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Une mission étrangère fait renaître l'espoir au Tchad

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Une mission étrangère fait renaître l'espoir au Tchad

Des dizaines de milliers de déracinés ont accueilli chaleureusement le projet de création d'une mission multidisciplinaire mandatée par les Nations Unies pour l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine. Beaucoup craignent cependant qu'elle n'arrive trop tard pour empêcher de nouvelles attaques contre les réfugiés et les déplacés internes.
11 Octobre 2007 Egalement disponible ici :
Une réfugiée soudanaise avec sa fille à Djabal, dans l'est du Tchad. Les réfugiés sont préoccupés par les conditions sécuritaires.

CAMP DE FARCHANA, Tchad, 11 octobre (UNHCR) - Des dizaines de milliers de déracinés ont accueilli chaleureusement le projet de création d'une mission multidisciplinaire mandatée par les Nations Unies pour protéger les civils et faciliter l'aide humanitaire dans certaines régions instables du Tchad et de la République centrafricaine. Beaucoup craignent cependant qu'elle n'arrive trop tard pour empêcher de nouvelles attaques contre les réfugiés et les déplacés internes.

« Nous écoutons tous à la radio les discours de Ban Ki-moon [le Secrétaire général des Nations Unies] », a expliqué Ibrahim Abdelkarim*, un réfugié originaire de la région voisine du Darfour, qui vit dans ce camp situé à tout juste 50 kilomètres de la frontière avec le Soudan, dans l'est du Tchad.

La mission pour la paix prévoit d'inclure des troupes de l'Union européenne [UE]. Ibrahim Abdelkarim évoque combien les réfugiés sont impatients d'apprendre qu'elles sont en route vers l'est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine.

« Toute la protection dont nous bénéficions est due au travail de l'UNHCR et de ses partenaires qui opèrent dans le camp. Si les rebelles [tchadiens] prennent [la ville frontière d']Adré et forcent les travailleurs humanitaires à quitter la région, je ne sais pas ce qu'il adviendra de nous », a-t-il dit, ajoutant : « J'espère que la force des Nations Unies et de l'Union européenne au Tchad fera son possible pour que cela n'arrive pas. »

Ibrahim Abdelkarim a indiqué que les gens se sentaient généralement en sécurité à l'intérieur du camp, mais qu'ils couraient des risques dès qu'ils en sortent pour collecter du bois pour la cuisine ou pour aller au marché local. Parmi les dangers encourus, il cite les menaces, des vols avec violence et même des viols.

A quelques centaines de kilomètres au sud de Farchana, dans la ville de Goz Beida et ses alentours, le paysage est luxuriant et verdoyant en cette fin de saison des pluies ; les marchés montrent les signes d'une moisson abondante.

Mais le sentiment d'anxiété né de l'attente était palpable lors d'une visite effectuée en début de semaine dans cette région. « Nous avons entendu parler de cette force européenne et les gens en discutent beaucoup. Mais elle n'est pas encore arrivée, alors rien n'a changé », a expliqué Ousman Adam Issa*, un déplacé interne du site de Gassire, près de Goz Beida.

« Nous attendons de voir ce qu'ils peuvent faire pour nous protéger. Avant cela, il est impensable que nous rentrions chez nous. Je veux rentrer dans mon village, mais cela n'arrivera pas avant que la sécurité ne revienne, durant deux ou trois ans », a-t-il ajouté.

De nombreux travailleurs humanitaires à Goz Beida s'inquiètent au sujet de la reprise du conflit. Ils croient qu'il y a davantage d'armes en circulation par rapport à l'année dernière, quand les attaques de villages et les déplacements avaient augmenté. Ils ont dit que d'autres groupes, distincts des milices arabes, semblent être mieux armés et préparés qu'auparavant.

Un travailleur humanitaire a déclaré que la question la plus importante, avec le début prochain de la saison sèche, serait de savoir si les rebelles tchadiens allaient accélérer ou non leurs efforts pour faire tomber le gouvernement central avant l'arrivée de la mission des Nations Unies et de l'Union européenne pour le rétablissement de la paix, qui sera connue sous son acronyme français, MINURCAT. « C'est ce type de conflit militaire qui créée le plus grand risque de nouveaux déplacements », a-t-il dit.

Un schéma clair de violence est apparu dans la zone et suit le changement des saisons. La période « basse » durant les mois de pluies entre mai et octobre a été marquée par quelques incidents de violences interethniques et de confrontation militaire.

Le reste de l'année est caractérisé par une saison plus sèche. Les transports sur le terrain deviennent plus faciles pour les organisations humanitaires ainsi que pour les divers groupes armés. Durant cette période « haute », les conflits armés et l'augmentation de la criminalité ont conduit, depuis fin 2005, au déplacement interne de 180 000 Tchadiens.

Les déplacés sont inquiets. Ils sont traumatisés par les attaques subies dans leurs villages et les fuites en pleine nuit. Pour nombre d'entre eux présents dans la zone de Goz Beida approche le premier anniversaire des attaques qui les ont forcés à quitter leurs maisons vers des sites qui sont maintenant devenus leur foyer.

En plus des 180 000 déplacés internes dans le sud-est, on compte quelque 240 000 réfugiés soudanais originaires du Darfour vivant dans 12 camps de réfugiés, gérés par l'UNHCR dans l'est du Tchad. Par ailleurs, quelque 45 000 réfugiés centrafricains vivent dans quatre camps dans le sud du Tchad.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a aussi autorisé le déploiement d'une force conjointe Nations Unies - Union africaine comptant 26 000 hommes pour contenir la violence au Darfour, qui a eu des retombées sur toute la région.

* Noms fictifs par mesure de protection

Par Bryn Boyce au camp de Farchana, Tchad