins avec lesquels ils vivaient depuis des générations. Ils sont souvent bien armés, en particulier avec des kalachnikovs, se déplacent à cheval, à dos de chameaux ou en camion ; quelquefois en tenue militaire, quelquefois en civil.

Les employés de l'UNHCR ont indiqué que dans le village de Bandicao, les habitants ont averti les agences humanitaires que la situation n'était pas assez sûre pour envoyer des ambulances et évacuer les blessés, car des hommes armés étaient postés pour les attendre. Des forces gouvernementales ont été déployées hier encore à Kerfi, à environ 45 kilomètres au sud de Goz Beida, et à Bandicao (à environ 35 kilomètres au sud), pour évacuer les blessés vers l'hôpital de Goz Beida.

Depuis la région nord-est de Goz Beida, l'UNHCR a reçu des informations faisant état d'attaques dans la région de Koloye. Les attaques de mardi dernier et de samedi auraient fait plusieurs morts et blessés.

Certaines personnes craignant les attaques ont eu le temps de rassembler quelques affaires avant d'entreprendre un long voyage à pied ou à dos d'âne vers les faubourgs de Goz Beida. D'autres se sont trouvés pris dans les attaques et n'ont pas eu le temps de d'emporter quoique ce soit. Ils sont arrivés avec pour tout bien les vêtements qu'ils portaient. Certains déplacés prennent le risque de retourner dans leurs villages brûlés pour récupérer les quelques biens qui peuvent être sauvés des cendres.

Un homme originaire du village de Wadi Habile, à 15 kilomètres à l'est de Goz Beida, a indiqué que des Arabes non identifiés se déplaçant à cheval et à dos de chameau ont attaqué le village vendredi, brûlant les habitations, tirant sur les villageois et volant leur bétail et le fruit de leurs récoltes. « La population de notre village a fui dans toutes les directions », a-t-il ajouté.

Les capacités de l'hôpital de Goz Beida ont été mises à rude épreuve par l'arrivée ces derniers jours d'environ 70 blessés. L'hôpital n'a pas assez de lits et de nombreux patients gravement blessés sont installés sur des matelas sous les arbres à l'extérieur. Pour faire face à cet afflux, l'UNHCR a fourni 10 grandes tentes pour abriter les patients ainsi que des matelas. D'autres agences ont également fourni de l'assistance, notamment des bandages et des médicaments. Dans le site de déplacés d'Habile, l'UNICEF et ses partenaires ont installé des points d'eau supplémentaires et des latrines pour les personnes arrivées tout récemment.