L'Afghanistan à la croisée des chemins : Aider les rapatriés afghans ou risquer un nouveau déplacement
L'Afghanistan à la croisée des chemins : Aider les rapatriés afghans ou risquer un nouveau déplacement
DJALALABAD, Afghanistan, 18 novembre (UNHCR) - Les rapatriés afghans ont besoin d'un soutien accru pour une réinstallation durable dans leur patrie, sinon ils seront à nouveau déracinés, a prévenu le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres au début d'une mission de cinq jours en Afghanistan cette semaine.
Le Haut Commissaire est arrivé à Djalalabad dans l'est de l'Afghanistan lundi et il a rencontré d'anciens réfugiés afghans qui sont rentrés du Pakistan. A Chamtala, une installation de tentes de fortune, située au milieu du désert balayé par les vents, les rapatriés lui ont fait part de leurs immenses besoins.
« Pour le moment, nos besoins sont énormes », a dit Malik Nawab, un chef de clan afghan vivant dans cette installation. « Nous avons besoin d'hébergements, de nourriture, d'écoles et nous demandons au HCR de ne pas nous oublier. »
La plupart des 3 500 familles de Chamtala sont revenues cet été après la fermeture du village de Jalozai situé dans le nord-ouest du Pakistan. António Guterres a noté qu'en plus de la distribution des articles de secours du HCR, le gouvernement avait accepté d'allouer des terres aux rapatriés de Chamtala et promis de faire son possible pour une distribution rapide et juste des carrés de terrain.
« Une grande partie d'entre vous ont fait savoir que l'allocation d'un carré de terrain n'est pas une aide suffisante », a dit António Guterres aux chefs de clan. « Il est par ailleurs nécessaire de construire des logements, de fournir une réserve d'eau potable et de construire des dispensaires. Le plus important, ce sont les opportunités d'emploi, avec la possibilité de gagner un salaire pour faire vivre la famille. Le HCR a un mandat et des ressources limités. Nous travaillons cependant avec le gouvernement et nous mobilisons des partenaires pour le développement afin d'améliorer les conditions de vie. »
Dans la municipalité de Sheikh Mesri, un site où le gouvernement a alloué des terrains il y a trois ans, des rapatriés rentrés en 2005 ont indiqué au Haut Commissaire qu'ils avaient besoin d'un lycée en complément de l'école primaire existante ; d'une clinique ouverte 24 heures sur 24 ; d'un transport public abordable pour trouver du travail dans la ville de Djalalabad, située à 14 kilomètres.
« Si vous pouvez améliorer les équipements ici, nos conditions de vie seront même meilleures qu'à Djalalabad », a dit un chef de clan de Sheikh Mesri, où sont actuellement hébergées quelque 1 000 familles rapatriées. « Et si le soutien international continue, davantage de réfugiés encore pourraient rentrer en Afghanistan. »
Plus de cinq millions de réfugiés afghans sont rentrés depuis 2002, la plupart depuis l'Iran et le Pakistan. Alors qu'une grande majorité d'entre eux ont pu rentrer dans leur région d'origine, des rapatriés revenus récemment dans leur patrie sont confrontés à une pénurie de terres, d'hébergements ainsi qu'à une situation sécuritaire dégradée et au manque d'opportunités socio-économiques dans leurs villages.
A Kaboul mardi, le Haut Commissaire a rencontré des déplacés afghans déracinés par le conflit dans les provinces de Wardak et de Kapisa. Il s'est aussi entretenu avec un groupe de familles rapatriées qui ont quitté leurs terrains alloués par le gouvernement dans la province de Parwan à cause de la pénurie d'emplois. Ce groupe habite désormais dans un bidonville de Kaboul et survit en mendiant et en nettoyant des voitures. António Guterres a promis de leur fournir du matériel d'équipement contre les conditions hivernales et de mettre en place un service de bus pour les chercheurs d'emploi dans la municipalité de Parwan.
« Aujourd'hui mes principales préoccupations concernent le fait que de nombreux réfugiés deviennent des déplacés au sein même de l'Afghanistan », a dit le chef du HCR. « D'autres sont retournés dans leur ancien pays hôte, dans la région, pour y vivre en tant que migrants irréguliers. Ils n'ont pas de documents d'identité ou de statut juridique. Ils sont vulnérables aux passeurs et aux situations dangereuses. » Il a souligné que les retours durables dépendent de la mobilisation de la capacité gouvernementale en Afghanistan et d'un soutien international accru pour les projets de développement.
Mercredi, António Guterres rejoindra le Ministre afghan des affaires étrangères Dadfar Spanta pour présider une conférence internationale sur le retour et la réintégration des réfugiés afghans. L'événement a pour objectif de mobiliser le soutien de la communauté internationale pour renforcer la composante réintégration de la Stratégie nationale de développement de l'Afghanistan (ANDS).
Par Vivian Tan à Djalalabad, Afghanistan