Un chef ghanéen ouvre les portes de son palais aux réfugiés togolais
Un chef ghanéen ouvre les portes de son palais aux réfugiés togolais
ACCRA, Ghana, 12 mai (UNHCR) - Le chef d'une tribu du sud-est du Ghana a ouvert les portes de son palais aux personnes récemment arrivées du Togo et a appelé la population à faire preuve de la même hospitalité envers le grand nombre de réfugiés togolais présents dans la région.
Le chef Togbe Tu Agbalekpor III de Hevi et son régent, Tu-Kofi Agbalekpor, ont convoqué une assemblée dimanche pour annoncer officiellement l'arrivée de réfugiés togolais et pour appeler la population à les accueillir dans leurs foyers. Les villageois ont répondu spontanément en offrant des chambres et des terrains à cultiver pour ceux qui le désirent. A partir de ce soir-là, les femmes du village se sont rassemblées pour préparer d'énormes plats de farine de manioc et de bouillon pour plus de 100 réfugiés.
« Les gens de Hevi sont des anges », a souligné Veronica Edzozi, 29 ans, qui a fui au Ghana avec sa soeur, son mari et sa fille en bas âge. « Vous ne pouvez pas le comprendre tant que vous n'avez pas fait l'expérience de leur amour. C'est incroyable. »
Veronica a déclaré que son mari, Bernard, avait été battu dans un bureau de vote lors des élections togolaises, fin avril. La famille s'est cachée pendant quatre jours avant de pouvoir s'enfuir vers la frontière entre le Togo et le Ghana. Avant d'atteindre le Ghana, Ils ont passé plus d'une heure à courir, à marcher et à regarder anxieusement s'ils n'étaient pas suivis.
« La paix n'est toujours pas revenue à Bé », s'est lamenté Bernard en parlant de son quartier de la capitale togolaise, Lomé. « Un de mes amis est arrivé hier. Il a confirmé que, la nuit, des camions emmènent de force de jeunes hommes de Bé. Je n'y retournerai pas tant que la situation ne s'y sera pas arrangée. »
Hevi, situé à environ 20 kilomètres de la ville frontalière d'Aflao, possède une longue histoire d'accueil de réfugiés et de migrants togolais. Selon le régent, de tous temps, les Togolais se sont réfugiés chez eux et ont vécu en parfaite entente avec les villageois.
« Je suis un père et un grand-père », a déclaré le régent, qui a 92 ans. « Ils sont tous mes enfants. Nous les accueillons à bras ouverts. Après tout, maintenant, ils sont sans défense. Quelqu'un doit leur ouvrir ses portes. Chacun d'entre nous doit soutenir ses frères. »
Un village tout proche, Penyi, accueille également des réfugiés, y compris certaines personnes vulnérables. Akosua Ewudzi, 78 ans, se déplace difficilement, en s'appuyant sur une canne. Elle est complètement traumatisée par son expérience à Lomé.
« Je viens de Kodzoviakope. Je rendais visite à mon frère à Bé », a-t-elle raconté. « Lorsque je suis descendue du camion en face de sa maison, j'ai été horrifiée de voir des gens en train de la piller et de la détruire. Je suis tombée. Une bonne âme m'a aidée à me rendre sur la plage, où elle m'a embarquée à bord d'un véhicule en partance pour la région frontalière. Parvenus à distance suffisante du danger, nous avons ensuite marché jusqu'au Ghana. Je suis venue sans vêtement de rechange et je ne sais même pas ce qu'est devenue ma famille. Je ne connais personne ici. Regardez-moi : comment pourrais-je retourner les chercher, je peux à peine marcher. »
Le gouvernement ghanéen, soutenu par l'UNHCR et d'autres agences humanitaires, a décidé d'aider les réfugiés comme Akosua Ewudzi. Ils vivent à présent dans un bâtiment de Penyi auparavant vide. L'UNHCR leur a fourni des produits de première nécessité, tels que des couvertures, des moustiquaires, des jerricans, des matelas, des fours et des ustensiles de cuisine. Le Programme alimentaire mondial fournit de la nourriture et le Fond des Nations Unies pour l'enfance distribue des produits d'hygiène.
Le nombre de réfugiés togolais au Ghana depuis le 26 avril dépasse à présent les 10 800. La plupart d'entre eux ont des liens avec la communauté locale et vivent donc chez des parents ou des amis. Beaucoup rentrent à Lomé pendant la journée pour travailler et traversent la frontière vers le Ghana pour la nuit car ils s'y sentent plus en sécurité.
Les nouvelles arrivées ont pratiquement cessé et quelques personnes ont commencé à retourner au Togo ces derniers jours.
Par Needa Jehu-Hoyah, UNHCR au Ghana