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Une nouvelle vague de sans-abri quitte les vallées reculées du Pakistan

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Une nouvelle vague de sans-abri quitte les vallées reculées du Pakistan

Des centaines si ce n'est des milliers de familles se dirigent vers Balakot dans la Province frontière du Nord-Ouest, après le dégagement d'une route ce week-end ayant désenclavé une vallée éloignée. Tandis que le premier pont aérien de l'UNHCR et de l'OTAN entre dans sa seconde phase, l'armée pakistanaise, l'UNHCR et d'autres agences humanitaires se préparent à un important flux de nouveaux arrivants dans les camps de cette région.
8 Novembre 2005 Egalement disponible ici :
De nouveaux arrivants depuis la vallée de Kaghan décrivent leur situation au camp de Jaba, près de Balakot au nord du Pakistan.

CAMP DE JABA, Pakistan, 8 novembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué mardi se préparer à accueillir une nouvelle vague de sans-abri quittant une vallée isolée au nord du Pakistan par une route récemment dégagée, au moment où l'important pont aérien de l'OTAN depuis une base aérienne turque entre dans sa seconde phase.

Selon l'UNHCR, la route principale entre la vallée de Kaghan et Balakot dans la Province frontière du Nord-Ouest est utilisable depuis ce week-end, déclenchant un flot de population quittant la vallée dévastée en voiture, en camion, voire à pied. Le personnel de l'agence présent dans la zone a vu de nombreuses familles sur la route, sans savoir où elles se dirigeaient précisément.

« Elles arrivent. On ne pourra avoir suffisamment de place pour elles ici », dit Junaid Qasim, nazim (maire) de la vallée de Kaghan, au camp organisé de Jaba, à mi-chemin entre Mansehra et Balakot, qui accueille 6 000 personnes. « Nous avons besoin d'au moins quatre à cinq camps supplémentaires pour tous ces sans-abri. »

Javid Ahmad et sa famille de sept personnes sont arrivés au camp de Jaba lundi avec rien d'autre que les vêtements qu'ils portaient. « Nous avons marché pendant trois jours depuis la vallée. Cinquante autres familles ont aussi quitté notre village », dit-il.

Sadiq Shah est aussi un nouvel arrivant. Après avoir perdu son épouse et une fille de deux ans dans le tremblement de terre, il a été héliporté ainsi que ses quatre autres enfants vers Balakot depuis le village de Paras dans la vallée de Kaghan. « Il y a plus de 300 familles dans mon village. Maintenant que la route est dégagée, elles seront là d'ici un jour ou deux », indique Sadiq Shah.

Prévoyant un possible afflux majeur, l'UNHCR a immédiatement transféré 200 tentes supplémentaires, des bâches de plastique et des jerrycans vers le camp de Jaba. Un total de 400 tentes fournies par l'UNHCR et le Secours Islamique a déjà été installé par l'armée pakistanaise et une nouvelle parcelle de terrain a été dégagée sur les hauteurs afin d'y installer d'autres tentes. L'armée a mobilisé 120 soldats pour accélérer la construction de camps et a également engagé ses habitants pour réaliser des travaux de menuiserie et de construction.

L'UNICEF a fourni des réservoirs pleins d'eau et espère être capable de les acheminer dans les prochains jours. Oxfam construit des latrines, tandis que Médecins du Monde apporte une aide médicale. L'Organisation du Secours Islamique international se charge de préparer trois plats chauds par jour et a construit un four tandoor pour l'approvisionnement en pain du petit déjeuner. L'administrateur de l'UNHCR chargé de la planification des sites identifie également des zones potentielles pour construire des écoles et des aires de jeux pour les enfants des camps.

Si nécessaire, le camp de Bassian à Balakot, qui accueille déjà plus de 2 800 personnes, pourrait être étendu pour accueillir une centaine d'autres familles. L'UNHCR a également identifié trois nouveaux sites qui pourraient abriter des camps si davantage de sans-abri arrivaient de la vallée de Kaghan.

