Un cliché change la vie d'une jeune Syrienne victime de brûlures
Un cliché change la vie d'une jeune Syrienne victime de brûlures
LE CAIRE, Egypte, 23 février (HCR) - Présentée dans une exposition, une photo a contribué à changer la vie de Judy El Khatib, une jeune Syrienne de 9 ans incapable de bouger son bras droit après avoir été gravement brûlée il y a quatre ans.
La jeune réfugiée a subi cette blessure paralysante à Damas peu après l'éclatement de la crise syrienne en mars 2011. Elle jouait dans la cuisine lorsqu'une explosion a ébranlé la maison familiale et renversé une casserole d'eau bouillante sur tout son bras.
La situation sécuritaire se dégradant en Syrie, la famille a trouvé refuge en Egypte. Judy espérait pouvoir obtenir de l'aide et la famille a contacté le HCR, lequel dispose d'un budget limité pour aider les personnes nécessitant des soins médicaux.
Mais le HCR ne pouvait pas faire grand-chose, les blessures sur le bras balafré de Judy étant considérées comme d'ordre « esthétique » et les financements nécessaires étant réservés pour des cas plus urgents. La jeune fille craignait d'avoir à vivre avec ce handicap pour le restant de sa vie.
Puis un coup du destin s'est produit en décembre dernier. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a organisé, au Caire, une exposition de photos sur les réfugiés en Egypte, illustrant notamment leur vie quotidienne et leurs défis. Parmi les clichés de cette exposition intitulée « Voix de réfugiés en Egypte : refuge, résilience et exil » figurait une photo de Judy accompagnée d'une légende racontant son histoire poignante et son combat pour obtenir les soins médicaux que sa famille ne pouvait pas lui payer.
Une visiteuse influente de la galerie en a été très émue et a fait part de sa volonté d'aider au HCR. Elle a contacté Amr Mabrouk, un chirurgien esthétique très respecté de l'Université Ain Shams du Caire, qui a accepté de soigner Judy gratuitement.
« Nous étions extrêmement heureux, reconnaissants, surpris, pleins d'espoir, anxieux - et inquiets », se souvient sa mère, Ola. Après avoir ausculté Judy mi-décembre, le Dr Mabrouk a dit à ses parents qu'elle devait être opérée le plus vite possible.
Pendant la dernière semaine de décembre, elle a été accueillie à l'hôpital El Demerdash où le médecin a effectué une opération permettant à Judy de bouger son bras droit sans que la peau ne se contracte. L'hôpital a également offert ses services gratuitement.
Les points de suture ont été retirés début janvier et le Dr Mabrouk était satisfait des résultats. « Judy peut bouger librement son bras maintenant ; l'opération a réussi », a-t-il déclaré. « Nous sommes très heureux », a ajouté Ola.
Hany Fares, employé du HCR dans le secteur médical, a remercié toutes les personnes ayant contribué à aider Judy à retrouver sa mobilité, tout en précisant qu'elle aurait besoin d'une nouvelle opération et de temps pour se remettre du traumatisme. « Subir une brûlure est une expérience traumatisante qui a un effet profond sur le développement d'un enfant » a-t-il expliqué, en ajoutant que « la chirurgie réparatrice aide au processus de guérison ».
L'exposition de photos comprenant le cliché de Judy pris par Scott Nelson a été présentée dans des galeries au Caire et à Alexandrie. Quelque 190 000 réfugiés sont actuellement enregistrés auprès du HCR en Egypte, dont 136 000 originaires de Syrie. Ils vivent essentiellement en milieu urbain, notamment dans le Grand Caire, à Alexandrie et Damiette.
Par Nahla Samaha et Nawar Rifaah au Caire, en Egypte