Une campagne différente: les panneaux d'affichage britanniques célèbrent les migrants et les réfugiés
Une campagne différente: les panneaux d'affichage britanniques célèbrent les migrants et les réfugiés
LONDRES, Royaume-Uni, 20 mai (HCR) - Ces dernières semaines, en Angleterre, les navetteurs ont pu observer un type d'affiches très différent sur leur trajet pour aller au travail. Des affiches « Je suis un immigré » ont fait leur apparition dans 400 stations de métro de Londres et 550 gares dans l'ensemble du Royaume-Uni.
Photographiés par le photographe du magazine Vogue Philip Volkers, leurs sujets sont des migrants et des réfugiés qui, comme le réfugié Farasat Ahmed, ont apporté une contribution positive à leur pays d'adoption.
Farasat a fui le Pakistan à l'âge de 18 ans avec des membres de sa famille et ils ont depuis lors obtenu l'asile au Royaume-Uni. Il est actuellement étudiant et travaille comme ambassadeur pour le Prince's Trust, ce qui constitue un modèle pour d'autres jeunes exclus du travail ou de l'enseignement qui souhaitent reconstruire leur vie.
Parmi les autres têtes d'affiche figurent un pompier originaire de Pologne, un directeur d'école adjoint kenyan et une infirmière en santé mentale originaire de Trinidad et Tobago. L'un des principaux avocats des droits de l'homme du pays, S. Chelvan, né au Sri Lanka, participe également à cette campagne. En coopération avec le HCR, il a oeuvré pour faire aboutir un jugement de référence en 2010, permettant à deux homosexuels d'Iran et du Cameroun d'obtenir le droit d'asile au Royaume-Uni.
Cette campagne innovante a été organisée par le Mouvement contre la Xénophobie (MAX), un réseau de plus de 100 organisations, mouvements religieux et individus, dans le but commun de désintoxiquer le débat entourant l'immigration au Royaume-Uni et de défendre la contribution essentielle des migrants et des réfugiés.
Dans la course vers les dernières élections générales (7 mai), l'immigration était au coeur de la campagne, les principaux partis politiques nationaux promettant tous de renforcer les contrôles aux frontières et de limiter l'immigration. Les récentes tragédies en mer Méditerranée ont aussi mis la question des migrations au centre des débats.
En montrant que les migrants et les réfugiés apportent une contribution précieuse au tissu social britannique, les affiches constituent un moyen puissant de contrer la rhétorique négative dominante caractérisant la plupart des débats politiques.
Les publicités « Je suis un immigré » sont uniques non seulement parce que c'est la première campagne nationale jamais organisée pour célébrer l'immigration juste avant une élection, mais aussi parce qu'elles ont été financées par les Britanniques.
L'appel lancé par une plateforme de financement participatif a suscité une réponse extraordinaire et a jusqu'à présent récolté plus de 54 000 livres. Il existerait même des projets visant à introduire les affiches dans d'autres pays d'Europe si des dons supplémentaires sont reçus.
Habib Rahman, directeur du Conseil commun pour le bien-être des immigrés qui coordonne MAX, a déclaré : « Le soutien extraordinaire que nous avons reçu de la part de personnes ordinaires montre à quel point nombreux sont ceux qui en ont assez de l'hostilité et de la politique du bouc émissaire subies par les immigrés. Des milliers de citoyens affirment qu'ils rejettent l'intolérance et veulent célébrer notre société riche de sa diversité ».
Par Laura Padoan à Londres, Royaume-Uni