Une réfugiée ivoirienne lance un site Internet d'enseignement à distance avec l'aide du HCR
Une réfugiée ivoirienne lance un site Internet d'enseignement à distance avec l'aide du HCR
DJAKARTA, Indonésie, 30 mars (HCR) - Ouattara Madoussou a quitté Djakarta le mois dernier pour une nouvelle vie au Canada. Toutefois cette réfugiée de Côte d'Ivoire prévoit de conserver un lien étroit avec l'Indonésie via l'Internet.
Après avoir fui le conflit sévissant dans son pays d'origine en 2005, elle est arrivée en Indonésie par bateau un peu plus tard cette même année. Ensuite, Ouattara Madoussou a créé petit à petit un site Internet d'enseignement du français à distance à destination des élèves indonésiens.
Cette jeune femme âgée de 24 ans remercie le HCR de lui avoir donné les compétences et le courage pour se lancer dans cette aventure. « Le programme d'autosuffisance du HCR m'a aidée à persévérer dans mon entreprise », a-t-elle souligné.
Ouattara Madoussou était toujours traumatisée lors de son arrivée en Indonésie, après que ses parents et ses deux frères aient été tués et que sa maison ait été réduite en cendres lors de la guerre civile en Côte d'Ivoire. Cependant sa vie s'est peu à peu améliorée après qu'elle ait reçu le statut de réfugiée en 2007.
Au moment où elle a commencé à recevoir une aide du HCR, cette femme ivoirienne s'est rendue par hasard au Centre culturel français à Djakarta, pour aller à la bibliothèque. Elle s'y est ensuite rendue fréquemment, car c'était non seulement une source de livres mais aussi l'endroit idéal pour rencontrer de jeunes Indonésiens souhaitant apprendre le français.
Peu après, elle a accepté de donner des leçons de français à ses nouveaux amis, en utilisant des livres empruntés au centre. « J'ai demandé à Ouattara de me donner des cours particuliers en français et elle a accepté », s'est rappelée Marina, qui est devenue l'une de ses premières élèves. « J'étais très heureuse et j'ai appris le français rapidement grâce à l'enseignement dispensé par Ouattara. Puis j'ai demandé à mes autres amis de rejoindre le cours », a-t-elle ajouté.
Dès lors, Ouattara a recommencé à voir la vie du bon côté. « J'étais autonome et je pouvais utiliser mes compétences pour enseigner quelque chose à d'autres personnes », a-t-elle dit. Toutefois, alors que le nombre des étudiants croissait, elle a commencé à trouver que c'était de plus en plus difficile. C'est alors qu'elle a pensé à l'enseignement à distance par Internet.
Elle a acheté un ordinateur portable et elle a alors soumis sa proposition pour l'apprentissage du français au programme du HCR pour l'autosuffisance. C'était pour obtenir un soutien dans le cadre de sa candidature pour un prêt afin d'acheter un modem, « pour que je puisse gérer mon programme d'enseignement à distance sur Internet depuis mon internat. »
Le programme d'autosuffisance a été mis en place en 2007. Il constituait une façon innovante de contrer des difficultés auxquelles les réfugiés sont confrontés car ils ne peuvent pas travailler légalement en Indonésie. Il fonctionne comme une formation permettant aux réfugiés de développer de nouvelles compétences. « Il encourage aussi les réfugiés et les communautés locales à s'accorder sur le fait qu'ils appartiennent à la même communauté et qu'ils peuvent s'aider les uns les autres », a expliqué Robert Ashe, le délégué régional du HCR basé à Djakarta.
Ouattara était une candidate idéale pour recevoir une aide. Le partenaire opérationnel du HCR, Church World Service (CWS), a accepté de lui accorder un prêt. « Elle était si optimiste, et c'était touchant de voir une telle motivation », a indiqué John Simbolon, un chargé de programme de CWS.
Grâce à son modem, Ouattara a pu lancer son programme d'enseignement à distance. « A cause des différences d'âges et de niveaux de connaissances de mes élèves, le cours est divisé en trois niveaux : débutant, intermédiaire et avancé », a-t-elle dit. Les élèves passent des tests oraux et écrits, à l'aide du logiciel skype.
Au moment de son départ pour être réinstallée à Montréal, Ouattara avait 43 élèves indonésiens. La plupart d'entre eux continueront à suivre ses cours à distance lorsque le service sera de nouveau établi depuis le Canada. Toutefois elle ne prévoit pas d'accepter de nouveaux étudiants. En effet, elle veut s'inscrire à l'université, pour étudier le droit des droits de l'homme et venir un jour en aide à d'autres réfugiés bloqués dans une situation de vide juridique.
« Je remercie Dieu de m'avoir donné cette opportunité car ma vie en tant que réfugiée n'était pas facile. Mes élèves indonésiens sont très gentils et ils ne me considèrent jamais comme une réfugiée, mais plutôt comme leur soeur. »
Par Anita Restu à Djakarta, Indonésie