Un colloque réunit à Paris des écrivains réfugiés sur le thème exil et littérature
Un colloque réunit à Paris des écrivains réfugiés sur le thème exil et littérature
PARIS, France, 29 juin (HCR) - Depuis des siècles, Paris attire des écrivains. Si la plupart d'entre eux sont arrivés de leur propre chef, attirés par la réputation de Paris pour son excellence intellectuelle et artistique, Paris est pour d'autres une ville-refuge après la persécution subie dans leur pays d'origine.
Dans le cadre des manifestations pour la Journée mondiale du réfugié ainsi que le 60e anniversaire du HCR et de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, le HCR et la Mairie de Paris ont organisé un colloque d'écrivains sur le thème « Exil et littérature » dans le magnifique « Salon des Arcades » à l'Hôtel de Ville de Paris.
A l'ouverture du colloque lundi, Pierre Schapira, Adjoint au Maire chargé des relations internationales, des affaires européennes et de la francophonie, a expliqué au public présent que « Paris sera toujours du côté de ceux qui défendent la liberté et les droits de l'homme. » La ville a récemment rejoint le Réseau international des villes-refuges (International Cities of Refuge Network - ICORN), une association de 37 villes et régions à travers le monde qui se sont engagées à offrir à des écrivains persécutés un hâvre de sécurité où ils peuvent vivre et travailler sans craindre d'être censurés ou réduits au silence.
« Nous avons rejoint le réseau ICORN pour permettre à des écrivains de continuer à créer et écrire et, pour nous, il est essentiel qu'ils le fassent ici, à Paris », a indiqué Pierre Schapira.
« Nous nous félicitons de la protection que le réseau ICORN assure aux écrivains réfugiés », a indiqué Philippe Leclerc, Représentant du HCR en France, en ajoutant que « La France, et Paris en particulier, a depuis des lustres reçu et hébergé nombre de réfugiés et apatrides qui ont développé leur travail artistique et ont contribué à l'essor culturel de la France, et dont nombre d'entre eux sont devenus citoyens français, tels Joseph Kessel, Romain Gary, Eugène Ionesco pour n'en citer que quelques-uns. »
Parmi les intervenants à la conférence se trouvaient le Congolais Alain Mabanckou, l'Afghan Atiq Rahimi, lauréat du prix Goncourt en 2009, le poète palestinien Elias Sanbar, l'Iranienne Marjane Satrapi, auteur de « Persépolis », la romancière cubaine Zoé Valdés, Paula Jacques, une écrivaine d'origine égyptienne, et le caricaturiste Mana Neyestani, qui a été accueilli par la Ville de Paris en tant que premier bénéficiaire du programme ICORN.
Pour certains de ces écrivains, l'exil est une conséquence de leurs activités littéraires, car ils ont eu maille à partir avec le régime en place ou sont devenus des victimes de l'intolérance dans leur pays d'origine à cause de leurs écrits. Pour d'autres, la relation entre exil et littérature est plus complexe, avec l'exil devenant une source d'inspiration voire un thème récurrent de leur travail.
« L'exil nous fait perdre notre monde mais aussi découvrir le monde... l'exil est généreux », a indiqué Elias Sanbar, le poète palestinien.
Au contraire, d'autres ont une vue sans équivoque sur l'exil. Pour la romancière cubaine Zoé Valdés, « l'exil n'est pas un cadeau, c'est une douleur, une punition, une condamnation. » De même, Marjane Satrapi, d'origine iranienne, dont la bande dessinée « Persépolis » a été adaptée en un dessin animé primé à Cannes, a indiqué que si c'était possible, elle rentrerait demain en Iran. « Rares sont les personnes quittant volontairement leur pays sur un coup de tête », a-t-elle expliqué.
Pour de nombreux écrivains, la littérature constitue un refuge intérieur qui leur permet de gérer la douleur de l'exil. « Un écrivain, quelle que soit sa nationalité, crée son propre univers imaginaire », a indiqué Paula Jacques, et pour Alain Mabanckou, « la fiction a le pouvoir de personnaliser le lecteur dans les héros inventés par le romancier, alors nous nous mettons dans la peau de ces personnages. »
Un intéressant débat a également concerné le choix d'un écrivain sur la langue d'écriture. Certains adoptent le français après leur arrivée dans le pays, alors que d'autres continuent à écrire dans leur langue maternelle. Pour Atiq Rahimi qui a écrit des livres en dari (langue persane de l'Afghanistan) et en français, « la langue choisie, c'est une langue de liberté. »
Le colloque « Exil et littérature » a été organisé par la Mairie de Paris et le HCR, avec l'aide de l'Organisation internationale de la francophonie, la bibliothèque du Centre Pompidou, Le Magazine Littéraire et le magazine L'Histoire.
Par William Spindler à Paris, France