Trente camions de l'UNHCR transportant du matériel de secours s'acheminent vers cette zone pour augmenter l'approvisionnement sur place. L'agence gère actuellement 18 camps organisés avec une capacité d'accueil de près de 32 300 personnes dans les régions de Balakot, de Batagram et de Muzaffarabad. L'agence travaille également avec les partenaires sur le terrain pour atteindre les centaines de camps de fortune dispersés à travers les régions affectées.

Alors que l'hiver et la survie sont la priorité de tous, l'espoir de rentrer n'est jamais bien loin. « Je vais rester pour l'hiver », dit Javid Ahmad, nouvel arrivant au camp de Jaba. « J'avais une grande maison au village. Si je peux être aidé avec des matériaux de construction, je pourrai la restaurer et y retourner au printemps, inch'Allah. »

A Genève, Jennifer Pagonis, porte-parole de l'UNHCR, a indiqué que la première phase du pont aérien de l'OTAN transportant 860 tonnes de matériel d'aide de l'UNHCR depuis les entrepôts de l'agence en Turquie s'est achevée lundi.

En tout, a-t-elle dit, durant cette première phase entamée le 19 octobre, un total de 68 rotations a été réalisé par les sept pays membres de l'OTAN participants (Turquie, France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Danemark, Italie, Grèce). L'OTAN et l'UNHCR se sont accordés pour lancer la seconde phase du pont aérien, qui a commencé immédiatement lundi soir à la fin de la première phase et qui devrait transférer 800 tonnes supplémentaires de matériel d'urgence des entrepôts de l'UNHCR en Turquie, en Jordanie et au Danemark.

« Dans cette seconde phase, nous allons fournir 320 000 couvertures, 30 000 matelas, 1 000 tentes pouvant accueillir des familles entières et d'autres matériels », a indiqué J. Pagonis. « Quelques 300 tonnes d'articles lors de cette seconde phase proviendront de nos stocks en Turquie et le gouvernement a généreusement mis à disposition des camions et du personnel pour les transporter depuis nos entrepôts à Iskenderun vers Incirlik (base aérienne). »

Depuis le séisme du 8 octobre dernier, l'UNHCR a fourni plus de 2 000 tonnes de matériels de secours au Pakistan depuis ses entrepôts à travers le monde. En plus du pont aérien de l'OTAN, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fourni 14 rotations aériennes de matériels depuis ses entrepôts du Danemark, de Dubaï et de la Jordanie, ainsi que des convois de matériel depuis ses entrepôts d'Afghanistan et de l'Iran. J. Pagonis a également indiqué que l'agence prévoyait de fournir 40 000 couvertures depuis l'Inde.

Jennifer Pagonis a souligné l'importance des besoins et la grande insuffisance des ressources. Selon le gouvernement pakistanais, il y a encore besoin de plus de 241 000 tentes et de 3,8 millions de couvertures.

« Sur ce nombre important, l'UNHCR va fournir un demi-million de couvertures et plus de 20 000 tentes familiales depuis ses stocks dans le monde », a rajouté J. Pagonis. « Nous continuons de rechercher du matériel supplémentaire, mais notre travail est toujours entravé par un manque de fonds. »

Lundi, la Norvège a annoncé une donation à l'UNHCR d'un million de dollars, amenant le montant total d'aide des opérations de l'agence pour le séisme à 6,7 millions de dollars. Toutefois, les besoins immédiats de l'UNHCR se chiffrent à 18 millions de dollars, pour couvrir les frais seulement jusqu'à fin novembre.

« Ce montant nous aiderait à atteindre l'objectif de 30 camps pour accueillir 150 000 personnes », a indiqué J. Pagonis. Le nouvel afflux dans la vallée de Kaghan a simplement souligné l'urgence de la situation, avec des douzaines de villages isolés n'ayant encore reçu aucune assistance et le manque de matériel pour en atteindre beaucoup d'autres.

Par Vivian Tan, au camp de Jaba, au nord du Pakistan