Le HCR lance un nouvel appel de 60 millions de dollars pour ses opérations concernant l'Iraq

GENEVE, 8 janvier (UNHCR) - Lundi, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé un appel s'élevant à 60 millions de dollars pour financer, au cours des 12 prochains mois, ses activités en faveur des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés internes affectés par le conflit en Iraq.

Selon un communiqué de presse, « ces fonds couvriront les programmes de protection et d'assistance de l'UNHCR pour les réfugiés iraquiens présents en Syrie, en Jordanie, au Liban, en Egypte et en Turquie, ainsi que pour les réfugiés non iraquiens et les déplacés internes qui se trouvent à l'intérieur de l'Iraq. »

Ce nouvel appel souligne que les violences incessantes en Iraq vont probablement aboutir à la poursuite des déplacements massifs de populations, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, affectant ainsi une large partie de la région avoisinante. L'appel remarque que l'exode actuel constitue le plus important mouvement de population sur le long terme survenu au Moyen-Orient, depuis le déplacement de Palestiniens ayant suivi la création d'Israël en 1948. Environ un Iraquien sur huit est aujourd'hui déplacé.

« Plus le conflit dure, plus la situation empire pour les centaines de milliers de personnes déplacées et pour les communautés qui tentent de leur venir en aide - aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Iraq », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres. « Le fardeau qui pèse sur les communautés d'accueil et les gouvernements de la région est considérable. Il est vital que la communauté internationale soutienne les efforts humanitaires mis en oeuvre pour aider les personnes les plus vulnérables. »

L'UNHCR et ses partenaires évaluent à 1,7 million le nombre d'Iraquiens actuellement déplacés à l'intérieur des frontières nationales, auxquels s'ajoutent 2 millions de leurs concitoyens qui se sont enfuis vers les pays voisins, sur une population totale de 26 millions. Bien que beaucoup de ces personnes aient été déplacées avant 2003, un nombre croissant d'Iraquiens fuient désormais la violence sectaire, ethnique et généralisée qui ne cesse de s'intensifier.

Pour la seule année 2006, l'UNHCR estime que près de 500 000 Iraquiens se sont enfuis dans d'autres parties du pays et que, chaque mois, 40 000 à 50 000 personnes supplémentaires quittent leur foyer. Dans le cadre du nouvel appel de l'UNHCR, les chiffres utilisés pour la planification des activités de l'agence sont établis pour un nombre de déplacés internes en Iraq pouvant atteindre les 2,3 millions d'ici la fin 2007.

L'appel de l'UNHCR indique qu'une proportion significative des Iraquiens déplacés à l'intérieur et hors de leur pays n'ont plus de ressources ou sont sur le point de les avoir épuisées, ce qui les rend de plus en plus vulnérables. Il en va de même pour les communautés qui les accueillent. De plus en plus de rapports indiquent que des femmes sont contraintes de recourir à la prostitution et que les problèmes de travail d'enfants s'accentuent. L'appel comprend des programmes destinés à identifier et à enregistrer les personnes les plus vulnérables parmi les déplacés de manière à ce qu'elles puissent recevoir l'aide dont elles ont besoin.

L'un des principaux objectifs de ce programme révisé de l'UNHCR sera d'assurer une protection et une assistance efficaces à un nombre d'Iraquiens vulnérables pouvant atteindre 200 000, parmi ceux présents dans les pays voisins. L'immense majorité d'entre eux vit dans des zones urbaines telles qu'Amman et Damas.

D'après les estimations, le nombre d'Iraquiens déplacés dans les pays voisins s'élèverait de quelque 500 000 à 1 million de personnes en Syrie, jusqu'à 700 000 en Jordanie, jusqu'à 80 000 en Egypte et jusqu'à 40 000 au Liban. La Turquie accueille, quant à elle, un nombre inconnu d'Iraquiens. Beaucoup de ceux qui se trouvent dans les pays voisins avaient fui avant 2003, mais des dizaines de milliers continuent à partir chaque mois, tout particulièrement en direction de la Syrie et de la Jordanie.

Les gouvernements des pays d'accueil ont de plus en plus de difficultés à prendre en charge le nombre important d'Iraquiens déplacés ; certains ne sont pas en mesure de fournir les services élémentaires. En Syrie, environ 30 pour cent des enfants iraquiens ne sont pas scolarisés, quatre pour cent des Iraquiens souffrent d'un handicap et plus de 10 pour cent des familles iraquiennes sont dirigées par des femmes.

L'appel souligne que davantage d'aide internationale est nécessaire pour garantir que les pays voisins continuent à l'avenir à laisser leurs frontières ouvertes aux personnes qui ont besoin d'un refuge.

Tout en reconnaissant la gravité de la situation sécuritaire à laquelle sont confrontés les travailleurs humanitaires en Iraq, l'appel demande néanmoins à ce qu'une assistance ciblée soit fournie aux quelque 250 000 personnes les plus vulnérables parmi les Iraquiens déplacés à l'intérieur de leur pays et les communautés qui les accueillent. Etant donné l'environnement sécuritaire difficile qui existe en Iraq, l'essentiel de ce travail devra être accompli au travers d'un réseau d'organisations locales.

Un autre objectif fixé par l'UNHCR pour 2007 consiste à fournir davantage d'aide et de solutions pour les réfugiés non iraquiens qui se trouvent dans le pays, y compris les quelque 15 000 Palestiniens, 16 000 Turcs, 12 000 Iraniens et les centaines de Syriens et de Soudanais présents sur place.

L'UNHCR va aussi augmenter ses stocks d'urgence dans la région pour atteindre une capacité permettant d'assister jusqu'à 200 000 bénéficiaires.

Les fonds pour 2007 feront l'objet d'une collecte en trois tranches sur une période totale de 12 mois, en commençant par une somme de 25,5 millions de dollars pour les activités prioritaires en Iraq et dans les pays voisins. La deuxième et la troisième tranches dépendront du financement obtenu pour la première. Pour refléter le changement de priorités opéré dans le travail de l'UNHCR, plus de la moitié de l'appel de fonds pour 2007 sera allouée à des programmes dans des pays voisins, une nette augmentation par rapport au 25 pour cent de l'appel 2006. Les programmes iraquiens de l'UNHCR s'élevaient à un budget total de 29 millions de dollars en 2006.