Une ferme accueille des réfugiés dans la campagne britannique
Une ferme accueille des réfugiés dans la campagne britannique
Noah, un réfugié soudanais de 27 ans, admet que lorsqu’il est arrivé pour la première fois à The Grange il n’était pas certain de ce qui l’y attendait. Mais après avoir rencontré le gérant de la ferme, une amitié est née instantanément entre eux et continue de les unir deux ans plus tard.
The Grange est une ferme et un site de permaculture datant des années 1750, qui abrite des poneys, des cochons d’Inde et des moutons. L’endroit se trouve au milieu de quatre hectares d’un paysage luxuriant et tranquille dans le Norfolk rural à l’est de l’Angleterre. Il y a six ans, les résidents Ben et Sophie ont décidé d’ouvrir la ferme aux réfugiés et aux demandeurs d’asile du Royaume-Uni. Et ils disent ne jamais avoir regretté cette décision.
Les réfugiés qui leur rendent visite chaque semaine peuvent acquérir des compétences comme la peinture, le tissage, la céramique, la cuisine et l’agriculture.
« Nous n’avons pas d’aspirations particulières pour qui que ce soit », explique Ben. « Mais nous découvrons normalement que les gens ont des compétences à partager et qu’ils n’ont généralement pas de moyen de les exprimer ».
« Ils réalisent qu’un demandeur d’asile n’est pas une statistique, mais une vraie personne. »
Noah, qui étudiait la médecine au Soudan avant d’être forcé de fuir, a entendu parler de The Grange par une autre organisation appelée New Routes, qui organise un transport hebdomadaire vers la ferme. À cette époque, il était demandeur d’asile, il venait d’arriver et n’avait aucun lien au sein de la communauté.
« Avant de venir ici, je restais chez moi », explique Noah. « J’avais l’impression d’être en prison et je ne pouvais pratiquer mon anglais avec personne ».
« La première fois que Noah est venu ici, il était accompagné de deux autres Soudanais », dit Ben. « Ils étaient très calmes, concentrés sur leur téléphone, comme enfouis dans leur propre petit monde. Un jour, il a demandé s’il pouvait construire un four, et nous avons dit, « bien sûr, allez-y », parce que nous laissons autant que possible la porte ouvertes aux possibilités. Il a construit un four absolument superbe et a fait du pain pour tout le monde, nous avons alors réalisé qu’il était cuisinier. Un cuisinier exceptionnel ».
Lorsque Noah est arrivé au Royaume-Uni, il a été détenu pendant 72 heures avant d’être transféré vers un centre d’accueil, où il a vécu pendant un mois avant de partir pour Norwich.
Mais tous ceux qui viennent au Royaume-Uni ne sont pas détenus pendant une brève période comme Noah. Il n’y a actuellement aucune limite au temps que le gouvernement britannique peut détenir les demandeurs d’asile et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) insiste fortement sur la nécessité d’exploiter plus d’alternatives à la détention.
En 2016, plus de 38 000 personnes ont demandé asile au Royaume-Uni, selon le ministère de l’Intérieur britannique, et 13 200 demandeurs d’asile étaient détenus dans des centres de détention d’immigration. À la fin du mois de mars 2017, plus de 3 200 d’entre eux étaient détenus en vertu des règles sur l’immigration.
À présent, Noah a obtenu un permis de séjour, ce qui lui permet de travailler et d’étudier au Royaume-Uni avec la possibilité d’introduire une demande de citoyenneté après quelques années.
Désireux d’acquérir de nouvelles compétences qui lui permettront de s’intégrer pleinement dans la société britannique et d’apporter à son tour sa contribution à la communauté, Noah étudie actuellement l’anglais, la chimie et la biologie afin de pouvoir retourner à l’université et d’y faire des études de médecine. Pendant son temps libre, il joue avec un groupe de théâtre local et attend impatiemment le lundi pour pouvoir s’inscrire pour le service d’autobus qui les emmène, lui et d’autres, à The Grange plus tard dans la semaine.
Ben explique que la communauté locale a été d’un grand soutien pour l’initiative de la ferme.
« Des personnes nous font des dons, donnent de leur temps, font du bénévolat et beaucoup de personnes qui auraient pu avoir été méfiants à l’égard des demandeurs d’asile en raison de ce qu’elles avaient lu dans les médias. Ces personnes réalisent qu’un demandeur d’asile n’est pas une statistique, c’est une vraie personne qui a subi un traumatisme et a beaucoup à offrir ».
« Le fait qu’ils viennent ici et partagent leur cuisine et leurs plats du monde entier a été un élément fantastique pour le village », conclut Ben. « Nous nous sentons privilégiés qu’ils nous acceptent ».